Kidira Oil Terminal : un projet important pour les acteurs maliens et sénégalais

Avec un chiffre d’affaires annuel de 253 milliards de FCFA, les échanges entre le Mali et le Sénégal sont d’une importance stratégique pour les deux pays. 66% de la consommation de produits pétroliers maliens et 80% des exportations du Mali passent par Dakar. Des chiffres qui témoignent de l’importance de ces liens et justifient la rencontre initiée par les acteurs sénégalais du pétrole et leurs homologues du Mali. Ils sont venus présenter le projet Kidira Oil Terminal (KOT), qui s’inscrit dans le cadre de la diversification des sites de stockage pétroliers et se veut un projet impliquant des avantages mutuels pour les deux pays.

Kidira Terminal Oil (K O T), est « un projet important dans le cadre des relations naturelles et fraternelles que le Sénégal doit entretenir avec le Mali », s’est exprimé M. Ameyrou Gningue, Président du conseil d’administration de La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN).

Suite aux découvertes importantes de pétrole et de gaz, dont la première tonne de gaz devrait sortir en octobre 2023 et le premier baril avant la fin de 2023. Il est donc important que dans ce cadre, les infrastructures qui accompagnent cette période soient mises en place.

La société de pétrole du Sénégal (PETROSEN) qui est l’instrument de la politique pétrolière du Sénégal a ainsi effectué sa mutation.  Elle compte à présent deux entités dont l’une s’occupe du training et services et l’autre de l’exploration et de la production.

« Nous avons trouvé un projet global de diversification des sites de stockage de pétrole. Au-delà des sites de Dakar, de Ziguinchor, Bargny,…, il est apparu nécessaire de réaliser un site à Kidira, à la frontière avec le Mali », précise le PCA.

Réalisé avec des partenaires spécialisés en logistique, ce projet ne peut être réalisé sans la participation du Mali, pour discuter ensemble du projet, insiste le responsable de PETROSEN. Les deux pays doivent donc cheminer ensemble pour sa réalisation.

Il y a des stocks, appelés stocks de sécurité, indispensables pour corriger les dysfonctionnements dans l’approvisionnement. Le site peut impacter ce stock de sécurité au Sénégal et au Mali, ne serait-ce que de ce point de vue, le projet devient stratégique pour les deux pays.

Le KOT, intermédiaire entre Bamako et Dakar, doit être un projet commun entre les opérateurs maliens et sénégalais et les autorités des deux pays, afin d’être bénéfique pour les deux. C’est en tout cas, l’esprit du projet qui se veut gagnant-gagnant pour les deux parties.

Avec le projet, il y a déjà une économie de plusieurs kilomètres sur la distance Bamako/ Dakar.

Un tour de table sera fait avec les personnes intéressées et certaines le sont déjà, assure le Directeur Général de PETROLOG, la société qui porte le projet avec ses partenaires. Des rencontres B to B seront organisées et les opérateurs maliens seront invités à Dakar. Des rencontres sont envisagées à la fin du mois de Ramadan.

Justice : Mahamadou Camara remis en liberté sous caution

L’ancien ministre de l’Économie Numérique, de l’Information et de la Communication, M. Mahamadou Camara, inculpé depuis le 23 septembre 2021 dans l’affaire dite des contrats d’équipements militaires est remis en liberté sous caution, informe le Procureur général de la Cour Suprême du Mali dans un communiqué en date de ce jeudi  16 mars 2023.

 « Monsieur Mahamadou Camara bénéficie de la mise en liberté, pour avoir acquitté l’intégralité des 500 millions de Franc CFA en terme de sûreté constitué sur chacun des 10 Titres fonciers entre les mains de Monsieur le Directeur National du Cadastre », indique le communiqué. Ancien Directeur de cabinet du président IBK, Mahamadou Camara avait été placé sous mandat de dépôt depuis près d’un an et demi  pour  « favoritisme, faux en écriture, usage de faux et complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux ». Alors qu’elle bénéficie également d’une ordonnance de mise en liberté sous caution, l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko incarcérée également  «  reste dans la position de détenue provisoire pour n’avoir pas, à ce jour encore acquitté la caution de 500 millions de Franc CFA à laquelle est subordonnée sa mise en liberté », précise le Procureur général.

« Il reste entendu que l’information judiciaire ouverte contre les personnes ci-dessus dénommées suit son cours dans le strict respect des principes directeurs du procès pénal, notamment ceux de la présomption d’innocence ainsi que du respect des droits de la défense », poursuit le communiqué.

Par ailleurs, les mandats  d’arrêt internationaux lancés contre l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, les anciens ministres Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra, l’ancien Secrétaire général de la présidence, Moustapha Ben Barka, l’ancien Directeur Général de la BMS, Babaly Bah ainsi que Mohamed Kagnassi, Amadou Kouma, Nouhoum Kouma,  Soumaila Diaby et Mamadou Lamine Diakité, « attendent toujours de recevoir exécution de la part des destinataires des différents pays où lesdites personnes sont susceptibles de résider ou se rendre ».

Nouvelle constitution : le Colonel Assimi Goïta valide le projet finalisé

Le président de la transition, le Colonel  Assimi Goïta a validé le projet de constitution qui lui a été remis par la commission  chargée de la finalisation le 27 février dernier, a indiqué le gouvernement mercredi 15 mars 2023, dans un communiqué signé du porte-parole, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga.

Selon le communiqué, ce projet de constitution sera présenté aux forces vives de la Nation le 20 mars 2023 par le président de la Transition qui, a par ailleurs instruit aux membres du gouvernement de se l’approprier et de « prendre toutes les dispositions idoines en vue de procéder à sa vulgarisation auprès de nos braves  populations ».

La vulgarisation du projet de constitution figurait parmi les raisons évoquées par le gouvernement de la transition pour justifier le report à une date ultérieure du Référendum qui était prévu le 19 mars 2023.

La  validation du projet de constitution par le président de la transition intervient alors que certains partis politiques et mouvements de la société civile réunis au sein de l’« Appel du 20 février pour sauver le Mali » demandent son abandon pour « défaut de qualité de son auteur d’une part et, d’autre part, le respect du chronogramme des élections, souverainement établi par les autorités de la Transition, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel ».

Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, après avoir participé aux travaux de finalisation dudit projet propose également  de « surseoir  à la tenue du référendum et de mettre le projet de la nouvelle Constitution à la disposition du futur président de la République qui sera élu après la Transition ».

 

 

 

 

 

Report du référendum : Quel impact sur les relations Mali – CEDEAO ?

Au Mali, le report du référendum suscite des questionnements. Parmi lesquels l’impact que cela aura sur les relations entre le pays et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En visite au Mali fin février dernier pour s’enquérir de l’état de progression de la Transition vers un régime démocratique, le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, a exhorté les autorités du pays « à maintenir le cap pour le retour à un ordre constitutionnel au délai convenu ». Quelques semaines après, le 10 mars 2023, le gouvernement a annoncé un report sine die du référendum, premier scrutin devant être organisé dans le chronogramme qu’il a proposé à l’organisation sous-régionale le 28 juin 2022. De quoi présager d’un nouveau désaccord ?

