Refondation : Le NIMD privilégie la recherche et le dialogue

Mis en œuvre à Bamako et dans plusieurs régions du Mali depuis janvier 2024 par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), le Programme de recherche et de dialogue pour la refondation (PREDIRE) devrait se conclure en juin prochain. À trois mois de l’échéance, le NIMD met en lumière les acquis du programme et ses activités à venir.

Lors d’un café de presse organisé dans les locaux de l’Institut le 4 avril 2025, les journalistes ont été informés sur la mise en œuvre du PREDIRE depuis son lancement il y a plus d’un an.
Phare du NIMD, en phase pilote après les Écoles politiques et démocratiques (EPD) et le Power of Dialogue (POD), le PREDIRE vise à contribuer à la refondation de la gouvernance démocratique au Mali. Il enrichit le débat public par la valorisation de la recherche sur les questions de démocratie, de gouvernance et de cohésion sociale, et améliore la culture du dialogue et la confiance parmi les acteurs de la vie publique, en intégrant les résultats de la recherche dans la gouvernance publique.
En quinze mois d’exécution, le programme a enregistré plusieurs réalisations, notamment une cartographie des acteurs de la recherche dans les domaines de la démocratie, de la gouvernance et de la cohésion sociale. Cela inclut le lancement de la plateforme Donko ni Djemu Blon (Pour la production de savoirs au Mali et au Sahel), la mise en relation des chercheurs, ainsi que la création d’un site web (predire-nimd.org) pour la diffusion des rapports d’études, des notes d’analyse, des synthèses et des informations sur les activités du programme.
Le PREDIRE a également identifié quatre études thématiques, dont deux ont déjà été finalisées, portant notamment sur la participation et l’inclusivité sociale dans la dynamique de refondation, l’accès aux services publics via la gouvernance locale, et les leviers de renforcement de l’engagement citoyen dans la démocratie et la participation politique.
À la suite de ces études, le PREDIRE a réalisé deux sessions de dialogue multi-acteurs à Mopti et Sikasso, qui ont réuni plusieurs représentants des différents acteurs sociaux.
« Notre objectif principal est de faire en sorte que les décideurs puissent se baser sur des faits, des données, et sur une vraie compréhension du contexte pour prendre des décisions », souligne Célia D’Almeida, Représentante Pays au Mali et Coordinatrice Sahel du NIMD.
D’autres sessions au niveau national se tiendront prochainement à Bamako, ainsi qu’un webinaire avec WATHI sur la dernière étude Sahel. D’ici la fin du programme en juin 2025, il est également prévu la conception et la diffusion de supports de communication sur les résultats des études et des différentes sessions de dialogue multi-acteurs.
Mohamed Kenouvi

Le Mali en deuil après la disparition d’Amadou Bagayoko, géant de la musique malienne

Le Mali a perdu l’une de ses plus grandes figures musicales. Amadou Bagayoko, célèbre chanteur, compositeur et guitariste du duo Amadou & Mariam, est décédé ce vendredi 4 avril 2025 à Bamako, à l’âge de 70 ans. Selon les premières informations recueillies auprès de ses proches, il était malade depuis plusieurs semaines. Son décès a été confirmé par sa famille, notamment par son beau-fils Youssouf Fadiga, et relayé par les autorités culturelles nationales.

Né le 24 octobre 1954 à Bamako, Amadou Bagayoko était aveugle depuis l’âge de 16 ans en raison d’une cataracte congénitale. Sa passion pour la musique s’est exprimée très tôt, d’abord en solo, puis au sein de groupes légendaires comme Les Ambassadeurs du Motel de Bamako. Mais c’est sa rencontre avec Mariam Doumbia à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, en 1975, qui a véritablement lancé une aventure artistique unique.
En couple dans la vie comme sur scène, Amadou & Mariam sont devenus des ambassadeurs de la culture malienne. Leurs compositions, mêlant instruments traditionnels, guitare électrique, voix mandingues et influences blues et afro-pop, ont conquis un public mondial. Le duo a sorti plusieurs albums acclamés, dont Sou ni tilé (1998), Dimanche à Bamako (2004, produit par Manu Chao) et Welcome to Mali (2008), nominé aux Grammy Awards. Ils ont également reçu une Victoire de la Musique en France en 2005.
Amadou & Mariam ont collaboré avec de nombreuses stars internationales, participé à des festivals prestigieux comme Glastonbury, et défendu des causes humanitaires, notamment en faveur des personnes handicapées. Leur parcours était raconté dans une autobiographie publiée en 2010 : Away from the Light of Day.
Amadou Bagayoko laisse derrière lui une œuvre musicale dense, un message d’espoir et un héritage culturel inestimable. Le ministre de la Culture, Mamou Daffé, a salué la mémoire d’un artiste exceptionnel, fidèle à ses racines, et dont la voix a porté l’âme du Mali au-delà des frontières.

Cheick Ahmed Théra : « Notre combat, c’est le Mali »

Avec pour devise « Rassembler pour travailler », le parti Mouvement Jeka Baara (MJB), créé en août 2023, revendique une implantation progressive dans plusieurs cercles du Mali. Son président, Cheick Ahmed Théra, annonce des activités à Mopti et Gao après le Ramadan.

Qu’est-ce que le parti Mouvement Jeka Baara ? 

Jeka Baara était d’abord un mouvement politique que nous avons créé à Ségou. L’objectif était d’accompagner la transition. Quand les jeunes militaires sont venus au pouvoir et quand nous avons écouté attentivement les différents discours du président de la transition, nous avons compris que ce dernier porte le Mali dans son cœur. Nous nous sommes donc dits qu’il faut l’aider. Nous avons aussi compris qu’il compte sur la jeunesse. C’est pourquoi nous avons essayé de mettre en place cette association pour aider le président de la Transition. A l’occasion du Référendum de 2023, nous avons compris que le terrain était vide et qu’il fallait doubler les efforts de soutien à la Transition. Nous nous sommes mobilisés pour la victoire du Oui. C’est après ce référendum, que nous avons rassemblé à Ségou tous nos coordinateurs des 37 cercles à travers le Mali à l’époque et avons eu l’idée de transformer le mouvement en parti politique. Pour nous, personne ne viendra construire le Mali à notre place. Notre combat c’est vraiment le Mali. Personnellement, à travers ma carrière professionnelle, je sais que le plus grand problème de ce pays, c’est le chômage des jeunes. Nous avons à peu près 8 millions de bras valides dont 5 millions de jeunes. Pour moi cela représente un bon potentiel. Nous avons également des ressources naturelles. C’est pourquoi au parti MJB nous avons choisi de faire la politique sous l’angle de l’économie. Nous croyons fermement que si le Mali arrive à donner de l’emploi à tous les jeunes, il n’y aura même pas cette guerre nous menons actuellement contre le terrorisme parce que les extrémistes auront du mal à recruter des jeunes dans leurs rangs.

Aujourd’hui, en une année et demi d’existence, quelle est la représentativité du MJB au niveau national ?

C’est passionnant et en même temps étonnant. Aujourd’hui le parti est dans tous les cercles du Mali et beaucoup adhèrent à ce parti sans forcément prendre contact avec la direction et développent des initiatives personnelles pour l’épanouissement du parti dans leur lieu de résidence. Actuellement nous faisons des rentrées politiques à travers les différentes régions. Nous l’avons déjà fait à Bamako, à Ségou, à Kayes, et à Sikasso. Nous allons poursuivre après le mois de Ramadan avec la région de Gao puis Mopti. Il faut dire aussi que nous avons une équipe d’implantation très dynamique, qui fait beaucoup de sorties. Elle était déjà dans tous les cercles du sud du pays. Au-delà de tout cela, nous avons également avec nous des politiques très expérimentés qui sont du Nord et qui y ont beaucoup travaillé pour notre présence là-bas.

Le parti est né sous la Transition, dans un contexte où les partis politiques sont au plus bas dans l’opinion nationale. Comment comptez-vous vous démarquer des partis traditionnels et classiques que le Mali connait jusque-là ?

