Cheick Ahmed Théra : « Notre combat, c’est le Mali »

Avec pour devise « Rassembler pour travailler », le parti Mouvement Jeka Baara (MJB), créé en août 2023, revendique une…

Avec pour devise « Rassembler pour travailler », le parti Mouvement Jeka Baara (MJB), créé en août 2023, revendique une implantation progressive dans plusieurs cercles du Mali. Son président, Cheick Ahmed Théra, annonce des activités à Mopti et Gao après le Ramadan.

Qu’est-ce que le parti Mouvement Jeka Baara ? 

Jeka Baara était d’abord un mouvement politique que nous avons créé à Ségou. L’objectif était d’accompagner la transition. Quand les jeunes militaires sont venus au pouvoir et quand nous avons écouté attentivement les différents discours du président de la transition, nous avons compris que ce dernier porte le Mali dans son cœur. Nous nous sommes donc dits qu’il faut l’aider. Nous avons aussi compris qu’il compte sur la jeunesse. C’est pourquoi nous avons essayé de mettre en place cette association pour aider le président de la Transition. A l’occasion du Référendum de 2023, nous avons compris que le terrain était vide et qu’il fallait doubler les efforts de soutien à la Transition. Nous nous sommes mobilisés pour la victoire du Oui. C’est après ce référendum, que nous avons rassemblé à Ségou tous nos coordinateurs des 37 cercles à travers le Mali à l’époque et avons eu l’idée de transformer le mouvement en parti politique. Pour nous, personne ne viendra construire le Mali à notre place. Notre combat c’est vraiment le Mali. Personnellement, à travers ma carrière professionnelle, je sais que le plus grand problème de ce pays, c’est le chômage des jeunes. Nous avons à peu près 8 millions de bras valides dont 5 millions de jeunes. Pour moi cela représente un bon potentiel. Nous avons également des ressources naturelles. C’est pourquoi au parti MJB nous avons choisi de faire la politique sous l’angle de l’économie. Nous croyons fermement que si le Mali arrive à donner de l’emploi à tous les jeunes, il n’y aura même pas cette guerre nous menons actuellement contre le terrorisme parce que les extrémistes auront du mal à recruter des jeunes dans leurs rangs.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Aujourd’hui, en une année et demi d’existence, quelle est la représentativité du MJB au niveau national ?

C’est passionnant et en même temps étonnant. Aujourd’hui le parti est dans tous les cercles du Mali et beaucoup adhèrent à ce parti sans forcément prendre contact avec la direction et développent des initiatives personnelles pour l’épanouissement du parti dans leur lieu de résidence. Actuellement nous faisons des rentrées politiques à travers les différentes régions. Nous l’avons déjà fait à Bamako, à Ségou, à Kayes, et à Sikasso. Nous allons poursuivre après le mois de Ramadan avec la région de Gao puis Mopti. Il faut dire aussi que nous avons une équipe d’implantation très dynamique, qui fait beaucoup de sorties. Elle était déjà dans tous les cercles du sud du pays. Au-delà de tout cela, nous avons également avec nous des politiques très expérimentés qui sont du Nord et qui y ont beaucoup travaillé pour notre présence là-bas.

Le parti est né sous la Transition, dans un contexte où les partis politiques sont au plus bas dans l’opinion nationale. Comment comptez-vous vous démarquer des partis traditionnels et classiques que le Mali connait jusque-là ?

D’abord, notre finalité, notre vocation et nos objectifs sont très différents. Jeka Baara, est un parti travailliste. Personnellement, au Mali je ne connais pas un seul parti travailliste. Nous sommes également un parti du Mali Kura. Vous savez, à chaque étape de la vie d’une nation où il y a des grands changements, il faut un changement politique. En 1992, les partis qui ont vu le jour, avaient tous cette connotation « démocratie ». Et c’est grâce à eux que nous avons la démocratie aujourd’hui et ce sont eux qui ont dirigé les affaires pendant plusieurs années parce que c’était la volonté populaire à cette époque. Mais aujourd’hui, c’est difficile pour un parti qui se bat pour la démocratie d’avoir sa place dans le Mali Kura. Le Mali Kura a des objectifs et il faut un parti qui réponde à ses objectifs : le développement, l’économie, le nouveau type de malien et d’autres valeurs. Il faut un parti qui incarne ces valeurs. Les acteurs de 1992 ont fait ce qu’ils pouvaient faire. Pour moi, leur objectif est atteint : la démocratie est là.

Quelles sont vos perspectives en lien avec les élections à venir ?

Nous allons participer aux élections parce que comme tout parti politique, nous sommes créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Notre parti est prêt à choisir tout Malien qui peut mettre le Mali au travail pour porter nos couleurs aux élections, que ce soit la présidentielle, les législatives ou les communales.

La relecture de la Charte des partis politiques est en cours. Quelles sont vos principales propositions ?

Nous avons une préoccupation principale. En 1991, Moussa Traoré a été combattu à cause du parti unique. On ne peut pas combattre pour le multipartisme et une trentaine d’années plus tard penser que les partis politiques sont débordés et qu’il faut diminuer leur nombre. Il y a une contradiction avec laquelle nous ne sommes pas d’accord. Pour nous, un parti a des critères et il faudra éliminer ceux qui ne les respectent pas. Mais on ne doit pas interdire aux Maliens de créer de nouveaux partis. Le monde change et de nouvelles générations vont venir avec de nouvelles perspectives. On ne doit pas les freiner. Quant au financement des partis politiques, nous pensons qu’on ne doit rien donner aux partis politiques pendant cette transition. Les ressources du pays sont actuellement limitées.

Le MJB soutient les nouvelles taxes controversées du gouvernement de transition. Quel est votre message à l’endroit des Maliens qui s’y opposent ?

Aucun sacrifice n’est de trop pour ce pays. Quand on parle de gouvernement, il faut des ressources financières. C’est par les taxes que l’Etat rassemble ces ressources. Aujourd’hui si le gouvernement se tourne vers nous, je pense que nous devons être fiers de donner pour contribuer au développement de notre pays. Nous demandons à tous les Maliens d’investir sur le Mali. Les pays développés ont plus de taxes que nous et ils arrivent à gérer. Si nous voulons atteindre leur niveau, nous sommes obligés de payer des taxes. Pour moi, le gouvernement n’a volé personne, il nous demande un accompagnement. Payer ces taxes, c’est participer au développement du Mali.

Un message à l’endroit des Maliens ?

Je demande aux Maliens de se mettre ensemble. A Jeka Baara, notre vocation c’est mettre les maliens ensembles pour travailler. Il faut que nous nous acceptions parce que c’est quand on est ensemble que nous pouvons éviter beaucoup de conflits. Quoi qu’il arrive , nous sommes tous des fils et filles de ce pays. Nous devons mettre le Mali au-dessus de tout.

Propos recueillis par Mohamed Kenouvi