« En effet, ça pourrait créer une autre possibilité de désaccord entre la CEDEAO et le Mali », estime l’analyse politico-sécuritaire Cheick Oumar Doumbia. Mais, en même temps, selon ce dernier, « faire le référendum et les autres élections dans les délais indiqués, au vu des réformes institutionnelles et politiques qu’il fallait mener, l’organisation sait que les autorités pourraient être confrontées à des difficultés qui impacteront le processus. En plus, il y a des législations de la CEDEAO qui stipulent que quand on change de Constitution et quand on révise la loi électorale il faut au moins 6 mois pour aller aux élections. Tout cela va faire que la CEDEAO sera plus conciliante à l’égard du Mali », explique-t-il. De même, Jean-François Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), atteste que le report du référendum ne devrait pas avoir « un impact négatif » sur les relations Mali – CEDEAO.

« La CEDEAO tient surtout au respect du chronogramme donné par les autorités et il s’étale jusqu’en 2024. Et, dans ce chronogramme, elle tient surtout à l’organisation des élections générales, à savoir celles du Président de la République et des députés. Tant qu’on n’annoncera pas le report de ces dates, la CEDEAO ne va pas réagir négativement », pense-t-il.

Le risque de voir la relation s’amenuiser est toutefois de mise. L’Autorité indépendante de gestions des élections (AIGE), en charge d’organiser les scrutins, n’est pas opérationnelle du fait que ses démembrements ne sont toujours pas installés à l’intérieur du pays. De même restent la promulgation des six projets de loi portant réorganisation administrative du Mali et la vulgarisation du projet de Constitution. Des raisons qui, selon le gouvernement, ont nécessité le report du référendum. « Elles pourraient aussi avoir un impact sur les dates des autres élections. Et, du coup, aussi sur les relations Mali – CEDEAO », prévient l’analyste Cheick Oumar Doumbia.

Chronogramme électoral : l’inévitable glissement

C’était un secret de Polichinelle. C’est désormais officiel. Le référendum, initialement prévu pour le 19 mars 2023, a été reporté le 10 mars dernier à une date ultérieure. Ce report, qui ne faisait plus guère de doute depuis quelques semaines, pourrait impacter la tenue à date des autres scrutins prévus dans le chronogramme de la Transition.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako dans les plus brefs délais, ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution », a expliqué le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maiga.

« C’est à nous, quand on regarde le temps restant, de fournir beaucoup d’efforts afin que tous les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints », a-t-il souligné, assurant que le Président de la Transition « tient fermement au respect de la date butoir que nous avons pu négocier avec la CEDEAO ».

Un chronogramme impacté

La loi portant création des circonscriptions administratives en République du Mali, dont dépend l’installation des démembrements de l’AIGE et le projet de loi portant modification de la loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale, adoptés respectivement les 20 et 28 février 2023 par le Conseil national de Transition (CNT), ne sont pas encore promulgués par le Président de la Transition.

Pour Hamidou Doumbia, Porte-parole du parti Yelema, un deuxième report va sûrement suivre : celui de l’élection des conseillers des collectivités territoriales, prévue en juin prochain, parce que « le Collège électoral devait être convoqué fin mars mais qu’aujourd’hui les démembrements de l’AIGE ne sont pas mis en place ».

« Il y a vraiment des doutes sur le reste du processus. Nous espérons que le gouvernement, notamment le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, va rencontrer tous les autres acteurs pour qu’ensemble nous essayions de voir ce qui peut être fait pour que nous ne sortions pas du délai global », indique M. Doumbia.

« Il y aura forcément un décalage dans le reste du chronogramme », tranche pour sa part Bréhima Mamadou Koné. Selon cet analyste politique, le chronogramme que le gouvernement avait établi  était juste un « document de politique ». « Avec la mise en place de l’AIGE, c’est de sa responsabilité d’établir un chronogramme électoral, en synergie avec l’ensemble des acteurs, les partis politiques et les organisations de la société civile, et c’est sur la base de ce chronogramme qu’on pourrait être fixé sur la tenue des différentes élections à venir », soutient-il.

Dr. Ibrahima Sangho, Président de la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE) est de cet avis. À l’en croire,  le chronogramme de juin 2022 avait  été donné « juste pour sortir de l’embargo de la CEDEAO ». « Un chronogramme réaliste n’est pas encore sur la table. Aujourd’hui, il n’appartient plus au gouvernement de donner un chronogramme, d’organiser des élections en République du Mali. Il appartient à l’AIGE d’organiser les élections, donc de donner un chronogramme », appuie l’expert électoral.

Impératif réaménagement

Le gouvernement de transition a indiqué que la nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’Autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral. Cette nouvelle date, devrait, selon des analystes, conduire à un réaménagement de tout le chronogramme initial, ce qui pourrait aboutir à repousser la date des différentes élections ou à en abandonner certaines.

« C’est sûr que nous serons obligés de renoncer aux élections locales (élections des conseillers des collectivités territoriales, NDRL) et de nous concentrer sur le référendum et les élections  couplées présidentielle et législatives. Je pense que c’est possible de redéfinir les choses de cette manière », propose l’analyste Dr. Mahamadou Konaté, Directeur général de Conseils Donko pour la gouvernance et la sécurité.

« Ce qui est possible de faire pour sortir de la Transition, il faut le faire. À notre avis, le référendum peut se tenir en juin. Si c’est le cas, au premier trimestre 2024 on peut organiser les élections législatives et la présidentielle ou alors uniquement la présidentielle, pour mettre fin à la Transition », renchérit Dr. Ibrahima Sangho.

Dans un communiqué en date du 20 février, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (COCEM), composée de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), de la Jeune Chambre Internationale (JCI-Mali), de Wildaf Mali, du RPL (Réseau Plaidoyer et Lobbying) et de SOS Démocratie, avait proposé aux autorités de la Transition de prévoir le référendum le 25 juin 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales le 29 octobre 2023 et celle couplée du Président de la République et des députés à l’Assemblée nationale le 4 février 2024 pour les premiers tours et le18 février 2024 pour les seconds, le cas échéant.

« Il est fort possible de changer un peu l’ordre des élections, de surseoir à certaines si la nécessité est. Mais ce qui est important, c’est que la Transition doit prendre fin comme prévu en 2024. Nous espérons que nous allons pouvoir travailler et essayer de dégager un chronogramme pour que nous puissions, avec une certaine rigueur, respecter nos engagements », plaide Hamidou Doumbia, pour lequel tout dépendra de ce qui sera discuté avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

« Dès qu’on observe un  retard, il faut appeler les acteurs pour en discuter et travailler techniquement à voir ce qui peut être sauvé et non attendre que les échéances arrivent avant d’informer sur un report », insiste le porte-parole du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Février 2024, tenable ?