D’abord, notre finalité, notre vocation et nos objectifs sont très différents. Jeka Baara, est un parti travailliste. Personnellement, au Mali je ne connais pas un seul parti travailliste. Nous sommes également un parti du Mali Kura. Vous savez, à chaque étape de la vie d’une nation où il y a des grands changements, il faut un changement politique. En 1992, les partis qui ont vu le jour, avaient tous cette connotation « démocratie ». Et c’est grâce à eux que nous avons la démocratie aujourd’hui et ce sont eux qui ont dirigé les affaires pendant plusieurs années parce que c’était la volonté populaire à cette époque. Mais aujourd’hui, c’est difficile pour un parti qui se bat pour la démocratie d’avoir sa place dans le Mali Kura. Le Mali Kura a des objectifs et il faut un parti qui réponde à ses objectifs : le développement, l’économie, le nouveau type de malien et d’autres valeurs. Il faut un parti qui incarne ces valeurs. Les acteurs de 1992 ont fait ce qu’ils pouvaient faire. Pour moi, leur objectif est atteint : la démocratie est là.

Quelles sont vos perspectives en lien avec les élections à venir ?

Nous allons participer aux élections parce que comme tout parti politique, nous sommes créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Notre parti est prêt à choisir tout Malien qui peut mettre le Mali au travail pour porter nos couleurs aux élections, que ce soit la présidentielle, les législatives ou les communales.

La relecture de la Charte des partis politiques est en cours. Quelles sont vos principales propositions ?

Nous avons une préoccupation principale. En 1991, Moussa Traoré a été combattu à cause du parti unique. On ne peut pas combattre pour le multipartisme et une trentaine d’années plus tard penser que les partis politiques sont débordés et qu’il faut diminuer leur nombre. Il y a une contradiction avec laquelle nous ne sommes pas d’accord. Pour nous, un parti a des critères et il faudra éliminer ceux qui ne les respectent pas. Mais on ne doit pas interdire aux Maliens de créer de nouveaux partis. Le monde change et de nouvelles générations vont venir avec de nouvelles perspectives. On ne doit pas les freiner. Quant au financement des partis politiques, nous pensons qu’on ne doit rien donner aux partis politiques pendant cette transition. Les ressources du pays sont actuellement limitées.

Le MJB soutient les nouvelles taxes controversées du gouvernement de transition. Quel est votre message à l’endroit des Maliens qui s’y opposent ?

Aucun sacrifice n’est de trop pour ce pays. Quand on parle de gouvernement, il faut des ressources financières. C’est par les taxes que l’Etat rassemble ces ressources. Aujourd’hui si le gouvernement se tourne vers nous, je pense que nous devons être fiers de donner pour contribuer au développement de notre pays. Nous demandons à tous les Maliens d’investir sur le Mali. Les pays développés ont plus de taxes que nous et ils arrivent à gérer. Si nous voulons atteindre leur niveau, nous sommes obligés de payer des taxes. Pour moi, le gouvernement n’a volé personne, il nous demande un accompagnement. Payer ces taxes, c’est participer au développement du Mali.

Un message à l’endroit des Maliens ?

Je demande aux Maliens de se mettre ensemble. A Jeka Baara, notre vocation c’est mettre les maliens ensembles pour travailler. Il faut que nous nous acceptions parce que c’est quand on est ensemble que nous pouvons éviter beaucoup de conflits. Quoi qu’il arrive , nous sommes tous des fils et filles de ce pays. Nous devons mettre le Mali au-dessus de tout.

Propos recueillis par Mohamed Kenouvi

Dialoguer avec les groupes armés, jusqu’où ? Une réflexion sur les limites et les possibles d’une paix négociée

Dans un contexte sécuritaire toujours préoccupant dans le pays, où les violences persistent malgré les efforts militaires, la question de la négociation avec les groupes armés, y compris ceux classés comme terroristes, revient régulièrement au cœur du débat national.

Le chercheur Ibrahim Maïga, spécialiste reconnu des dynamiques de conflit au Sahel, propose une réflexion rigoureuse sur cette question dans une note d’analyse intitulée « Quoi négocier ? », dans laquelle il dévoile les dilemmes politiques, moraux et stratégiques liés à cette éventualité.

L’auteur y rappelle que toute idée de dialogue avec les groupes armés ne peut faire l’impasse sur ce qu’il appelle les « lignes rouges » de l’État malien. Celles-ci sont claires : le maintien du caractère républicain et laïc de l’État, l’indivisibilité du territoire national et le respect des fondements constitutionnels. Ces principes non négociables encadrent toute possibilité de compromis et constituent le socle de l’action publique actuelle. Ibrahim Maïga souligne que ces exigences sont au cœur de la vision étatique et qu’aucune négociation ne saurait les remettre en cause sans fragiliser la cohésion nationale.
Face à cela, les groupes dits « radicaux » – dont les plus emblématiques sont la Katiba Macina d’Amadou Koufa et le JNIM dirigé par Iyad Ag Ghali – expriment des revendications connues, bien que souvent présentées de manière diffuse. Parmi celles-ci, le départ des troupes étrangères et l’application de la charia figurent en tête. Toutefois, le chercheur note une évolution dans la manière dont certaines de ces revendications sont formulées. L’application de la charia, par exemple, ne semble plus se traduire systématiquement par les méthodes brutales observées en 2012. Une certaine flexibilité, souvent dictée par les contextes locaux, apparaît dans les discours récents de ces groupes. Cela pourrait constituer un espace d’exploration pour des médiateurs avisés, notamment dans les zones rurales où l’autorité de l’État est faible mais où les légitimités coutumières restent fortes. Dans certaines de ces régions, des formes de justice inspirées du droit musulman, mais adaptées et parfois encadrées par l’État ou par des figures traditionnelles, sont déjà expérimentées.
Le retrait des troupes étrangères, notamment de l’opération Barkhane et de la MINUSMA, ont également modifié le paysage stratégique. Cette évolution a fait disparaître l’une des principales revendications des groupes armés, du moins dans sa forme initiale. Si la présence russe est aujourd’hui sujette à controverse, elle ne s’accompagne pas du même type de confrontation directe avec les groupes djihadistes, ce qui pourrait rendre le dialogue moins tendu sur ce plan spécifique.
Mais c’est sans doute la question de la réintégration des combattants qui ouvre la voie la plus concrète vers un compromis partiel. Ibrahim Maïga insiste sur la diversité des profils au sein des groupes armés. Tous ne sont pas mus par une idéologie rigide. Beaucoup sont des jeunes désœuvrés, des ruraux marginalisés, ou des individus ayant rejoint ces groupes par nécessité, par sentiment d’abandon ou pour leur propre sécurité. Ces éléments, moins radicalisés, peuvent faire l’objet d’une approche pragmatique axée sur la démobilisation, la protection et l’insertion économique. L’État malien semble en avoir conscience.
La récente annonce de l’intégration de 3000 ex-combattants dans le cadre du processus DDR – dont 2000 dans les Forces armées maliennes (FAMa) et 1000 dans des dispositifs de réinsertion civile – s’inscrit dans cette logique. Cette mesure, bien que distincte du dialogue avec les groupes qualifiés de terroristes, s’insère dans une stratégie plus large de pacification. Elle reconnaît implicitement que toute sortie de crise passe par la prise en compte des réalités sociales et économiques à l’origine de l’engagement armé.
Plusieurs foras nationaux – de la Conférence d’entente nationale aux Assises de la refondation – ont d’ailleurs recommandé d’ouvrir un dialogue inclusif avec tous les groupes maliens, sans exclusive. Cette position, souvent mal comprise, ne signifie pas une reddition face à l’extrémisme, mais une volonté de reconnaître la complexité du conflit. Comme le rappelle le chercheur, refuser toute négociation revient parfois à ignorer les logiques locales, les frustrations accumulées et les dynamiques de survie qui alimentent l’adhésion aux groupes armés.
Le chemin d’un dialogue est semé d’obstacles. Mais il existe. Et il repose sur la capacité de l’État à préserver ses principes tout en trouvant des passerelles vers ceux qui, dans les groupes armés, ne sont pas irréductibles. L’analyse d’Ibrahim Maïga ne propose pas de solution miracle. Elle offre un cadre lucide, fondé sur l’écoute, la prudence et le réalisme. Un cadre dans lequel il devient possible de penser la paix autrement qu’à travers les armes.

Classement du Bonheur Mondial 2025 : Le Mali à la 123ᵉ place

Le World Happiness Report 2025, publié ce jeudi 20 mars 2025, dresse un état des lieux du bien-être perçu à travers le monde en classant 143 pays selon des critères socio-économiques. Cette étude, menée par le Sustainable Development Solutions Network des Nations Unies en partenariat avec Gallup, repose sur des indicateurs tels que le niveau de vie, la santé, la qualité des institutions et la cohésion sociale.

