Orange Mali lance les « Rendez-vous Orange »

L’hôtel Radisson Collection de Bamako a servi de cadre vendredi 17 mai 2024 au lancement des « Rendez-vous Orange » autour d’un petit déjeuner avec les représentants des médias. L’opérateur de téléphonie mobile a profité pour mettre en lumières ses différentes initiatives innovantes dans la promotion du développement durable, à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information.

Les « Rendez-vous Orange » sont des rencontres trimestrielles entre Orange Mali et l’ensemble des acteurs du monde la presse au Mali notamment les grands regroupements, associations et faitières de presse, l’ensemble de la presse écrite et la presse en ligne, les radios, les télévisions, et les blogueurs et influenceurs. « Ces rencontres auront lieu tous les 3 mois avec le monde des médias pour présenter de manière originale, les actions d’Orange Mali réalisées au cours du trimestre mais également, pour faire un focus sur nos axes stratégiques tels qu’entre autres l’innovation, la dimension citoyenne et responsable, l’engagement pour un Mali numérique, le service client », a expliqué Fatoumata Sangaré Doucouré, Cheffe de division communication institutionnelle et sponsoring d’Orange-Mali. Cette édition inaugurale des « Rendez-vous Orange » a coïncidé avec la célébration de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information, célébrée chaque année le 17 mai, dont le thème cette année était « l’innovation numérique au service du développement durable ». Orange Mali a donc saisi l’occasion pour présenter certains de ses projets innovants et impactant mis en œuvre par ses différentes Directions. Il s’agit de la de la solarisation des sites ruraux (100% dans le grand Nord du Mali) et le taux d’énergie renouvelable, du projet de fermes solaires et Orange Energies à travers la Direction de la Stratégie et des grands projets, des services dédiés au monde rural ( M-Agri et Kounafoni), la sensibilisation aux méfaits de l’internet dans les écoles à travers la Division, RSE, le déploiement des écoles numériques dans les différentes localités du pays à travers la Fondation Orange. De 2018 à 2023, 105 écoles numériques ont été déployées à travers le Mali, avec près de 60.000 élèves et enseignants bénéficiaires, représentant un investissement de plus de 235 millions FCFA. Orange Digital Center, un centre qui réunit dans un même espace plusieurs programmes stratégiques ( Orange Digital Kalanso, Orange Fab, Fab Lab Solidaire, ODC Multimédia et Orange Ventures Africa) ayant pour but la favorisation de l’inclusion numérique et booster l’employabilité des jeunes du Mali, a été également présenté aux hommes de média. Plusieurs entrepreneurs ayant participé au projet OSE (Orange soutient l’entreprenariat) ont été également récompensés par la remise de trophées lors de ce premier « Rendez-vous Orange ». Il s’agit entre autres de « Santé Mobile », une start up spécialisé dans la fourniture de soins et d’infirmiers à domicile, de « Succes Way Mali », une entreprise de placement d’étudiants maliens dans les universités à l’étranger, de l’entreprise « Diarra Agriculture », d’ « Akalan », une plateforme de E-learning et de la pharmacie « M’pewo ». Le projet « OSE » initié depuis 3 ans met en exergue l’entreprenariat malien et célèbre la semaine mondiale de l’Entreprenariat.

Pèlerinage 2024 : baisse du taux d’inscription

Pour assurer une meilleure organisation du pèlerinage à La Mecque, les autorités saoudiennes ont décidé d’arrêter le processus de délivrance des visas pour le Hadj 2024 dès le 24 mars 2024. Les premiers pèlerins maliens doivent entamer le voyage ce 23 mai 2024, dans un contexte particulier, car le quota alloué n’a pas été atteint. Ce qui pose quelques défis aux acteurs de la filière privée, notamment.

« Les préparatifs se déroulent normalement malgré le chronogramme », déclare Dr Abdel Fatah Cissé, Directeur général de la Maison du Hadj. Selon lui, ce chronogramme serré fait partie des nouvelles mesures envisagées par les autorités saoudiennes qui ont entraîné un démarrage des préparatifs dès le mois de juin 2023. Mais, à ce jour, le quota des 13 323 pèlerins accordé au Mali n’a pas été atteint et le taux d’inscription pour ce Hadj 2024 est de 80%. Malgré cet « objectif non atteint », les préparatifs sont bien avancés, autant sur le plan administratif que sur le plan de la formation des pèlerins.