Malgré les assurances du gouvernement pour le retour à l’ordre constitutionnel « dans le respect de la durée de la Transition après avoir mené les réformes nécessaires », pour plusieurs observateurs, l’échéance de février 2024 qui a été donnée à la Transition risque de ne pas être respectée avec la tenue effective de toutes les élections prévues, en raison du retard pris et du décalage dans le calendrier qui va découler du report du référendum.

« On ne peut pas, à mon avis, tenir tous les scrutins tels qu’ils étaient prévus et rester dans le délai imparti de la Transition », avance Dr. Mahamadou Konaté, qui préconise la renonciation à au moins l’un des scrutins prévus pour rester dans le délai. Certains acteurs politiques qui alertent depuis quelques mois sur la lenteur dans la mise en œuvre du chronogramme de la Transition n’excluent pas, par ailleurs, que le gouvernement de transition traîne à dessein dans le processus afin d’aboutir à une nouvelle prolongation de la Transition au-delà des 24 mois supplémentaires convenus.

Dr. Mahamadou Konaté ne partage pas cette crainte. « Pour l’instant, je crois que le gouvernement a toujours l’intention de tenir le délai », glisse-t-il. « On n’est pas encore au point où des actes de mauvaise foi sont suffisamment patents pour démontrer que les autorités souhaitent à nouveau aller vers une prolongation de la Transition », recadre cet analyste.

Pour lui, jusqu’à la fin la fin de l’année  2023, « tant qu’on n’aura pas perdu la possibilité de redéfinir le calendrier et de renoncer à une ou deux élections pour se concentrer sur celles qui sont essentielles pour le retour à l’ordre constitutionnel, je pense que c’est toujours possible de tenir le délai de février 2024 ».

Rose Doumbia : « Madame vie chère » placée sous mandat de dépôt

Rose Doumbia dite Tantie Rose a été placée ce 15 mars sous mandat de dépôt par le parquet de la commune 4. Elle est poursuivie pour incitation à la révolte, trouble à l’ordre public, outrage et violences envers le chef de l’Etat. Son procès se tiendra le 14 juin prochain. Dans un récent live sur les réseaux sociaux, elle assure que la transition dirigée par le colonel Assimi Goïta, «est un échec avec un bilan de 0%». Selon elle, «aucun Malien ne vit en paix» et « les gens réagissent en dénonçant la flambée de prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre».  « Vous n’avez pas fait un coup d’État pour ça. Quand tu fais un coup d’État en raison de l’échec de ton prédécesseur, le but est de faire mieux afin de surpasser ce dernier » appuie t-elle selon Jeune Afrique.

Football féminin : pourquoi tarde-t-il à décoller ?

Le football féminin est encore loin d’être une priorité au Mali. Les joueuses, qui trainent leur spleen, s’expatrient ou abandonnent, et les dirigeants ont posé le curseur ailleurs.

Sous d’autres cieux, notamment en Amérique du Nord, l’heure est à l’égalité salariale pour les sélections nationales masculines et féminines. Les Américaines, qui ont plus de succès que leurs homologues masculins, ont obtenu un accord historique en mai 2022. Il a fait des émules. Début 2023, les Canadiennes ont décidé de faire grève pour exiger la parité salariale entre elles et la sélection masculine et ont obtenu un accord de principe. Au Mali, nous en sommes encore loin. Le football féminin peine à prendre son envol et, d’après nos interlocuteurs, les décideurs ne se bousculent pas pour changer la donne. « Le championnat est bâclé. Il est organisé juste pour dire qu’il y en a un », juge, amère, Zeinabou Sidibé, ancienne joueuse du FC Amazones qui vit aujourd’hui au Canada pour ses études. 12 équipes composent le championnat de 1ère division. Elles sont réparties en 2 groupes de 6 et les 2 premières s’affrontent en finale. La saison dernière, elles ont joué en aller simple, cette saison en aller-retour. Un choix qui a le don d’agacer. Avant, lorsque Fatou Camara était à la tête de la Commission centrale du football féminin, la discipline se frayait un chemin. L’ancienne joueuse et capitaine de la sélection nationale avait réussi le pari d’organiser un championnat à 22 journées, avec des équipes régionales et des matchs se disputant dans des stades nationaux. Mais depuis qu’elle s’est envolée en 2018 vers Dakar pour prendre en charge le Bureau régional de la FIFA, la situation a changé, assure Sidibé. « Le football féminin n’a aucune valeur aux yeux des dirigeants ».

Difficile préparation

De ce championnat « précaire », la sélection nationale pâtit. Les meilleures joueuses s’expatrient dès que l’occasion se présente et d’autres abandonnent, d’autant que le conservatisme sociétal ne voit pas d’un bon œil une femme footballeuse. À l’orée des compétitions, faute de stades, les joueuses s’entrainent sur des terrains « amateurs ». Conséquence, l’équipe nationale enchaine les mauvais résultats. L’horizon est loin d’être rose.  Pour un analyste qui a requis l’anonymat, ce n’est pas surprenant. L’économie autour du football féminin est encore précaire, voire inexistante. « Cela ne fait pas se lever les foules. Il n’est pas étonnant que les dirigeants misent sur ce qui marche ».

Kaladioula band : le groupe musical malien 100% féminin

Créé en 2012 par l’artiste auteure compositrice Nainy Diabaté, le groupe Kaladioula band œuvre pour la promotion du talent des jeunes artistes maliennes.

Au Mali, la musique prend différents visages avec Kaladioula band, de la traditionnelle à la moderne, son style relevant plutôt de la « World Music ».  Premier groupe musical 100% féminin créé dans le pays, il est composé de 7 permanentes, dont une décédée récemment.

Chanter pour dénoncer, sensibiliser, éduquer, conseiller et distraire, c’est l’engagement de ces 6 braves dames au quotidien. Après un premier lancement au Centre Culturel Français, le groupe a pu se faire remarquer à travers le monde avec l’obtention de plusieurs contrats en Europe et une première tournée en 2013. Kounani, Moussoya sont entre autres quelques titres du groupe composés par Nainy Diabaté, connue dès l’âge de 13 ans sur la scène musicale, avec ses collaboratrices Oumou Koita, Lala Diallo, Bintou Koita, Therèse Kouyaté et Awa Diallo.

Selon sa fondatrice, le groupe est plus connu à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, d’où son combat nuit et jour avec son équipe pour faire valoir son image sur la scène nationale.

En quête de public local

« Des artistes viennent pour faire partie de mon groupe. Nous les acceptons parmi nous mais très généralement elles ne sont pas motivées. Certaines viennent pour trouver des opportunités avant de disparaître et d’autres ne font que des va-et-vient. Malgré tout, j’assume. Je reste déterminée car c’est une conviction pour moi et la réalisation d’un de mes plus grands rêves », explique Nainy Diabaté, la cinquantaine.