Comme les années précédentes, la Finlande conserve sa place de pays le plus heureux du monde, suivie du Danemark, de l’Islande et de la Suède. À l’opposé, l’Afghanistan, le Liban et la République centrafricaine figurent parmi les pays où la perception du bien-être est la plus basse.
Dans ce contexte, le Mali se classe 123ᵉ sur 143 pays, juste derrière la Somalie (122ᵉ), avec un score de 4,23 sur 10. Ce positionnement traduit les défis structurels auxquels le pays est confronté, mais aussi certaines dynamiques sociales et économiques influençant la perception du bonheur.
La situation du Mali dans ce classement est largement influencée par son contexte sécuritaire marqué par des conflits persistants et des attaques terroristes dans plusieurs régions du pays. Cette instabilité affecte directement la qualité de vie des populations en limitant leur liberté de mouvement, leur accès aux services de base, ainsi que leurs perspectives d’avenir.
L’économie malienne demeure fragile et inégalitaire, selon le document. Si certains secteurs comme l’agriculture et l’extraction minière continuent de croître, cette dynamique ne profite pas uniformément à l’ensemble de la population. Le taux de pauvreté élevé et l’accès limité aux infrastructures de base, notamment en matière de santé et d’éducation, restent des obstacles majeurs à une amélioration du bien-être général.
La corruption est un autre facteur impactant négativement la perception du bonheur au Mali,  à en croire l’étude. De nombreux citoyens expriment une forte défiance envers les institutions publiques, ce qui nuit à la cohésion sociale et alimente un sentiment d’injustice. Les réformes engagées pour améliorer la gouvernance et renforcer la transparence peinent encore à produire des effets visibles sur le quotidien des Maliens.
Malgré ces défis, le Mali bénéficie d’une forte solidarité sociale et d’un tissu communautaire résilient, des éléments qui atténuent partiellement les effets des crises économiques et sécuritaires sur la population.
Le Mali dans le classement africain
Avec sa 123ᵉ place mondiale, le Mali occupe la 30ᵉ position en Afrique, se situant derrière plusieurs pays de la région comme la Côte d’Ivoire (14ᵉ en Afrique), le Sénégal (21ᵉ) et la Guinée (25ᵉ), mais devant des nations comme le Burkina Faso (32ᵉ), le Tchad (39ᵉ) et la République centrafricaine (43ᵉ et dernière en Afrique).
L’Île Maurice, classée 1ʳᵉ en Afrique, figure parmi les pays où la perception du bonheur est la plus élevée grâce à un développement économique stable, une bonne gouvernance et un accès satisfaisant aux services publics. D’autres pays comme l’Afrique du Sud (3ᵉ) doivent leur classement à une relative stabilité institutionnelle et à des infrastructures économiques solides.
Le classement africain met en évidence une corrélation entre la stabilité politique, le développement économique et la perception du bonheur. Les États enclavés et ceux en proie à des conflits obtiennent en général des résultats plus faibles que les pays côtiers bénéficiant d’une économie plus diversifiée et d’une ouverture aux investissements étrangers.
Classement Mondial : La domination des Pays Nordiques
Les pays en tête du classement mondial sont caractérisés par un niveau de vie élevé, une forte confiance dans les institutions et un État-providence efficace. La Finlande, le Danemark, l’Islande et la Suède occupent les premières places, suivis des Pays-Bas, du Canada et de la Suisse.
Les États-Unis, en revanche, chutent à la 24ᵉ place, leur plus mauvais classement historique. Cette baisse est attribuée à l’augmentation des inégalités, une montée de l’isolement social et une baisse de la confiance dans les institutions.
La France, quant à elle, occupe la 33ᵉ place, en recul de six places par rapport à l’an dernier. Ce recul est principalement lié à une montée du pessimisme économique et social, à une hausse des tensions politiques et à une inflation impactant le pouvoir d’achat.
Perspectives et enjeux pour le Mali
Face à ce classement, plusieurs leviers d’amélioration peuvent être envisagés pour le Mali. La stabilisation du pays reste la priorité. Sans une amélioration de la situation sécuritaire, il sera difficile d’impulser une dynamique positive en matière de développement économique et social.
L’investissement dans les infrastructures sociales est un autre enjeu clé. Un meilleur accès aux soins de santé, une éducation de qualité et un renforcement des services publics permettraient de relever le niveau de vie général et d’améliorer la perception du bien-être des citoyens.
La lutte contre la corruption constitue également un levier important. Une gouvernance plus transparente, associée à des mécanismes efficaces de reddition des comptes, contribuerait à renforcer la confiance des citoyens envers les institutions et à favoriser une plus grande cohésion sociale.
Sur le plan économique, une diversification accrue de l’économie et un meilleur soutien aux petites et moyennes entreprises pourraient stimuler la création d’emplois et réduire les inégalités. Le développement de l’agriculture et des infrastructures, notamment énergétiques et de transport, serait un atout majeur pour l’avenir.
Enfin, la promotion de la cohésion sociale et de la participation citoyenne peut jouer un rôle essentiel dans l’amélioration du bien-être perçu. Encourager les initiatives locales favorisant l’inclusion sociale, la solidarité communautaire et le dialogue national renforcerait la résilience du pays face aux défis actuels.
L’amélioration du bonheur perçu passera par des réformes structurelles, un renforcement de l’État de droit, une croissance économique plus inclusive et un meilleur accès aux services de base.
Ce classement ne doit pas être vu comme une fatalité, mais comme un signal encourageant à agir pour un avenir plus stable et prospère.

 

Mondial 2026 : Le Mali s’impose face aux Comores (0-3) et relance ses espoirs dans le Groupe I

Le Mali a signé une victoire nette et sans appel ce jeudi 20 mars 2025 face aux Comores (0-3), lors de la cinquième journée des éliminatoires africaines de la Coupe du monde 2026. La rencontre s’est disputée à Casablanca, au Maroc, où les Comores disputent leurs matchs à domicile dans le cadre de cette campagne qualificative.

Dominateurs dans le jeu, les Aigles ont ouvert le score dès la 20e minute grâce à Néné Dorgeles, avant que Kamory Doumbia ne fasse le break en deuxième période avec un doublé inscrit aux 55e et 64e minutes. Le score aurait pu être plus lourd sans plusieurs arrêts décisifs du portier comorien.
Avec ce succès, les hommes de Tom Saintfiet, nouveau sélectionneur du Mali nommé en février dernier, signent leur deuxième victoire dans ces éliminatoires. Ils portent leur total à 8 points après cinq journées et reviennent à une unité des Comores et du Ghana, tous deux en tête du groupe avec 9 points. Le Ghana doit encore affronter le Tchad ce vendredi 21 mars à domicile.
Cette victoire intervient à un moment crucial pour les Aigles, qui restaient sur deux nuls consécutifs dans cette campagne. Grâce à cette performance, le Mali reste pleinement engagé dans la lutte pour la première place du groupe, seule qualificative pour le Mondial 2026 dans ce format instauré par la FIFA pour la zone Afrique.
Le sélectionneur belge Tom Saintfiet, qui dirigeait auparavant la sélection de Gambie, a salué « une performance sérieuse, construite collectivement », tout en appelant ses joueurs à « maintenir la même rigueur » lors des prochaines échéances.
Les Aigles affronteront la Centrafrique ce lundi 24 mars 2025 à 16h00 GMT, avec l’ambition de confirmer ce retour en forme et de continuer à mettre la pression sur le duo de tête.

Gao : Quatre obus tirés en direction du Camp 1, un blessé signalé dans une nouvelle attaque de harcèlement

La ville de Gao a été secouée par une nouvelle attaque dans la soirée du 12 mars 2025, aux environs de 20h, lorsque quatre obus ont été tirés en direction du Camp 1, une installation abritant plusieurs structures sécuritaires.

D’après des sources locales, l’un des obus est tombé dans un site de récupération de ferraille situé vers Château Sud Extension, non loin de l’ancien camp de la MINUSMA. L’impact a causé un blessé léger, rapidement pris en charge par les secours.
Cette attaque s’inscrit dans un mode opératoire récurrent dans le nord du Mali : les tirs d’obus de harcèlement. Ce type d’attaque, souvent imprécis et opportuniste, est utilisé par les groupes terroristes pour rappeler leur présence et démontrer que leur capacité de nuisance demeure intacte malgré les pressions sécuritaires exercées contre eux.
En août 2024, cinq obus avaient déjà été tirés en direction de l’aéroport de Gao, illustrant la persistance de la menace malgré l’absence de victimes (Échos Médias). Quelques mois plus tôt, en mars 2024, une autre attaque aux obus avait visé la zone aéroportuaire et le quartier Château, provoquant un incendie rapidement maîtrisé.
De telles attaques visent davantage à instiller la peur qu’à causer des pertes massives, bien que leur dangerosité ne soit pas à négliger.