Si les raisons de cette « faible affluence » sont à chercher dans « la chute du pouvoir d’achat due à la hausse des prix généraux sur le marché », ainsi que la crise multiforme que connaît le Mali, cette situation entraîne un risque supplémentaire pour les organisateurs privés du Hadj. En effet, compte tenu des exigences des autorités saoudiennes, les organisateurs privés ont voulu anticiper et, en fonction des quotas, ont « procédé à des préfinancements ». Avec les inscriptions limitées, « cela risque de plonger des agences dans des déficits incalculables pour leurs activités », explique Mme Cissé Fatimata Kouyaté. Présidente de l’Association malienne des agences de voyage et de tourisme (AMAVT).

Coût prohibitif ?

Pour les pèlerins de la filière gouvernementale, il faut débourser la somme de 4 166 425 francs CFA et pour ceux de la filière privé la somme de 4 675 000 francs. Des sommes colossales qui ne sont pas à la portée de tous, surtout dans un contexte de crise et de renchérissement des coûts. C’est au même moment que les organisateurs du Hadj ont décidé de mettre en place de nouvelles dispositions, ramenant le délai de clôture pour les inscriptions seulement quelques jours après le début du mois de Ramadan. Il faut dire que les autorités saoudiennes sont dans une dynamique d’augmentation constante du taux des pèlerins. Pour la Omra cette année, 13,55 millions de Musulmans ont effectué le déplacement sur les lieux saints durant le mois de Ramadan, soit une augmentation de 58%. D’ici 2030, les autorités saoudiennes visent 30 millions de visiteurs pour la Omra et 5,4 millions pour le grand pèlerinage.

Dialogues et assises : des recommandations qui peinent dans leur mise en œuvre

Après chaque dialogue ou assises, la question de la mise en œuvre des recommandations revient très souvent. Quel est l’état de mise en œuvre des recommandations des précédents fora ?

Il y a un peu plus d’un an, le 8 mai 2023, le Coordinateur du Comité indépendant de suivi-évaluation pour la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation, CINSERE-ANR, Me Amadou Tiéoulé Diarra, a remis un rapport au Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita. Selon ce document, sur les 55 actions prioritaires des Assises nationales de la refondation, 12 avaient été réalisées, soit un taux 21,82%. Ces recommandations portaient entre autres sur : la recomposition du Conseil national de la transition; la relecture de la loi électorale; l’intégration d’imprescriptibilité des actions en matière de délinquance financière dans le Code de procédure pénale; la simplification de la procédure d’obtention et de délivrance de la carte Nina en nationalisant sa confection; la poursuite de l’équipement des FAMa ou encore l’instauration du service militaire obligatoire pour les nouvelles recrues. 34 sur les 55 étaient en cours de réalisation, selon le Coordinateur. À l’issue des Assises nationales de la refondation organisées en décembre 2021, 517 recommandations avaient été formulées. En 2019 s’est tenu le Dialogue national inclusif. Les participants se sont concertés du 11 au 30 décembre sur six thématiques (Paix, sécurité et cohésion sociale, Politique et institutionnel, Gouvernance, Social, Économie et finances et enfin Culture, jeunesse et sport). Les actions à réaliser ont été classées par priorité : court, moyen et long terme. Toutefois, les participants ont surtout retenu quatre résolutions fortes. Ils ont ainsi recommandé l’organisation des élections législatives (avant le 2 Mai 2020); l’organisation d’un référendum pour la révision de la Constitution du 25 février 1992; le redéploiement immédiat des forces armées et de sécurité reconstituées sur l’ensemble du territoire; la relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale selon son article 65 ainsi que la négociation avec Hamadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali (dirigeants de groupes armés liés à Al-Qaïda) pour « ramener la paix au Mali ». Les législatives se sont bien tenues les 29 mars et 19 avril pour le second tour, mais une crise post-électorale s’en est suivie, conduisant jusqu’au coup d’État contre le Président IBK en août 2020. Deux ans avant le Dialogue national inclusif, les autorités avaient organisé la Conférence d’entente nationale en 2017. Plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de cette CEN, dont notamment d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques; de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes ou encore de négocier avec Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, les chefs du groupe terroriste JNIM. C’est alors que ces recommandations peinaient dans leur mise en œuvre que s’est tenu le DNI.

Transition : nouveau cap après les recommandations du dialogue inter-Maliens ?