Pour le groupe, c’est le Mali qui compte : « nous représentons le Mali partout où nous allons et nous en sommes fières. Lors de nos tournées, même à Londres, quand on est en spectacle, on dit que c’est le Mali qui joue et non Nainy Diabaté ou d’autres ».

Malgré son aura, le groupe n’a néanmoins toujours pas eu de partenaires financiers au Mali depuis sa création en 2012. Et, lors des répétitions et évènements, « c’est moi qui paye toujours tout avec mes fonds personnels. Mais ça ne me dérange pas tant que cet engagement permet de promouvoir les talents féminins », explique la chanteuse.

Les principaux instruments traditionnels utilisés par les femmes artistes sont essentiellement la kora, le n’goni, le balafon, le tambour, le bôlon, le bondjalan, la calebasse, etc. Des instruments avec lesquels le groupe donne son maximum pour faire plaisir à la société en produisant une bonne musique dont il détient seul le secret.

Ras Bath : le chroniqueur placé sous mandat de dépôt

Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a été placé ce lundi sous mandat de dépôt. Selon son mouvement le CDR, il a été interpellé chez lui ce 13 mars vers 10h par le commissariat du cinquième arrondissement. Après une audition de plus de cinq heures sur ses propos tenus samedi 11 mars lors de la conférence de l’ASMA CFP, il a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la commune IV. Invité à prendre la parole le weekend dernier lors de la troisième conférence nationale du parti de l’ASMA CFP, le chroniqueur a affirmé que Soumeylou Boubeye Maiga, fondateur du parti a été « assassiné « . Il a appuyé assurant que les proches de Soumeylou Boubeye Maiga ont interpellé sur son état de santé en vain. Avant de tacler le CNT, ainsi que différentes formations politiques sur leur silence sur les circonstances de la mort de l’ex Premier ministre. En prison depuis août 2021, accusé entre autres de « faux et usage de faux et d’atteinte au biens publics dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel et des achats d’équipements militaires, l’état de santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’était sévèrement dégradé durant sa détention. Il est décédé le 21 mars 2022 à Bamako dans la clinique où il était hospitalisé depuis décembre 2021.

Facturation des répondeurs : la Cour suprême confirme la condamnation d’Orange et de Moov Africa Malitel

Selon plusieurs informations, la Cour suprême a confirmé ce lundi 13 mars la condamnation d’Orange Mali et de Moov Africa Malitel à payer près de 176 milliards de FCFA aux consommateurs pour avoir indûment facturé des répondeurs. Le 3 novembre 2021 déjà, la cour d’appel de Bamako a condamné les deux opérateurs Orange et Moov Africa Malitel dans l’affaire de facturation des répondeurs qui les opposaient au Réseau des consommateurs maliens de téléphonie mobile (Remacotem).  Les syndicats des deux entreprises avaient protesté et déclenché un arrêt de travail. Selon eux, l’exécution de cette décision de justice serait synonyme de faillite pour ces entreprises ce qui entrainerait une perte d’emploi pour des milliers de personnes.

Synayogo Sakalé Traoré : une ambition sans égale

Sakalé Traoré aime les défis. Alors que son entreprise, Mamali Moringa, vient d’être primée aux Impact Days le 25 février dernier, elle se lance déjà dans un nouveau challenge : celui de s’implanter partout au Mali. « Nous ne nous arrêtons pas, il faut que Mamali soit dans les toutes régions du Mali d’ici janvier 2024 », indique celle qui promeut que l’on doit « plus être passionné par son travail que par l’envie de gagner de l’argent ».

Mamali est spécialisée dans la culture et transformation du moringa en produits cosmétiques et agroalimentaires, qu’elle commercialise. La poudre de la plante originaire d’Inde est utilisée comme complément alimentaire dans des tisanes et des cookies et dans la fabrication de produits pour cheveux, savons et laits corporels.

« Il y avait une de nos professeures qui l’utilisait beaucoup lors de nos séances de culture chinoise. Je lui ai demandé pourquoi tant d’intérêt envers cette plante et elle m’a dit qu’elle l’utilisait pour régénérer ses cellules. Quand je suis revenue au Mali, j’ai continué mes recherches et j’ai découvert que transformer le moringa pouvait créer beaucoup d’emplois », confesse la détentrice d’une Licence en gestion d’entreprise de l’université de Zufe, en Chine.

Aussi diplômée en Agrobusiness de l’IPR de Katibougou, l’entrepreneure de 27 ans a bien réussi son coup. Depuis 2015, année de son lancement, la société connaît « un grand succès auprès des consommateurs locaux et étrangers ». Ses produits s’exportent dans la sous-région, en Europe et aux États-Unis.

Et malgré des difficultés en 2020 dans l’approvisionnement en emballages de ses produits à cause de la Covid-19, l’entrepreneure en atteste : sa société, qui compte une douzaine d’employés se porte bien et ambitionne d’être un leader continental dans son domaine d’ici 2030. Un autre défi !

Représentativité politique : les femmes à l’épreuve de l’émergence

Le Mali connait des avancées ces dernières années en matière de promotion des droits des femmes. L’institution de certaines mesures a permis une augmentation de leur représentation dans les organes de prises de décisions. Mais du chemin reste encore à parcourir pour une émergence plus importante des femmes dans la sphère politique.

Depuis son adoption, même si elle peine à être strictement appliquée, la Loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives a favorisé l’accès d’un plus grand nombre de femmes aux postes électifs.

De 9% de femmes élues aux communales de 2009 elles sont passées à 25% en 2016 et de 9,52% aux législatives de 2013 à 28,57% en 2020. 227 conseillers communaux sur 670 (33,8%) sont également des femmes. Le Conseil national de Transition, l’organe législatif, compte 42 femmes sur 147 membres, soit 25,61%.

Difficile accès aux nominations

Si le nombre de femmes ayant accès aux postes électifs a augmenté dans les 7 dernières années, au niveau des fonctions nominatives, elles peinent à atteindre les 20%. Selon l’Annuaire statistique sur les fonctions nominatives et électives des services publics du Mali, en 2021 les femmes n’étaient pas  représentées dans les fonctions de Gouverneurs, tandis qu’elles représentaient seulement 15,4% des Directeurs de services centraux et 11,1% des Ambassadeurs.

En revanche, sur la même période, au niveau de l’administration le nombre de femmes nommées aux fonctions de Préfets et de Sous-préfets s’est  nettement amélioré. Pour Mme Maiga Oumou Dembélé, Porte-parole du Cadre de concertation des femmes des partis politiques, la faible représentativité des femmes au sein des instances de prises de décisions n’est liée qu’à la volonté et à une décision politique de la part des autorités dirigeantes.

« Dans le cas des postes électifs, les femmes s’en sortent. Mais, par rapport aux  nominations, nous ne sommes pas au courant. Nous les apprenons seulement et ce ne sont souvent que des hommes », se plaint-elle, saluant toutefois la nomination récente de 5 femmes sur 9 comme Chargées de mission à la Primature.