En août 2024, cinq obus avaient déjà été tirés en direction de l’aéroport de Gao, illustrant la persistance de la menace malgré l’absence de victimes. Quelques mois plus tôt, en mars 2024, une autre attaque aux obus avait visé la zone aéroportuaire et le quartier Château, provoquant un incendie rapidement maîtrisé.

Une réponse sécuritaire renforcée
À la suite de cette nouvelle attaque, les forces de sécurité ont renforcé les patrouilles et ouvert une enquête pour identifier les auteurs. Pour l’instant, aucune revendication officielle n’a été formulée, mais le mode opératoire laisse peu de doute sur la nature de l’attaque.
Ces incidents rappellent les défis sécuritaires persistants auxquels est confrontée la ville de Gao et plus largement le nord du Mali, malgré les efforts déployés pour stabiliser la région. Les habitants, exaspérés par ces attaques sporadiques, appellent à un renforcement des mesures de surveillance et à une meilleure anticipation des menaces.
L’évolution de la situation sera suivie de près dans les jours à venir.

Crise bancaire : Les banques suspendent les garanties aux entités publiques et parapubliques

Le secteur bancaire malien est en pleine turbulence après l’arrestation de plusieurs employés d’Ecobank Mali, accusés de malversations liées aux garanties bancaires. En réaction, le Syndicat National des Banques, Assurances, Établissements Financiers et Commerces (SYNABEF), appuyé par l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers (APBEF), a décidé de suspendre immédiatement le transfert des garanties bancaires aux entités publiques et parapubliques, notamment Énergie du Mali (EDM-SA).

Cette décision, officialisée dans un communiqué daté du 8 mars 2025, risque d’avoir des répercussions majeures sur l’économie nationale et l’approvisionnement en électricité, EDM-SA étant le principal fournisseur énergétique du pays.
La crise a éclaté suite à la mise sous mandat de dépôt de plusieurs employés d’Ecobank Mali, accusés de malversations liées à la transmission de garanties bancaires via le système SWIFT. Selon le communiqué du SYNABEF, ces garanties auraient été émises « en toute conformité avec la réglementation bancaire et les procédures d’Ecobank », une affirmation soutenue par la Direction générale de la banque, le Groupe Ecobank et l’APBEF.
Le syndicat considère ces arrestations comme une atteinte aux droits des travailleurs du secteur bancaire et une ingérence injustifiée dans des opérations qu’il estime légitimes. Cette position a conduit à une mobilisation massive du personnel bancaire.
Actions décidées par le SYNABEF
Face à cette situation, le SYNABEF a décidé de durcir le ton en annonçant plusieurs mesures immédiates :
Organisation d’un sit-in national dans toutes les banques du pays, y compris agences et sièges, du 10 au 12 mars 2025, de 08h00 à 10h00 chaque jour.
Suspension immédiate de tout transfert des garanties aux entités publiques et parapubliques, notamment EDM-SA, jusqu’à nouvel ordre.
La suspension des garanties bancaires pourrait avoir un impact significatif sur le fonctionnement des entités publiques. EDM-SA, qui dépend largement des garanties bancaires pour financer ses opérations (notamment l’achat de carburant pour ses centrales thermiques), pourrait rencontrer de sérieuses difficultés dans l’approvisionnement en électricité.
Ce blocage pourrait également affecter d’autres secteurs essentiels, comme les infrastructures, la santé et l’éducation, qui nécessitent des financements garantis par le système bancaire.
Cette crise révèle des tensions croissantes entre le secteur bancaire et les autorités judiciaires maliennes. L’intervention directe de la justice dans des transactions bancaires jugées conformes par les professionnels du secteur soulève des préoccupations quant à la stabilité du climat des affaires au Mali.
Des observateurs économiques appellent à une résolution rapide de la crise afin d’éviter une déstabilisation du secteur financier, qui pourrait avoir des répercussions plus larges sur l’économie nationale.
Le gouvernement et les institutions concernées devront rapidement clarifier la situation pour rétablir la confiance entre les banques, les autorités judiciaires et les acteurs économiques, tout en assurant le bon fonctionnement des services publics essentiels.

Terrorisme en 2025 : Le Mali, 4ᵉ pays le plus touché au monde selon le Global Terrorism Index  

L’Institute for Economics and Peace (IEP) a publié, le 5 mars dernier, le Global Terrorism Index (GTI) 2025, qui analyse l’impact du terrorisme dans le monde pour l’année 2024. Ce rapport révèle que le Mali est désormais le quatrième pays le plus touché par le terrorisme, derrière le Burkina Faso, le Pakistan et la Syrie, et devant le Niger, le Nigeria et la Somalie.

L’étude, qui mesure l’impact du terrorisme à travers des indicateurs tels que le nombre d’attaques, de morts, de blessés et de destructions matérielles, confirme que le Sahel central est aujourd’hui l’épicentre mondial du terrorisme.
Avec un score de 7,907, le Mali a enregistré une recrudescence des attaques en 2024. Selon le rapport, plus de 1 000 à 1 200 personnes ont été tuées au cours de l’année, principalement dans les régions de Mopti, Gao, Tombouctou, Ségou et Ménaka, où les groupes armés terroristes ont multiplié les offensives. Le rapport souligne que l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) a particulièrement consolidé son emprise, occupant certaines localités stratégiques comme Tidermène en avril 2023. Le Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) ou GSIM, affilié à Al-Qaïda, continue également de mener des attaques coordonnées, notamment dans les régions de Mopti et de Gao, ciblant aussi bien les populations civiles que les forces armées maliennes. Les affrontements entre les groupes terroristes et l’armée, ainsi que les attaques contre les populations civiles, ont aggravé la situation humanitaire, entraînant des déplacements massifs de populations.
Le Burkina Faso, avec un score de 8,581, est le pays le plus touché par le terrorisme dans le monde en 2024. Le rapport indique que le pays a subi plus de 1 500 décès liés au terrorisme, principalement causés par le GSIM et l’EIGS, qui contrôlent désormais de vastes portions du territoire. Des attaques de grande ampleur, comme celles de Seytenga qui avait fait plus de 100 morts, se sont poursuivies en 2024, touchant particulièrement les régions du Sahel, du Nord et de l’Est. L’armée burkinabè, malgré des offensives contre les groupes armés, peine à stabiliser la situation.
Le Niger, avec un score de 7,776, occupe la cinquième place mondiale. Le pays a enregistré environ 900 à 1 000 morts en 2024, particulièrement dans les régions de Tillabéri et Diffa, où sévissent respectivement l’EIGS et Boko Haram. L’une des attaques les plus marquantes a eu lieu le 21 mars 2024, lorsqu’une embuscade contre un convoi militaire dans la région de Tillabéri a causé la mort de 23 soldats nigériens. Malgré des efforts militaires et des coopérations régionales, la menace djihadiste demeure forte dans le pays.
Le rapport révèle aussi les tendances mondiales du terrorisme. Le Pakistan, qui a enregistré une augmentation de 45 % des décès liés au terrorisme, devient le deuxième pays le plus touché, avec un score de 8,374. La Syrie, toujours en proie à une guerre civile prolongée, occupe la troisième place, avec un score de 8,006. Le Nigeria, qui fait face aux violences de Boko Haram et de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest, est classé sixième, avec 565 décès terroristes recensés en 2024.
Par rapport au classement de 2023, on observe une aggravation de la situation au Sahel. Le Burkina Faso, qui était deuxième en 2023, est désormais le pays le plus touché. Le Mali a progressé du sixième au quatrième rang, enregistrant une augmentation du nombre d’attaques et de victimes. Le Niger, qui était septième, est désormais cinquième, confirmant l’intensification de l’insécurité dans la région. En revanche, l’Afghanistan, qui était historiquement l’un des pays les plus touchés, a vu une diminution de l’impact du terrorisme, notamment après le retrait des forces étrangères et la consolidation du pouvoir des Talibans.
L’édition 2025 du Global Terrorism Index met en évidence l’ancrage durable du terrorisme au Sahel central, qui représente désormais plus de 50 % des morts liés au terrorisme dans le monde. La montée en puissance de l’EIGS et du JNIM, la faiblesse des États face à ces menaces malgré les efforts consentis et la prolifération des conflits intercommunautaires exacerbent la crise. Le rapport insiste sur l’urgence d’une réponse coordonée au niveau régional, associant une approche militaire et une politique de stabilisation économique pour contrer cette dynamique destructrice.

