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Cheick Oumar Diallo : « Les partis politiques ne disparaitront pas »

Vie du Mouvement, son regard sur la conduite actuelle de la Transition et la crainte d’une éventuelle future dissolution des…

Vie du Mouvement, son regard sur la conduite actuelle de la Transition et la crainte d’une éventuelle future dissolution des partis politiques, dans cet entretien, le Président du Mouvement Nouvel Horizon Faso Jo Sira (MNH), Cheick Oumar Diallo, répond sans détour à nos questions. Propos recueillis par Mohamed Kenouvi

Vous avez créé le MNH en août 2021. Quel bilan faites-vous du parcours, 4 ans après ?

Depuis sa création le MNH se porte bien. Au début  nous avons d’abord pris l’option d’essayer de nous implanter un peu partout sur le territoire national. Mais à l’occasion de notre Assemblée générale de 2023, nous avons décidé de changer de formule et de nous concentrer sur le district de Bamako, d’y asseoir une base suffisante pour que progressivement nous puissions ensuite nous intéresser au reste du pays. Au vu de la situation sécuritaire, il parait assez invraisemblable de croire qu’on puisse s’installer partout sur le territoire national.

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Vous êtes un ancien membre de l’ADP-Maliba. Pourquoi avez-vous opté pour la création d’un mouvement plutôt que d’un parti politique ?

Nous avons préféré l’option de Mouvement parce que pour nous, elle cadre mieux avec la réalité de l’engagement. Nous estimons qu’il faut aller par étapes. La création d’un parti politique suppose des prérequis qui ne s’improvisent pas. C’est d’ailleurs l’un des problèmes que nous avons eu dans le milieu socio-politique malien : la précipitation à vouloir absolument constituer un parti au point qu’aujourd’hui on en dénombre plus de 300. Nous estimons qu’aujourd’hui, à la place d’un parti politique, il faut commencer par asseoir un mouvement de pensée qui puisse rassembler les gens autour d’idées d’abord et pour qu’ensuite, si ces idées méritent d’être portées au plan électoral, que l’on puisse migrer vers un  parti politique. Nous ne sommes pas pressés. Nous avons tout le temps devant nous et nous estimons que le plus important est d’asseoir une base idéologique forte qui soit à la hauteur de nos attentes en tant que citoyens qui voulons changer notre pays.

Quel regard portez-vous sur la conduite de la Transition ces derniers mois ?

La Transition évolue dans un contexte national, régional et international qui sont uniques. Nous avons aujourd’hui un monde en plein bouleversement sur le plan géopolitique. Nous avons au plan régional, une recomposition géostratégique et au plan national des conséquences de plusieurs décennies de gestion qui ont mis à terre la plupart des secteurs de notre pays. Je trouve qu’aujourd’hui, dans ce contexte, la Transition ne s’en sort pas aussi mal qu’on pourrait le penser. Je crois qu’il y a un certain nombre d’aspects sur lesquels l’Etat  est entrain de reprendre la main , notamment les outils de défense, de la diplomatie  et des réformes majeurs. Globalement pour moi, c’est un bilan positif qui mérite d’être encouragé.

En 2021, vous aviez émis des doutes  sur la capacité de Choguel Maiga alors Premier ministre, à remplir sa mission. Depuis la nomination du Général Abdoulaye Maiga, qu’est-ce qui a changé selon vous ?

Je ne veux pas réduire le débat à une question de personnes.  Je constate qu’il y a une poursuite des objectifs essentiels de l’Etat du Mali. C’est sur cela que je me concentre. La question de défense continue à connaitre une avancée notable notamment en matière d’équipements militaires. Sur le plan diplomatique nous voyons comment la coordination des Etats de l’AES est de plus en plus forte. Nous voyons également comment notre pays continue à développer ses relations avec beaucoup d’autres pays sur le plan international. Depuis quelques mois aussi, des efforts sont déployés sur le plan énergétique. Des décisions courageuses et fortes ont été prises. Elles peuvent ne pas être populaires mais sont les seuls moyens de pouvoir avancer dans la résolution de différends problèmes. Je crois que les gouvernements qui se sont succédé ont, chacun à leur niveau, tenté de remplir une partie de la mission et ce que nous souhaitons aujourd’hui est que le Premier ministre Abdoulaye Maige puisse lui aussi faire sa part et faire progresser la Transition vers  l’objectif d’un retour à la 4ème République dans les délais les plus rapides.

Depuis quelques jours des craintes d’une éventuelle dissolution des partis politiques émergent dans l’opinion nationale. Partagez-vous cela ?

Je pense que cette crainte relève du climat général qu’il y a entre les citoyens et les acteurs politiques et qui fait qu’aujourd’hui il y a une très forte désaffection de la chose politique. Il y a  un manque de confiance entre le citoyen et les acteurs politiques. C’est regrettable mais c’est le résultat d’une méthode politique qui a été employée pendant beaucoup trop d’années et qui n’a pas su vraiment convaincre le Malien de la pertinence de la chose politique dans la vie de la nation. Aujourd’hui, moi je ne m’inquiète pas à ce sujet et je ne pense pas non plus qu’il faut avoir peur de  cette question. Pour moi la dissolution éventuelle des partis politiques, si elle devait arriver, ne signifierait pas la fin du multipartisme. Cela voudrait tout simplement dire que les choses vont reprendre à zéro et qu’à partir de là peut-être que nous pourrons d’ailleurs reconstruire un monde politique répondant d’avantage aux aspirations des Maliens et leur redonner de l’espoir. Les partis politiques ne disparaitront pas parce que la Constitution de juillet 2023 consacre la liberté d’association et le multipartisme.