Accélérer l’émergence féminine

Malgré des acquis à capitaliser dans la situation des droits des femmes au Mali en général et dans celle de leur représentativité en politique, le combat doit se poursuivre, s’accordent plusieurs observateurs. Pour des associations féminines telles que le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires  (REFAMP), le Collectif des femmes du Mali (COFEM) et la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali  (CAFO), cela passera indéniablement par une application effective de la Loi 052, qui « constitue l’une des alternatives pour inverser la tendance et corriger la faible représentation de la femme dans les instances de prises de décisions ».

En collaboration avec le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, l’ambassade de Grande Bretagne au Mali et le cabinet ACE-Conseil, elles ont lancé début mars une campagne de  mobilisation visant  à interpeller tous  « à faire bloc »  pour  que lors des prochaines consultations électives, telles que les élections  des  députes à l’Assemblée nationale, des membres du Haut Conseil des Collectivités ou des Conseillers des Collectivités territoriales, « aucune liste présentée par  un parti politique, un groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants ne soit validée si elle ne respecte pas  le quota de 30% au moins et 70% au plus de femmes ou d’hommes ».

Au Cadre de concertation des femmes des partis politiques, l’accent est mis sur le plaidoyer auprès des pouvoirs publics qui sont les seuls à pouvoir changer la donne, selon Mme Maiga Oumou Dembélé. « Les décisions politiques n’émanent pas de nous. Il faut que les décideurs aient la volonté de changer les choses pour que cela bouge. Nous, en tant que femmes, nous ne pouvons que plaider pour cette cause, mais nous n’y pouvons pas grand-chose. Nous pouvons juste mener des plaidoyers pour que la loi soit respectée », se résigne la Porte-parole de la plus grande faitière des femmes politiques du Mali.

Ali Farka Touré : la renaissance d’un phénix

Une légende ne meurt jamais dit-on. La preuve avec la sortie d’un nouvel album posthume d’Ali Farka Touré ce vendredi 10 mars 2023. L’initiative, prise par le label bri- tannique World Circuit de son ami et producteur Nick Gold, et mise en œuvre en collaboration avec son fils, Vieux Farka Touré, vise à perpétuer l’œuvre du chanteur, disparu le 7 mars 2006. Dans Safari, un titre dévoilé́ du nouveau disque « Voyageur », on redécouvre la beauté́ de la musique du guitariste virtuose malien, qui a illuminé la planète avec son savoir-faire.

17 ans qu’Aly Farka Touré est mort, son art continue d’émerveiller le monde. Son ami et producteur Nick Gold et son fils Vieux Farka Touré lancent ce vendredi un nouvel album posthume de l’artiste. « Cela va bientôt faire près de 20 ans qu’il n’est plus. Etant le Président de la Fondation Ali Farka Touré, j’essaie de faire de mon mieux pour préserver son nom. Il le mérite pour tout ce qu’il a fait pour le Mali. Toutes nos actions [un festival sera également organisé du 17 au 19 mars Ndlr], qui se répètent d’année en année, visent à perpétuer son art », explique Vieux Farka. L’album posthume, intitulé « Voyageur », est une collection de huit titres qu’Ali Farka Touré avait enregistré pour d’autres albums de son vivant. « Avant son décès, il avait des projets et des enregistrements de côté. Chaque fois qu’un artiste enregistre un album, il produit plusieurs morceaux. Mais il y a toujours deux ou trois titres qu’on laisse de côté à la sortie du disque. Son producteur, Nick Gold, a donc voulu prendre quelques morceaux qu’il avait laissés de gauche à droite pour en faire un album posthume », explique le fils du défunt musicien, qui confie avoir passé « les deux ans de Coronavirus » à travailler sur la musique de son père.

Dans l’album, qui fait renaître la richesse de la musique du « Roi malien de la guitare », on le retrouvera en featuring sur trois titres avec la diva du Wassoulou Oumou Sangaré et aussi avec le musicien Cheick Tidiani Seck. L’association de musique malienne traditionnelle et de blues utilisée dans les morceaux du disque rappelle l’immense grandeur de la musique d’Ali Farka Touré, classé respectivement par les magazines musicaux américains Rolling Stone et Spin 71ème et 37ème dans leurs listes des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps. Ainsi que l’immortalité́ de l’artiste aux trois Grammy Awards, dont un posthume.

Energie : lancement d’une nouvelle centrale électrique à Gaz

La transition énergétique au Mali suit son bonhomme de chemin. Outre la production d’électricité via le carbone, le solaire et l’hydraulique, un autre moyen de production voit le jour au pays : celle par le Gaz. Elle est l’œuvre de Genesis Energy, une société londonienne de production d’électricité qui, en collaboration avec l’usine Malian Cashew Corporation vient de s’installer au Mali.

Ce jeudi 9 mars 2023 a eu lieu à Diatoula (Bamako), le lancement de la toute première centrale à Gaz implantée par la société.

D’une puissance de production de 80 MW, la centrale fournira à l’usine une énergie moins chère que celle générée par les générateurs au diesel ; plus fiable que les panneaux photovoltaïques car plus constantes, et également beaucoup moins polluante.

« Elle est économe en énergie, rentable, brûle du gaz qui ne pollue pas l’environnement comme le ferait le diesel et résout nos besoins énergétiques », scande Firoze Kapadia, le représentant de Malian Cashew Corporation. Selon ce dernier, son entreprise qui évolue dans la transformation a besoin de source énergétique croissante.

« Les microturbines de Genesis Energy sont très efficaces contrairement aux moteurs diesel et peuvent également utiliser la chaleur générée pour produire plus d’électricité. Grâce à cette technologie, nous sommes en mesure de réduire notre facture énergétique et, plus important encore, nous avons le confort nécessaire que notre usine ne subira aucune panne pendant la haute saison », se réjouit-il.

Pour Henry Dubier, le Directeur régional de Genesis Energy, le projet est une preuve de l’engagement de sa compagnie « de décarboniser l’Afrique en général et le Mali en particulier ». L’électricité étant au cœur du développement, d’après lui, les pays doivent être en mesure d’en produire efficacement.

A indiquer qu’au Mali, le gouvernement est engagé dans un processus de transition énergique depuis quelque temps dans l’optique de soutenir l’Energie du Mali.

Elections: le gouvernement annonce le report du référendum

Le gouvernement de transition informe l’opinion nationale dans un communiqué rendu public ce vendredi 10 mars que la date du référendum, prévu le 19 Mars 2023, dans le chronogramme des réformes politiques, institutionnelles et électorales de la Transition, connaîtra un léger report.

« Ce report se justifie par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité de Gestion des Elections »,  explique le gouvernement  dans le même communiqué signé par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

 Il s’agit de parvenir à l’opérationnalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 régions administratives du Mali et le District de Bamako, dans les plus brefs délais ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution. La nouvelle date du référendum sera fixée, après concertation avec l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections et l’ensemble des acteurs du processus électoral.