Côte d’Ivoire : Un ex-chef de la police antidrogue condamné pour détournement de cocaïne

La Côte d’Ivoire est secouée par une affaire retentissante impliquant des hauts responsables des forces de l’ordre dans des affaires de trafic de drogue. Le 5 mars 2025, l’ancien chef de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan, Armand Agnin Angbonon, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour le détournement de 200 kg de cocaïne issus d’une saisie record. Ce verdict met en évidence l’infiltration du narcotrafic dans l’appareil sécuritaire ivoirien.

L’affaire remonte au février 2021, lorsque les autorités ivoiriennes avaient indiqué avoir frappé un grand coup contre le narcotrafic en interceptant une cargaison impressionnante de 1,56 tonne de cocaïne brute, estimée à 25,56 milliards de francs CFA, soit environ 38,9 millions d’euros. Cette opération, considérée comme une avancée majeure dans la lutte contre le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, avait révélé l’ampleur des flux de stupéfiants transitant par la Côte d’Ivoire.
Toutefois, une enquête approfondie a révélé qu’une partie de cette drogue, précisément 200 kg, avait mystérieusement disparu avant sa destruction officielle. C’est ainsi que l’ancien chef de la cellule antidrogue du port, Armand Agnin Angbonon, s’est retrouvé au cœur du scandale. Il a été accusé d’avoir orchestré le détournement de cette quantité importante de cocaïne en complicité avec des réseaux criminels. Lors de son procès, il a nié toute implication, mais les preuves réunies par le pôle pénal économique et financier ont conduit à sa condamnation.
Cette affaire a mis en exergue l’existence de complicités internes et la difficulté de lutter efficacement contre les trafics illicites lorsque ceux qui sont censés les combattre en sont eux-mêmes acteurs.
L’affaire de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan n’est pas un cas isolé. En mai 2022, un autre scandale éclatait, impliquant cette fois le commissaire Karamoko Dosso, chef de la police criminelle de San-Pedro. Ce dernier a été arrêté pour complicité avec un réseau international de trafic de cocaïne dirigé par Miguel Angel Devesa Mera, un ressortissant espagnol.
Les investigations ont révélé que San-Pedro, port clé de la façade atlantique de la Côte d’Ivoire, était devenu une plaque tournante du trafic de drogue à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Après plusieurs mois de procès, le 7 mai 2024, le tribunal du pôle pénal économique et financier d’Abidjan a condamné treize personnes, dont le commissaire Karamoko Dosso et Miguel Angel Devesa Mera, à dix ans de prison pour leur rôle dans cette organisation criminelle. Cette affaire a mis en évidence l’ampleur du narcotrafic et les ramifications qu’il entretient jusque dans les sphères les plus hautes des forces de l’ordre.
Ces affaires récentes s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte contre le narcotrafic en Côte d’Ivoire. Grâce à sa position géographique stratégique, le pays est devenu un point de transit majeur pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et destinée à l’Europe.
Les chiffres des saisies de drogue réalisées par les autorités ivoiriennes au cours des dernières années sont édifiants. Entre 2021 et 2022, plus de deux tonnes de cocaïne ont été interceptées sur le territoire national. Par ailleurs, plus de dix-sept tonnes de cannabis ont été saisies, ce qui témoigne d’un commerce de stupéfiants florissant et structuré. Dans le même temps, plus de 750 tonnes de médicaments de qualité inférieure et falsifiés (MQIF) ont été retirées du marché, mettant en lumière l’ampleur du trafic de substances illicites et leur impact sur la santé publique.
Malgré ces efforts, l’implication de hauts responsables des forces de l’ordre rend la lutte contre ces trafics particulièrement ardue.
Ces affaires révèlent la profondeur de l’infiltration du narcotrafic au sein des institutions censées le combattre. Elles soulignent la nécessité d’une réforme urgente au sein des forces de l’ordre, notamment par un renforcement des mécanismes de contrôle interne et une meilleure coopération avec les organisations internationales de lutte contre la drogue.
Les observateurs estiment que la Côte d’Ivoire doit renforcer ses dispositifs judiciaires et sécuritaires pour éviter que de tels scandales ne se reproduisent. La transparence et la rigueur dans l’application des peines seront des éléments clés pour restaurer la confiance des citoyens dans leur système de sécurité.
Ces condamnations récentes démontrent que la justice ivoirienne semble déterminée à s’attaquer aux narcotrafiquants, même lorsqu’ils se cachent sous l’uniforme.

Opérations humanitaires en 2024 : Bilan du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge au Mali  

Le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au Mali, qui inclut la Croix-Rouge malienne, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération Internationale, a présenté le bilan de ses activités de l’année 2024 lors d’un café de presse à Bamako, le 4 mars 2025.

Conformément à son mandat, le CICR a continué en 2024 sa mission humanitaire dédiée à la protection et à l’assistance des victimes de conflits armés.
Dans le domaine de la santé, il a permis la prise en charge de 31 214 patients, y compris 12 397 blessés, grâce à ses équipes médicales et chirurgicales, ainsi qu’à la fourniture d’équipements, de médicaments, de primes et de consommables.
Par ailleurs, 996 personnes, dont 88 femmes et 610 porteurs d’armes, ont été formées aux premiers secours par le CICR.
En 2024, le soutien du CICR au Centre national d’appareillage orthopédique du Mali (CNAOM) et à ses trois antennes régionales de Mopti, Tombouctou et Gao a permis l’appareillage orthopédique de 1 246 patients, dont 1 079 entièrement pris en charge par le CICR, pour un total de 15 224 consultations.
Des milliers de bénéficiaires
Sur le volet d’appui à la production agricole et à l’élevage, la résilience et l’auto-suffisance, 81 666 ménages, soit 489 996 personnes, ont été assistés par les programmes du CICR en 2024.
L’organisation humanitaire a également favorisé l’accès à l’eau pour 225 000 personnes à travers la réhabilitation de systèmes d’approvisionnement en eau dans les localités rurales ou urbaines.
En ce qui concerne les personnes privées de liberté, le CICR a effectué en 2024, 110 visites dans 16 lieux de détention à travers le pays. En plus de s’assurer que les conditions de détention et le traitement des détenus soient conformes aux lois maliennes et aux standards internationaux, l’organisation offre également, lors de ces visites, la possibilité aux détenus de contacter leurs familles à travers son programme de rétablissement des liens familiaux.
Ainsi, l’année écoulée, en partenariat avec la Croix-Rouge malienne, le CICR a facilité 18 849 appels téléphoniques, l’échange de 431 messages Croix-Rouge, la réunification de 12 familles et a ouvert 336 nouvelles demandes de recherche, dont 205 ont été résolues.
En outre, concernant la promotion du droit des conflits et des principes humanitaires, le CICR a organisé en 2024, 141 séances de sensibilisation qui ont touché près de 16 095 personnes, dont environ 13 095 porteurs d’armes.
Engagement continu malgré les défis
Selon Emmanuel Lippolis, Chef des programmes du CICR au Mali, les objectifs fixés en 2024 ont été atteints et même dépassés. Toutefois, le CICR fait face à des défis d’accès aux communautés en raison de la situation sécuritaire.
« Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où il est malheureusement difficile pour nos équipes de se rendre sur tous les théâtres de combat pour porter assistance aux victimes des conflits armés. Avec les drones en action et les terrains minés, le dialogue avec certains groupes est réduit », confie-t-il.
Pour autant, le CICR entend continuer ses activités en 2025, même s’il pourrait être confronté à un manque de financement en raison de la suspension de l’aide américaine décidée récemment.
« Nous allons continuer dans l’engagement. Nos zones d’intervention peuvent changer en fonction des analyses et nous allons aussi beaucoup travailler sur le renforcement de nos partenariats », a indiqué M. Lippolis.
À l’instar du CICR, la Croix-Rouge malienne a également présenté le bilan de ses activités en 2024 à travers le pays. Ces interventions se sont diversifiées dans plusieurs domaines tels que la santé et le bien-être, la protection, la sécurité alimentaire, l’environnement et le cadre de vie.
Bien qu’ayant touché des millions de personnes dans le besoin, la Croix-Rouge malienne fait face à plusieurs défis, notamment l’instabilité sécuritaire, la limitation des financements et le manque de personnel.
« Aujourd’hui, il n’y a pas une région qui n’est pas affectée par l’insécurité. Quand vous voyez des attaques sur l’axe Kati-Kita, Bamako-Sikasso, vous réalisez que la situation n’est pas en train de s’améliorer », a déploré Nouhoum Maiga, Secrétaire général de la Croix-Rouge malienne.
Cependant, tout comme le CICR, la Croix-Rouge malienne entend poursuivre en 2025 ses activités sur toute l’étendue du territoire national. Lancé en décembre dernier, son plan de réponse humanitaire 2025 a déjà récolté en quatre mois plus de 2 milliards FCFA, soit 40 % du financement total requis.
Mohamed Kenouvi

L’Europe face à son destin : Un sommet décisif pour la défense et l’Ukraine  

Les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis, le jeudi 6 mars 2025, à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à la défense et au soutien à l’Ukraine. Cette rencontre intervient alors que les États-Unis menacent de réduire leur présence militaire sur le continent, tandis que le président Donald Trump et son vice-président J.D. Vance durcissent leur position face à Volodymyr Zelensky.