Le rapport général final du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a été remis au président de la Transition le 13 mai 2024, trois jours après la fin des travaux de la phase nationale. Plus de 300 recommandations ont été retenues. Leur mise en œuvre pourrait constituer une nouvelle phase de la transition dont la prolongation semble déjà actée.

Quand le président de la transition annonçait le 31 décembre 2023 la tenue d’un dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, suivi dans la foulée de la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il était attendu que le nouveau dialogue aboutisse à une alternative au défunt Accord et ouvre une nouvelle phase dans le processus de paix.

Mais dès la phase communale, certaines propositions de recommandations enregistrées semblaient sortir de l’objectif annoncé qui était de diagnostiquer les causes des conflits intra communautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable, recoudre le tissu social et renforcer le vivre-ensemble.

Pour l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP) de Bamako, Dr. Ahmadou Touré, l’objectif réel du dialogue, tel qu’annoncé dans le discours du président de la transition n’a pas été atteint.

« Dès qu’on sort de l’Accord pour la paix et la réconciliation, il faut retrouver un mécanisme de reconfiguration et faire ramener tous les Maliens sous la couverture de la paix et de la réconciliation. Or les groupes armés n’ont pas été présents à ce dialogue et la question du développement entre le nord et le sud n’a pas été posée », souligne-t-il.

Recommandations diverses

Les propositions de base relatives entre autres à la prolongation de 2 à 5 de la transition, à la candidature du président de la transition à la prochaine élection présidentielle et à l’élévation au grade de général de division des colonels de l’ex-CNSP en plus du Colonel Abdoulaye Maiga ont été retenues à l’issue de la phase nationale et figurent dans les recommandations finales.

Parmi les autres recommandations recueillis par le comité de pilotage à travers les 5 thématiques définies, on peut également retenir la relecture de la charte de la transition ainsi que celle des partis politiques en vue de réduire leur nombre et de supprimer l’aide publique de l’Etat qui leur était destiné, l’ouverture du dialogue doctrinal avec les groupes armés dits djihadistes, la dissolution des milices et les groupes d’auto-défense et la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants ou encore l’engagement d’un dialogue avec tous les mouvements armés maliens.

Les participants au Dialogue inter-Maliens ont aussi recommandé de créer un cadre de concertation entre les pouvoirs publics, les partis politiques, la société civile, les légitimités traditionnelles, en vue d’un consensus autour de la Transition, de dépolitiser l’Administration par l’introduction des règles de bonne conduite et un système de choix axé sur l’enquête de moralité des agents de l’Etat, d’ accélérer l’opérationnalisation des nouvelles entités territoriales (régions, cercles, arrondissements et Communes) et d’opérationnaliser les coordinations de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) dans les nouvelles régions.

Ils ont en outre recommandé la réduction du train de vie de l’Etat, l’amélioration de la bonne gouvernance, la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, l’installation des postes de sécurité dans les points sensibles sur la Route RN15, l’établissement d’une forte coopération entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) des pays de l’AES ou encore le renforcement de la diplomatie avec les pays de l’Asie et du Golfe.

« Les recommandations sont vagues. Elles doivent être retravaillées pour voir si elles peuvent s’inscrire sur la durée, si elles sont objectivement transposables dans les faits, et si elles ont un intérêt pour le pays. Ce travail n’a pas été fait », pense Soumaila Lah, analyste politico-sécuritaire, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité.

Quid de la mise en œuvre ?

Le comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation n’a pas défini de chronogramme spécifique pour la mise en œuvre des différentes recommandations faites lors des assises. Mais en se basant sur le nombre important de ces recommandations, on peut estimer que leur entière mise en œuvre va s’étaler sur plusieurs mois ou années.

« Pour ma part, j’engage les organes de la Transition à prendre les dispositions qui s’imposent pour la mise en œuvre diligente et le suivi des recommandations que vous avez formulées au nom du peuple malien, en gardant constamment à l’esprit la défense de ses intérêts vitaux », a indiqué le président de la Transition dans son discours de clôture des travaux le 10 mai 2024.

« Ce rapport ne signifie  pas la fin du processus, mais le début d’une mise en œuvre rigoureuse des résolutions et recommandations pour réaliser les aspirations profondes du peuple malien à la paix, à la réconciliation et au développement durable », a-t-il insisté par la suite lors de la remise du rapport final.