Le gouvernement rassure par ailleurs l’opinion nationale et internationale que le retour à l’ordre constitutionnel, après avoir mené les réformes nécessaires, demeure l’une de ses priorités absolues, dans le respect de la durée de la Transition.

Déjà mardi le 07 mars, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique a appelé  ses membres à voter contre le projet de nouvelle Constitution présenté par la transition le lundi 27 février.  L’organisation des  imams a dénoncé le maintien du principe de laïcité de l’Etat par rapport à la Constitution de 1992. Un aspect qui n’a tout de même pas été contesté par le président du haut conseil islamique,  Chérif Ousmane Madani Haidara. Le 21 février 2023, une réunion du comité de suivi des réformes politiques et institutionnelles, en présence de son S.E l’envoyé spécial de la CEDEAO Goodluck Ebele Jonathan, avait réuni au MATD, les autres acteurs du processus électoral.  Ce report intervient au moment où le processus d’enrôlement pour la carte biométrique est en cours et connaît une certaine lenteur.

Hawa Traoré : l’entrepreneure pionnière

Rendons à Hawa ce qui est à Hawa. Si les difficultés de déplacements des populations de Bamako se sont considérablement réduites depuis quelques années, c’est bien grâce à elle. En février 2018, l’Ingénieure en Génie mécanique et industriel a eu une idée de génie : créer Téliman. Une société de taxis-motos qui avait pour but de répondre aux « réels besoins » de mobilité des Bamakois, « plus rapidement » et « à moindre coût ». Le lancement fut florissant. « À nos débuts, on comptait au quotidien plus de 6 000 utilisateurs réguliers. Avec plus de 60 000 courses réalisées, nous avons créé en 9 mois plus de 60 emplois viables et avons même eu besoin de recruter, car la demande continuait d’augmenter. Nous refusions près d’une course sur deux par manque de chauffeurs », explique la promotrice de l’entreprise qui compte une centaine de chauffeurs et une quarantaine d’agents administratifs.

Et même si actuellement le marché du taxi-moto connait un grand boom au Mali, la société a su se réinventer. Outre ses clients fidèles, qui la priorisent « pour aller au travail, à l’école, au marché… » grâce à son aura de « société structurée », l’entreprise propose également aux citadins de livrer leurs colis et de faire leurs courses diverses (pressing, marché, livraison de repas ou de cadeaux).

« Nous offrons aussi la possibilité de s’abonner aux clients qui veulent utiliser régulièrement nos services. Notre activité de livraison grandit également auprès des commerçants et des entreprises qui souhaitent faire livrer leurs produits. Nous voulons davantage la développer auprès des restaurants et des e-shops », indique Hawa Traoré, dont l’entreprise a été désignée meilleure Start-up digitale et meilleure Solution de mobilité lors du grand salon Mali Digital Awards de mars 2021 à Bamako.

Nana Aïcha Cissé : « Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal »

Mme Nana Aïcha Cissé est la Porte-parole des femmes du Conseil national de Transition (CNT). Elle a assuré pendant deux ans la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel. Début mars, elle a été classée parmi les 100 femmes impactantes dans le développement de l’Afrique. Entretien.

Vous venez d’être classée 12ème parmi les 100 femmes qui contribuent à l’essor de l’Afrique, selon le site « Les Africaines ». Comment avez-vous accueilli cette distinction ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Je ne connaissais pas le site. C’est donc une très grande surprise accueillie avec un réel bonheur. La reconnaissance du travail fait toujours plaisir

Vous avez assuré la Coordination régionale de la Plateforme des Femmes (PF) du G5 Sahel. Quel bilan dressez-vous de votre mandat ?

Le Mali a été le deuxième pays (après le Burkina) à assurer la Coordination régionale de la PF. Nous pouvons dire que sous ce mandat la PF a connu des avancées essentielles pour assurer son opérationnalité. Il y a eu la signature d’un Protocole d’entente entre la Plateforme des Femmes et le Secrétariat Exécutif du G5S. À travers cela, le Secrétariat reconnaît la Plateforme des Femmes comme une organisation faitière qui fédère les autres organisations féminines pour contribuer à l’atteinte de ses objectifs en matière de Genre. Nous avons pu, au cours de notre mandat, amener la Plateforme à élaborer un Plan stratégique, suivi de son Plan d’action pour 5 ans. Nous avons eu la chance d’obtenir des financements pour commencer à le mettre en œuvre. Nous avons pu également organiser plusieurs rencontres d’échanges pour la  visibilité de la PF-G5 Sahel.

Le Mali a décidé en mai dernier de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel. Que pensez-vous de ce retrait ?

Le G5 Sahel a été créé en 2014 mais n’a  connu son rayonnement que  lorsque le Mali a assuré sa présidence, en 2017. Dans le Sahel, le Mali est l’épicentre du terrorisme, à cause des multiples crises que le pays traverse. De ce fait, retirer au Mali ses droits et son leadership au sein du G5 Sahel n’est pas acceptable de mon point de vue. Le retrait du Mali est une décision politique très forte qui a tout son sens. Évidemment, elle exclut  en même temps les Maliennes de la Plateforme G5 Sahel. Il n’était pas souhaitable d’en arriver là, mais nous soutenons notre pays et nous avons immédiatement suspendu notre participation en tant que membres. Depuis le retrait du Mali, l’organisation G5 Sahel se porte très mal. La preuve, depuis 2021, la présidence tournante, qui dure un an, est toujours au Tchad.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la représentativité des femmes en politique au Mali ?

Un regard plein d’espoir. Malgré notre Loi fondamentale et les textes auxquels notre pays a souscrit au niveau régional et international, c’est la Loi 052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, qui a amélioré la représentativité des femmes en politique.

La Loi 052 du 18 décembre 2015 n’est pas strictement appliquée depuis son instauration. Selon vous, comment améliorer la position des femmes dans la sphère politique ?

C’est vrai que cette loi, qui constitue un acquis précieux pour les femmes, n’est pas appliquée à hauteur de souhait. Cependant, contrairement à l’administration d’État, c’est dans la sphère politique, à travers le processus électoral, qu’elle est la mieux appliquée. Pour améliorer la position des femmes et faciliter leur accès aux postes de responsabilités dans les organes dirigeants des partis politiques, la prochaine relecture de la Charte des partis doit être mise à profit pour instaurer des mesures contraignantes.

Vous êtes membre du CNT. Avec vos collègues femmes de l’institution, quelles actions menez-vous pour le renforcement de la protection des droits des femmes ?