Le sommet s’est conclu par l’adoption d’un plan de 800 milliards d’euros destiné à renforcer les capacités militaires de l’Europe. Porté par la Commission européenne et défendu par Ursula von der Leyen, ce programme vise à moderniser l’industrie de défense, accroître la production d’armements, renforcer les infrastructures militaires en Europe de l’Est et réduire la dépendance des États européens aux États-Unis. L’emprunt commun de 150 milliards d’euros, l’utilisation de fonds de cohésion et l’assouplissement des règles budgétaires figurent parmi les principaux leviers financiers envisagés pour le mettre en œuvre.
Les tensions entre l’Europe et les États-Unis se sont accentuées après une réunion houleuse entre Trump, Vance et Zelensky à la Maison-Blanche le 28 février 2025. Selon plusieurs sources diplomatiques, Trump et son vice-président ont critiqué Zelensky, l’accusant de ne pas suffisamment s’engager pour négocier avec la Russie. Le président américain a affirmé que l’aide militaire américaine à l’Ukraine ne se justifiait plus et a laissé entendre que les États-Unis pourraient suspendre tout soutien militaire à Kiev. Le ton est monté lorsque Zelensky a rétorqué que l’Ukraine défendait non seulement son territoire, mais aussi les valeurs occidentales face à la menace russe. La réunion s’est terminée sans accord, marquant une rupture nette entre Washington et Kiev.
Cette confrontation a immédiatement suscité des réactions en Europe. Le Royaume-Uni a réaffirmé son soutien à l’Ukraine par la voix du Premier ministre Keir Starmer, qui a reçu Zelensky à Londres le 1er mars. Plusieurs dirigeants européens ont dénoncé l’attitude de l’administration américaine, soulignant que l’abandon de l’Ukraine risquait de mettre en péril la stabilité du continent.
Les incertitudes sur l’engagement des États-Unis ne se limitent pas à l’Ukraine. Trump a de nouveau évoqué un possible désengagement des États-Unis de l’OTAN, une hypothèse qui inquiète profondément les alliés européens. L’armée américaine compte actuellement près de 100 000 soldats en Europe, dont 35 000 en Allemagne, 12 000 en Italie, 10 000 en Pologne et 8 000 dans les pays baltes et en Roumanie. Une réduction massive de ces troupes affaiblirait considérablement le dispositif de dissuasion face à la Russie et obligerait l’Europe à compenser rapidement ce retrait.
Lors du sommet, plusieurs chefs d’État européens ont insisté sur la nécessité pour l’Europe de se doter de capacités de défense autonomes. Le président français Emmanuel Macron a réitéré son appel à une force de dissuasion nucléaire européenne, une proposition qui divise les États membres, notamment l’Allemagne, encore attachée au parapluie nucléaire américain. Le chancelier Olaf Scholz a toutefois reconnu que le contexte international imposait une réflexion approfondie sur l’avenir de la sécurité en Europe.
Les chiffres actuels illustrent l’ampleur du défi. Le budget militaire cumulé des pays de l’Union européenne s’élève à environ 240 milliards d’euros par an, loin derrière les 880 milliards de dollars du Pentagone. La Russie, pour sa part, consacre environ 120 milliards de dollars à sa défense. Si l’Europe veut combler son retard et compenser un éventuel retrait américain, elle devra rapidement augmenter son effort financier et renforcer la coopération entre ses États membres.
La question de l’avenir de l’OTAN demeure en suspens. Lors de son discours du 4 mars 2025, Trump a affirmé que les États-Unis n’avaient plus vocation à assumer seuls la protection de l’Europe et a demandé aux membres de l’Alliance d’augmenter leur contribution financière. Les déclarations du président américain laissent planer l’incertitude sur l’engagement des États-Unis en cas de crise majeure impliquant la Russie.
Le sommet du 6 mars marque un tournant pour l’Europe. Confrontée aux tensions entre Washington et Kiev, à la menace d’un désengagement américain et à la pression croissante de Moscou, l’Union européenne se voit contrainte d’accélérer la construction d’une défense autonome. La mise en œuvre du plan de réarmement européen sera un test décisif pour l’avenir de la sécurité du continent.

Suspension imminente du service AMO dans les officines et laboratoires privés : Un bras de fer aux lourdes conséquences  

Le SYNAPPO et le SYNAPHARM, syndicats représentant les pharmaciens et les laboratoires d’analyses biomédicales privés, menacent de suspendre leurs prestations au titre de l’Assurance Maladie Obligatoire à compter du 20 mars 2025. Cette décision fait suite à des retards de paiement répétés des factures dues par l’État, mettant en péril la survie financière des structures concernées.

L’Assurance Maladie Obligatoire, instaurée en 2009 par la loi n°09-015 du 26 juin, a été mise en place pour garantir l’accès aux soins des travailleurs du secteur public et privé, ainsi que des retraités relevant des régimes de sécurité sociale. Son fonctionnement repose sur une gestion partagée entre plusieurs institutions. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM) est l’organe central, mais elle délègue certaines responsabilités à l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS) et à la Caisse Malienne de Sécurité Sociale (CMSS), en fonction des catégories d’assurés.
Selon les conventions en vigueur, les délais de paiement des prestations sont fixés à quinze jours pour les pharmacies et à trente jours pour les laboratoires d’analyses biomédicales, à compter de la date de dépôt des factures. Mais sur le terrain, ces délais ne sont pas respectés. Les syndicats dénoncent des retards accumulés sur plusieurs mois et affirment avoir entrepris des démarches répétées pour obtenir un règlement sans succès. De nombreux promoteurs de pharmacies et de laboratoires expriment leur détresse face à cette situation qui menace la viabilité de leurs structures.
Si la suspension entre en vigueur, les assurés de l’AMO devront avancer eux-mêmes les frais de leurs médicaments et analyses biomédicales dans le secteur privé. Cette rupture risque d’avoir des conséquences graves sur l’accès aux soins. Les personnes aux revenus modestes pourraient se retrouver dans l’incapacité d’assumer ces coûts, tandis que les structures publiques, déjà sous pression, risquent de faire face à un afflux important de patients. Un climat de mécontentement pourrait également s’installer parmi la population, renforçant les tensions sociales autour de la gestion du système de couverture médicale.
À ce stade, aucune donnée officielle ne permet de mesurer précisément l’ampleur des impayés, mais des sources internes aux syndicats évoquent plusieurs centaines de millions de francs CFA d’arriérés. Les professionnels du secteur exigent un règlement immédiat des sommes dues avant la date butoir du 20 mars. La balle est désormais dans le camp des autorités, qui devront apporter une réponse rapide pour éviter une crise sanitaire et sociale d’ampleur.