Au CNT, se sont retrouvés des femmes et des hommes issus de toutes les couches socio professionnelles du Mali. En tant qu’organe législatif de la Transition, le CNT remplace l’Assemblée Nationale. Donc ses membres sont les représentants des populations (hommes et femmes). Chaque membre du CNT  a pour mission la défense des intérêts des populations maliennes.  Ce que nous faisons en plus (certains hommes avec nous), c’est le plaidoyer pour la prise en compte du Genre, chaque fois que cela est nécessaire, dans les lois que nous votons. Nous recueillons également les préoccupations des femmes du Mali, chaque fois que besoin en est, pour les porter au moment des débats. Nous organisons régulièrement des sessions de renforcement des capacités pour que chaque femme au sein du CNT puisse prendre part aux débats parlementaires et voter en connaissance de cause

 Toulaye : sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Toulaye est une jeune femme plutôt épanouie. Mariée, elle a deux enfants et un bon travail. Son couple vit en parfaite harmonie, jusqu’à l’arrivée de sa belle-sœur divorcée. De plainte en provocation, elle se bat avec Toulaye qu’elle accuse de tous les noms. Sans trop chercher à comprendre, Siriki, son mari se transforme et commence à la battre. Un cycle de violence qui est malheureusement le lot de plusieurs femmes, victimes silencieuses, que l’Association des Femmes de l’Image (AFIM) essaye de défendre à travers ce film projeté le 8 mars 2023 au Ciné Magic Babemba.

« J’espère que le message est passé, que les hommes ont compris que les femmes ne sont pas des rivaux. Nous sommes complémentaires, même quand il y a des problèmes, il faut communiquer », s’est exprimée Salimata Tapily, à l’issue de la projection. Même si elle est heureuse de l’accueil du public, la réalisatrice aurait souhaité mieux faire. «  On n’a pas eu le temps de le perfectionner, on voulait tellement le finir pour le 8 mars ».  Mais l’essentiel pour elle, reste d’avoir fait passer le message. L’objectif du film était de montrer qu’il « y a des milliers de Toulaye, qui n’osent pas dire ce qu’elles vivent. Ce film est une dédicace pour toutes celles qui souffrent ».

Le film fustige les Violences Basées sur le Genre (VBG), dont il se veut une contribution à la lutte qui ne fait que commencer, annonce Diarra Kounandy Sidibé, une des actrices du film.

L’autonomisation et l’entrepreneuriat des femmes sont quand à eux magnifiés et incarnés par la comédienne, Alima Togola, qui joue le rôle de l’actrice principale, Toulaye.

Le message est celui de la violence conjugale, « vécue au quotidien par les femmes ». Malheureusement, souvent « derrière les violences faites aux femmes,  il y a des femmes, il faut se poser des questions ». Une réalité qu’ont voulu dénoncer les femmes de l’AFIM à travers le film. «   L’homme est violent parce qu’il est victime de la société qui lui demande  d’être homme », explique Alima Togola. Une façon de le pousser à agir y compris avec violence, car « celui vit en harmonie avec sa femme » est souvent qualifié  « d’esclave de femme », littéralement en bamanan.

Dans ce combat, c’est surtout les hommes qu’il faut sensibiliser, estime pour sa part, Ibrahim Touré, comédien et spectateur averti. « Il faut sensibiliser les hommes, leur faire prendre conscience de ce qu’ils font ».

Inégalités hommes – femmes : le fossé se creuse

« Au rythme actuel, il faudrait attendre 300 ans pour atteindre l’égalité des genres ». Cette déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme, ce 6 mars 2023, n’incite guère à l’optimisme. D’autant que les progrès réalisés ne sont plus des acquis. Il faut donc plus que jamais une mobilisation collective pour garantir à la moitié de l’humanité les droits essentiels à sa survie et à l’épanouissement du monde.

« Les droits des femmes sont bafoués, menacés et battus en brèche dans le monde entier. Les progrès réalisés au fil des décennies s’évanouissent sous nos yeux », a également déploré Antonio Guterres. Un constat qui éloigne davantage l’horizon de l’égalité des genres et fait dire à ONU Femmes qu’à ce rythme, elle ne sera atteinte qu’au bout de 3 siècles.

Si elles ne sont pas nulles, les réformes se font à un rythme très lent, affirme Docteur Kontin Marie-Thérèse Dansoko, Professeure d’enseignement supérieur et Point focal Genre au ministère de la Justice et des droits de l’Homme.  La mise en œuvre de la Loi 052 du 18 décembre 2015 sur la promotion du genre, dont l’adoption fut considérée comme un progrès, se heurte à des difficultés dans la pratique.

Lentes réformes

L’une d’elles concerne le manque de profils féminins pour occuper certains postes. Parce qu’il ne s’agit pas de nommer des femmes pour le simple fait qu’elles sont femmes. Elles doivent avoir les compétences requises, explique Marie-Thérèse Dansoko.

S’agissant de la mise en œuvre de la Loi 052 au niveau de la justice, dans la pratique, c’est plutôt du sur place. Pas de nominations ou de mutations qui permettent en effet une mise en œuvre effective. Pourtant, des femmes ayant atteint un certain grade peuvent occuper les postes de Procureurs, par exemple. Malheureusement, à ce jour, on ne compte aucune femme Procureur de la République. La dernière en poste en Commune I est l’actuelle ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes politiques et institutionnelles.

Mais les « soucis » par rapport au poste de Procureur de la République ne sont pas qu’au niveau administratif. « Les femmes évoquent les contraintes familiales et sociales » pour ne pas occuper le poste, qui demande une grande responsabilité et un certain engagement. Ce qui rend difficile le combat pour la promotion de l’égalité, admet le Point focal Genre du ministère de la Justice.

Entre temps, les réformes entreprises au niveau du secteur de la Justice concernent principalement le Code pénal et le code de procédure pénale, pour intégrer certaines dispositions afin d’alléger les procédures dans le cas de certaines infractions. Notamment, le viol, qui est un crime que seule la Cour d’Assises est habilitée à juger. Habituellement, pour ce cas, il faut attendre la fin d’une procédure longue et lourde, avec une phase d’instruction. Pendant ce temps, la victime doit patienter. Il a donc été demandé de correctionnaliser certaines infractions criminelles, qui, au lieu de passer devant la Cour d’Assises, seront directement gérées au niveau des juridictions de droit commun.  Cette réforme permettra notamment de diligenter plus rapidement ces infractions.

En ce qui concerne le Code pénal, il s’agit d’intégrer des infractions en lien avec les Violences basées sur le Genre (VBG) – l’avant-projet de loi contre les VBG a vu son processus d’adoption être suspendu par le gouvernement en décembre 2020 – en attendant cette loi, qui crée la polémique, et pour prendre en compte certaines infractions identifiées, comme le harcèlement par exemple.

Des textes sont dans la phase de validation avec l’ensemble des acteurs, les magistrats, la société civile, afin que le document soit mis dans le circuit d’adoption. Il faut noter que d’autres réformes sont en cours au niveau de la Commission législative permanente qui regroupe les acteurs du secteur de la Justice à la Direction nationale de l’Administration judiciaire et procède à une forme de mise à jour des textes existants.