Crise des cantines scolaires : Une menace pour l’éducation et la sécurité alimentaire

Depuis octobre 2024, la suspension temporaire des repas scolaires dans 400 écoles des régions nord et centre du pays a directement affecté 112 000 élèves, dont une majorité de filles. Cette interruption concerne 60 % des établissements bénéficiant du soutien du Centre national des cantines scolaires (CNCS) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

Les responsables de ces programmes expliquent cette situation par des contraintes financières et logistiques qui entravent leur capacité à fournir des repas aux élèves. Afin de maintenir les cantines ouvertes et de garantir la continuité de l’alimentation scolaire, ils lancent un appel urgent pour un financement de 17,3 millions de dollars américains.
L’arrêt des repas scolaires menace les avancées réalisées en matière d’éducation, de sécurité alimentaire et de stabilité sociale. De plus, il accentue la vulnérabilité des populations déjà confrontées à une insécurité alimentaire croissante. Avant cette suspension, environ 200 000 élèves, notamment ceux issus des régions en proie aux conflits, bénéficiaient d’une alimentation scolaire qui avait permis d’atteindre un taux de rétention de 98 % dans 700 établissements.
Selon les estimations, 2,3 millions de personnes nécessitent actuellement une assistance alimentaire et nutritionnelle. Ibrahima Diallo, directeur adjoint du PAM, insiste sur l’importance de garantir l’accès des enfants à la nourriture et à l’éducation afin de leur offrir de meilleures perspectives d’avenir.
Par ailleurs, cette crise alimentaire s’inscrit dans un contexte plus large marqué par des défis sécuritaires et économiques majeurs. Des conflits persistants et une situation économique dégradée compliquent davantage la mise en œuvre des politiques de soutien aux populations vulnérables.
L’interruption des repas scolaires pourrait avoir des répercussions durables, compromettant l’accès des enfants à une éducation stable et aggravant la précarité alimentaire. Face à cette urgence, le CNCS et le PAM rappellent que des ressources financières sont indispensables pour assurer la continuité des cantines scolaires et préserver les acquis en matière de scolarisation et de nutrition.

Lancement du processus budgétaire 2026 : Une étape importante pour la gestion des finances publiques

Le ministère de l’Économie et des Finances du Mali a officiellement lancé les travaux du processus budgétaire pour l’année 2026. Cet événement, présidé par le ministre Alousséni Sanou, s’est déroulé, le 27 février 2025, à l’hôtel GRANADA l’Amitié en présence de plusieurs acteurs institutionnels et partenaires techniques et financiers.

Dans son discours d’ouverture, le ministre a mis en avant la résilience de l’économie malienne malgré les défis sécuritaires et géopolitiques. Le pays affiche des perspectives de croissance encourageantes, avec un PIB estimé à 5,9 % en 2025 et une prévision de 6,1 % en 2026. Cette dynamique positive s’explique notamment par une amélioration de la mobilisation des ressources internes et une gestion budgétaire plus rigoureuse.
Le taux de pression fiscale, qui est un indicateur clé des finances publiques, est passé de 14,8 % à 16,2 %, traduisant une meilleure collecte des recettes fiscales. Parallèlement, la masse salariale en proportion des recettes fiscales a diminué de 51,1 % à 45,4 %, reflétant une gestion plus efficiente des dépenses publiques.
Si l’inflation a connu un pic en 2022, principalement en raison de la hausse des prix des hydrocarbures et des sanctions économiques imposées à l’époque, elle est depuis maîtrisée, respectant le seuil de 3 % fixé par l’UEMOA. Cette stabilisation contribue à renforcer la confiance des investisseurs et à assurer un climat économique plus favorable.
Un cadre stratégique pour 2026
Le Directeur Général du Budget, Ahmadou Tijani Haïdara, a souligné que ce processus budgétaire s’inscrit dans un contexte de réorientation stratégique. Avec la sortie du Mali de la CEDEAO et son alignement sur l’Alliance des États du Sahel (AES), l’accent est mis sur une autonomie renforcée et un rééquilibrage des partenariats économiques.
Les priorités budgétaires pour 2026 prennent en compte les aléas climatiques, la volatilité des matières premières et les fluctuations des taux de change. L’objectif principal demeure la soutenabilité des finances publiques tout en assurant le financement des secteurs clés comme l’éducation, la santé et les infrastructures.
L’événement s’est tenu dans un cadre formel et protocolaire. Tous les participants ont été invités à respecter la ponctualité stricte, l’accès à la salle étant interdit après l’arrivée du ministre. Cette rigueur organisationnelle illustre la volonté du gouvernement de structurer efficacement les échanges et d’assurer une prise de décisions rapide et cohérente.
Le lancement du processus budgétaire 2026 marque une étape importante dans la gestion des finances publiques du Mali. Il traduit l’engagement du gouvernement à renforcer la transparence budgétaire, améliorer la mobilisation des ressources internes et assurer un cadre macroéconomique stable.
Avec des perspectives économiques positives, une croissance en hausse et une meilleure maîtrise des finances publiques, le Mali poursuit sa trajectoire vers une gestion budgétaire plus efficiente et durable.

FESPACO 2025 : Le Burkina Faso triomphe avec l’Étalon d’or de Yennenga

La 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est déroulée du 22 février au 1ᵉʳ mars 2025, réunissant des cinéastes, critiques et passionnés de cinéma venus de tout le continent et d’ailleurs. Considéré comme le plus grand événement cinématographique africain, le festival a dévoilé la richesse et la diversité du cinéma africain.

Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté l’Étalon d’or de Yennenga, la récompense la plus prestigieuse du festival, avec son film « Katanga, la danse des scorpions ». Ce long-métrage, tourné en langue mooré, met en avant les complexités du pouvoir et la richesse des traditions africaines. Ce sacre marque un retour triomphal du Burkina Faso au sommet du cinéma africain, 28 ans après la dernière victoire d’un Burkinabè dans cette catégorie.
Les autres lauréats du palmarès
L’Étalon d’argent de Yennenga a été attribué au réalisateur somalien Mo Harawe pour son film « The Village Next to Paradise ». Quant à l’Étalon de bronze de Yennenga il a été décerné à la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni pour son film « On Becoming a Guinea Fowl », un drame familial surréaliste qui explore les secrets et tensions d’une famille zambienne.
Une forte participation du Mali
Le Mali a marqué cette édition du FESPACO en présentant 11 films en compétition. Ainsi, le prix de l’UEMOA (Long métrage documentaire) a été décerné au malien Fousseyni Maiga pour « Fatow / Les fous ». S’y ajoute « Klema, saison sèche » de Boubacar Gakou Touré, qui a reçu une mention spéciale dans la section Perspectives, témoignant de la vitalité du cinéma malien sur la scène africaine.
Un hommage à Souleymane Cissé
Le festival a également été marqué par la disparition de Souleymane Cissé, grand cinéaste malien et pionnier du cinéma africain, décédé le 19 février 2025 à l’âge de 84 ans. Réalisateur de « Yeelen », qui avait remporté le Prix du Jury à Cannes en 1987, son œuvre a profondément marqué l’histoire du septième art africain. Un hommage spécial lui a été rendu lors du festival.
Un festival sous le signe de la diversité
Le thème de cette édition, « Cinéma d’Afrique et identités culturelles », a permis d’explorer les multiples facettes des réalités africaines à travers des films provenant de 53 pays. La programmation a offert un large éventail de genres et d’histoires, consolidant la place du FESPACO comme vitrine incontournable du cinéma africain.
Le succès de cette édition confirme le rôle central du FESPACO dans la promotion du cinéma africain. Malgré les défis de financement et de distribution, le dynamisme des réalisateurs africains témoigne d’un avenir prometteur pour l’industrie cinématographique du continent.
Cette édition du FESPACO restera gravée dans l’histoire, notamment par la victoire du Burkina Faso, l’hommage à Souleymane Cissé et la célébration de la diversité culturelle à travers le cinéma.

COP16 à Rome : De nouveaux engagements pour la biodiversité, l’Afrique réclame des financements concrets  

La 16ᵉ Conférence des Parties (COP16) sur la biodiversité s’est tenue à Rome du 25 au 27 février 2025, après l’échec des négociations à Cali, en Colombie, en novembre 2024. Cette session a permis de reprendre les discussions sur le financement et la mise en œuvre des objectifs adoptés en 2022 dans le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.