Atteindre l’égalité

Si les réformes, une fois adoptées, peuvent constituer des avancées, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre. Afin d’éviter donc le statu quo, la nomination de Points focaux Genre au niveau des juridictions, avec des hommes et des femmes qui doivent s’impliquer davantage dans la promotion des droits humains, dont ceux de la femme spécifiquement, constitue une étape importante et le cadre d’échanges entre ces relais se mettra bientôt en place.

Les documents de base des magistrats doivent être « révolutionnés », parce que la justice doit s’adapter et prendre en compte les « nouvelles infractions » jusque-là méconnues, suggèrent les acteurs. La justice doit prendre ses responsabilités, mais la loi pénale étant d’interprétation stricte, selon les spécialistes, le dispositif doit se renforcer pour que les magistrats travaillent plus facilement et que les victimes soient protégées en cas de recours à la justice.

Mais, pour atteindre un équilibre entre hommes et femmes dans la pratique, il faut « une discrimination positive », estime Docteur Kontin. Et aussi une sensibilisation à un changement de mentalité, y compris des femmes, qui doivent être conscientes et se sentir concernées. La solidarité féminine est essentielle pour offrir des modèles aux femmes et sortir de la « léthargie ».

Pour se battre à valeur égale, les femmes doivent également accéder à une éducation et acquérir les compétences nécessaires à leur épanouissement personnel et professionnel. Ce qui ne leur sera pas donné sur un plateau d’argent, prévient Marie-Thérèse Dansoko. Il faut s’imposer par le travail et les « femmes battantes » constituent à cet effet une fierté.

Questions économiques

Malgré la présence de femmes dans toutes les sphères de la vie socio-économique, les pesanteurs socioculturelles sont encore présentes et la promotion des femmes est encore perçue comme un danger par certains hommes. Ils y voient une déperdition de nos valeurs sociétales, ou pire une inversion de rôle fatale à notre société. C’est pourquoi les femmes dans leur lutte ont la délicate mission, « tout en conservant nos valeurs traditionnelles », dont il faut « prôner le respect »,  de  se battre pour leur épanouissement professionnel et économique.

D’autant que les réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi ont un impact économique certain, selon le rapport de la Banque mondiale « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit », publié le 2 mars 2023. Selon ce rapport, les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes. Et le document note qu’au rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays une jeune femme qui entre aujourd’hui dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes. Dans un contexte  de ralentissement de l’économie mondiale, les États ne peuvent pas se permettre de mettre à l’écart près de la moitié de leur population, poursuit le rapport.

Compter avec nos valeurs

Pour y arriver, il faut se convaincre qu’il s’agit d’un processus où l’on ne peut tout avoir au même moment. Même si des efforts ont été accomplis, il faut un accompagnement et ces efforts doivent être accentués à plusieurs niveaux. D’abord du côté des autorités, qui doivent faire l’état des lieux afin de s’assurer que l’égalité prônée soit une réalité. Elles doivent notamment avoir le regard sur  la promotion des droits des femmes et s’interroger sur les causes des retards ou des reculs afin  d’apporter des mesures pour les booster.

Dans cette lutte, où sont souvent opposés les défenseurs des valeurs sociales et ceux des droits de la femme, les « leaders, notamment religieux » doivent adhérer « au fait qu’il ne s’agit pas d’une lutte contre les hommes. Et assurer que c’est la complémentarité dans le respect des valeurs », suggère Docteur Kontin.

Si l’appui des partenaires peut être nécessaire pour mener la lutte, ils doivent apporter leurs soutiens conformément aux besoins et  ne pas imposer leurs points de vue. Enfin, si toutes ces entités deviennent plus attentives sur les droits de la femme, « peut être que dans  5 ou 10 ans les choses évolueront positivement », espère la responsable Genre du ministère de la Justice.

Kayes : des « esclavagistes » condamnés à la peine de mort

Un grand pas a été franchi dans la lutte contre l’esclavage dans la région de Kayes. Au cours de la session spéciale de la cour d’Assises de la région au titre de l’année judiciaire 2023, ouverte depuis le 27 février et toujours en cours,au moins sept « esclavagistes » ont été condamnés à mort et à cinq ans de prison  pour les meurtres de Youssouf Cissoko, Mountaga Diarrisso, Gossi Cissoko et Djané Cissoko, quatre militants anti-esclavagistes, qui ont été battus à mort dans le village de Djandjamé le 1er septembre 2020.

Il s’agit de Djibril Badiaga, Moussa Sissoko dit Papi, Ousmane Diarrisso dit Tamba, Hameye Diarrisso, Mohamed Diawara, Mohamed Diaby dit Hameye, tous condamnés à mort et Lamba Cissé qui a écopé de cinq ans.

Si les associations de lutte contre l’esclavage par ascendance se félicitent des verdicts, les charges retenues contre les condamnés (associations de malfaiteurs, assassinats, complicité d’assassinat, coups et blessures volontaires) ne leur convient pas pour autant.

« Nous espérons toujours que le gouvernement va adopter une loi spécifique pour criminaliser l’esclavage par ascendance qui fait des ravages dans nos localités. Elle n’est pas spécifiée actuellement dans les lois existantes », regrette Mikhailou Diallo, le président régional Kayes de la fédération malienne des associations de lutte contre l’exclusion, la discrimination, l’esclavage par ascendance et les inégalités sociales (FMALEDEI).

Selon les organisations, les crimes liés à l’esclavage sont considérés comme des problèmes de terre, des conflits entre clans, des coups et blessures… par la justice.

« Il ne pourrait en être autrement en absence de loi criminalisant la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali », atteste Me Lury Nkouessom, chef de file de la composante accès à la justice du projet Mali Justice Project (MJP).

Cependant d’autres mesures sont en vigueur au Mali pour lutter contre la traite des personnes. En février 2011, le gouvernement a créé le Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées (CNLTP). Cela a été suivi par l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012, relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (elle prévoit des sanctions pénales pour les individus coupables de traite des personnes pouvant aller de 5 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité selon les circonstances), et le lancement d’un Plan d’action national (2018-2022) en février 2019. Le Plan d’action national 2018-2022, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les parties prenantes, prévoit, entre autres, de promouvoir la coordination et la coopération des acteurs dans la lutte contre la traite des personnes. Le Ministre de la justice Mamadou Kassogué a, en outre, appelé, en décembre 2021, les procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes en considération de leur statut ».

Au Mali, l’esclavage a été abolit par l’administration coloniale depuis décembre 1905. Las, il persiste toujours dans le pays notamment dans la région de Kayes où plusieurs cas ont été recensés récemment. Rien qu’en juillet dernier, le cadavre brulé et mutilé de Djogou Sidibé, 71 ans, a été retrouvé près de son champ, non loin de son village, Lany Mody, dans le cercle de Kayes. La raison de l’assassinat, à en croire, plusieurs organisations de lutte contre l’esclavage est liée au refus de la vieille femme de se soumettre au statut d’esclave.