Les pays se sont accordés sur un objectif de 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer la protection des écosystèmes et des espèces menacées. Sur ce montant, les nations développées ont promis de verser 20 milliards de dollars dès 2025, avec une augmentation prévue à 30 milliards en 2030.
Un des points marquants de cette conférence a été la mise en place du « Fonds Cali », qui doit collecter des contributions des entreprises utilisant les ressources naturelles dans des secteurs comme la pharmaceutique, l’agroalimentaire et la cosmétique. L’idée est que ces industries participent financièrement aux efforts de conservation, au lieu de s’appuyer uniquement sur les financements publics.
L’Afrique demande des engagements plus concrets
Les représentants africains ont mis l’accent sur la difficulté d’accéder aux fonds internationaux pour la protection de la biodiversité. Actuellement, moins de 10 % des financements mondiaux pour la nature parviennent aux pays d’Afrique subsaharienne, alors que le continent abrite une part importante de la biodiversité mondiale.
Les discussions ont également porté sur la protection des terres et des océans, avec un objectif de 30 % des surfaces protégées d’ici 2030. Plusieurs pays africains ont insisté sur le fait que ces mesures ne peuvent être appliquées sans prendre en compte les besoins des populations locales, qui dépendent directement des forêts et des réserves naturelles pour leur subsistance.
Des annonces, mais des doutes sur leur mise en œuvre
L’accord final réaffirme des engagements déjà pris lors des précédentes conférences, mais plusieurs délégations ont exprimé des doutes sur la capacité des États à tenir leurs promesses financières. Beaucoup de fonds annoncés lors des COP précédentes restent difficiles à mobiliser sur le terrain.
Pour l’Afrique, la priorité est désormais de garantir que ces financements arrivent rapidement aux projets locaux et bénéficient directement aux communautés qui protègent et gèrent ces écosystèmes.

Insécurité :  Le convoi du ministre de l’Assainissement attaqué par des terroristes

Le jeudi 27 février 2025, au petit matin, le convoi du ministre malien de l’Assainissement a été pris pour cible par des terroristes sur la route reliant Kati à Soribougou. Cette embuscade a causé la mort d’au moins deux personnes, blessé dix autres et endommagé deux véhicules. Les autorités continuent de vérifier les informations pour établir un bilan définitif.

Cette attaque intervient peu de temps après celle du 13 février 2025, où le convoi du ministre de l’Enseignement supérieur, Bouréma Kansaye, a été visé près de Niéna, dans la région de Sikasso. Lors de cette précédente attaque, quatre gendarmes avaient été blessés, soulignant la persistance de la menace sécuritaire envers les représentants de l’État.
Les groupes terroristes, initialement actifs dans le nord et le centre du Mali, étendent désormais leurs opérations à d’autres régions, démontrant qu’aucune zone n’est épargnée. Cette situation met en évidence la nécessité pour les forces de sécurité de renforcer leurs efforts afin de contrer cette menace croissante.
L’attaque du convoi ministériel sur l’axe Kati-Soribougou s’inscrit dans cette tendance préoccupante, illustrant l’audace accrue des terroristes qui n’hésitent plus à frapper diverses régions du pays. Les autorités maliennes sont appelées à redoubler de vigilance pour protéger les représentants de l’État et la population civile face à cette menace persistante.

Aide américaine annulée : Les autorités de transition revendiquent leur souveraineté et recadrent Washington

Le Département de l’efficacité gouvernementale des États-Unis a annoncé, le 15 février 2025, l’annulation d’une subvention de 14 millions de dollars (environ 8,8 milliards de FCFA) destinée à soutenir la cohésion sociale au Mali. Cette décision a suscité une réaction immédiate du gouvernement malien.

Dans un communiqué daté du 24 février 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a exprimé sa surprise face à cette annonce, affirmant que le Mali avait, depuis deux ans, choisi de ne pas signer l’« Accord quinquennal de Subvention d’Objectif de Développement » avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID). Cette décision visait à préserver la souveraineté nationale et à s’assurer que les priorités et procédures d’exécution locales soient respectées. De ce fait, plusieurs projets, y compris ceux liés à la cohésion sociale, avaient été suspendus bien avant l’annonce américaine.
Le gouvernement malien a également dénoncé l’utilisation détournée de l’aide publique au développement, accusant certaines subventions de financer des réseaux terroristes et de porter atteinte à la souveraineté des États. Dans ce contexte, Bamako a appelé les autorités américaines à engager des poursuites judiciaires contre les individus impliqués dans le détournement de ces fonds à des fins subversives.
Par ailleurs, le Mali a salué la nouvelle orientation des autorités américaines visant à assainir et humaniser leurs subventions, tout en insistant sur la nécessité d’une coopération basée sur le respect mutuel et l’alignement sur les priorités nationales.
Cette situation dévoile les tensions persistantes entre Bamako et Washington concernant l’utilisation et la gestion de l’aide internationale, chaque partie affirmant son engagement envers la stabilité et le développement, mais divergeant sur les modalités et le respect de la souveraineté nationale.

L’AES se dote d’un drapeau : un symbole fort pour l’unité et la souveraineté au Sahel

La Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a franchi une étape importante dans son processus d’intégration régionale avec la présentation officielle de son drapeau. Cet événement a eu lieu à Bamako les 22 et 23 février 2025, lors d’une réunion ministérielle cruciale consacrée aux enjeux de défense, de sécurité, de diplomatie et de développement.

Le dévoilement du drapeau de l’AES constitue un moment historique pour les trois pays engagés dans cette initiative souverainiste. Arborant un fond vert, il porte en son centre un logo symbolisant l’unité et la résilience des peuples sahéliens. La couleur verte, souvent associée à la prospérité et à l’espoir, reflète aussi la richesse naturelle et l’ambition des États membres de bâtir une économie forte et autonome.
Ce drapeau incarne l’engagement du Burkina Faso, du Mali et du Niger à renforcer leur coopération et à s’affranchir des contraintes géopolitiques extérieures. Il traduit leur volonté de consolider une intégration sous-régionale fondée sur des valeurs communes de solidarité et d’indépendance politique.
Au-delà de la présentation du drapeau, la réunion ministérielle de Bamako a été l’occasion pour les dirigeants des trois pays de faire le point sur les avancées de la Confédération et de coordonner leurs actions face aux défis sécuritaires et économiques.
L’un des sujets centraux des discussions a été la lutte contre le terrorisme, une menace persistante dans la région. Les représentants des ministères de la Défense et de la Sécurité ont salué les succès des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) des trois États, mettant en avant les résultats obtenus par la Force unifiée de l’AES, récemment mise en place pour assurer une meilleure coordination militaire.
Les ministres ont réaffirmé leur détermination à poursuivre cette coopération sécuritaire et à intensifier les efforts pour stabiliser la région. Ils ont rendu hommage aux soldats et aux populations victimes du conflit et ont insisté sur l’importance de renforcer les moyens militaires et logistiques pour faire face aux menaces.
L’AES veut parler d’une seule voix sur les dossiers internationaux. Les ministres ont insisté sur la nécessité de renforcer les consultations politiques et diplomatiques afin de mieux défendre les intérêts de la Confédération sur la scène africaine et mondiale.
Cette approche commune vise notamment à éviter l’isolement politique et à contrer les pressions extérieures. Elle s’inscrit dans une dynamique panafricaniste qui prône une souveraineté renforcée des États du Sahel et une coopération régionale indépendante des ingérences extérieures.
Développement économique : bâtir un avenir prospère
L’un des piliers fondamentaux de cette réunion a été la question du développement économique. Les discussions ont porté sur la mise en place de projets structurants destinés à accélérer la croissance des pays membres. Parmi les initiatives envisagées figurent la création d’une banque confédérale pour financer les grands projets d’infrastructure et d’investissement, ainsi que le lancement d’une compagnie aérienne régionale visant à améliorer la connectivité entre les trois États.
Les ministres ont également abordé les stratégies visant à renforcer les infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie, des mines et des transports. L’objectif est de créer un environnement économique favorable au développement des entreprises locales et à l’essor de l’industrialisation dans la région.
AES et CEDEAO : vers une nouvelle ère de relations ?
Le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), acté le 28 janvier 2024, a marqué une rupture dans les relations sous-régionales. Lors de cette réunion ministérielle, les représentants des trois pays ont examiné les prochaines étapes du dialogue avec la CEDEAO.
Ils ont réaffirmé leur attachement aux valeurs de fraternité et de coopération avec les autres États de l’Afrique de l’Ouest, malgré les divergences politiques. L’AES entend mener des négociations avec la CEDEAO dans un esprit constructif, tout en préservant les intérêts de ses populations et en garantissant leur souveraineté politique et économique.
La réunion ministérielle de Bamako a permis de poser des bases solides pour l’avenir de l’AES. Elle a démontré la détermination des trois États membres à renforcer leur intégration et à consolider leur indépendance sur les plans politique, militaire et économique.
Le drapeau de la Confédération devient ainsi le symbole d’une nouvelle ère pour le Sahel, une ère marquée par la résilience, l’unité et l’ambition de bâtir une alliance régionale forte et prospère.