A l’instar des Assises nationales de la Refondation et comme recommandé à l’issue du Dialogue, une structure pour le suivi et l’évaluation des recommandations devrait très rapidement être mise en place. Selon un membre du comité de pilotage, il appartient désormais au président de la Transition d’examiner les différentes recommandations et de donner les instructions pour leur mise en œuvre selon les priorités.

« Il va de soi que les autorités de la Transition vont diligenter la mise en œuvre de certaines recommandations plutôt que d’autres. La prolongation de la transition par exemple devrait être assez rapidement formalisée tandis que la réduction du train de vie l’Etat ne sera probablement pas effectif à court terme », glisse un analyste.

Prolongation « légitimée »

Pour certains, dès le départ l’objectif principal de l’organisation du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation était une nouvelle prolongation de la transition. « Ce dialogue est un outil comme tant d’autres qui ont été utilisés au moment de l’adoption de la Charte de la Transition ou encore des Assises nationales de la refondation. Tous les canaux de discussion qui ont eu lieu depuis le début de cette Transition n’ont servi qu’à légitimer des causes déjà connues à l’avance et le Dialogue inter-Maliens ne fera pas exception à cette règle », confiait récemment dans nos colonnes, l’analyste politique et enseignant-chercheur à l’Université Paris-13, Dr. Amidou Tidjani.

Comme lui, maître Cheick Oumar Konaré s’interroge également sur la finalité réelle  du Dialogue. « A ce que je sache , il n’y avait pas dans les thématiques annoncées par le dialogue, la question de la prorogation de la durée de la transition ni celle de la candidature du colonel Assimi Goita aux prochaines élections. Je pense que ces deux thèmes se sont invités dans les débats et que le dialogue a traité de quelque chose qui n’était pas parmi les sujets à traiter », souligne l’avocat.

Par ailleurs, plusieurs acteurs politiques qui avaient boycotté le dialogue ont fustigé les conclusions et recommandations.

Sécurité : face aux FAMa, les redditions de terroristes se multiplient

Face à la dynamique offensive des Forces armées maliennes (FAMa) enclenchée depuis quelques mois, de plus en plus de groupes ou de combattants terroristes sont contraints à la reddition.

Sale temps pour les groupes armés terroristes qui sévissaient depuis des années, sans être véritablement inquiétés, dans la plupart des régions du nord et du centre. Engagée dans une mission de sécurisation complète du territoire national et dans une lutte sans merci contre le terrorisme depuis un moment, l’armée malienne, de mieux en mieux équipée pour mener la guerre, semble avoir pris le dessus.

Au moins cinq importants chefs terroristes ont été neutralisés au cours des deux derniers mois dans les régions du nord et du centre du pays. Ces neutralisations ont été suivies de redditions de groupes et de combattants terroristes.

Le 30 avril, l’armée a annoncé la reddition deux jours plutôt d’un important groupe armé à Aguel Hoc, dans la région de Kidal. « Ces hommes armés se sont présentés pour rendre volontairement tous leurs équipements, constitués de 5 véhicules, de matériels de guerre composés de mitrailleuses, de munitions et de divers équipements militaires », a indiqué le communiqué de l’État-major.

Deux semaines après, selon toujours l’État-major de l’armée, le 12 mai, deux autres combattants, dont l’un des chefs terroristes du fuseau Ansongo, se sont également rendus aux FAMa avec leurs armes et autres effets militaires lors d’une opération de reddition qui « a eu lieu sans incident ».

Coups durs pour le terrorisme

Selon des analystes, les redditions aux FAMa des groupes terroristes qui se multiplient peuvent s’expliquer par plusieurs raisons. « Nous avons le fait que depuis un certain temps l’étau est en train de se resserrer autour de ces groupes, ce qui n’est pas étonnant, parce qu’il y a de grosses manœuvres militaires qui se produisent dans plusieurs zones du pays. En plus, beaucoup de chefs terroristes ont été dernièrement neutralisés, contribuant au fait que la base n’a plus de commandement et préfère se rendre », soutient Maciré Diop, journaliste et analyste sécuritaire.

À en croire ce spécialiste des groupes armés terroristes, ces redditions portent un important coup à la dynamique des GAT présents dans le nord et au centre du pays et auront beaucoup d’impact dans la lutte contre le terrorisme sur l’ensemble du territoire national.

« De plus en plus de mouvements terroristes vont perdre des combattants et, au fur et à mesure, cela peut aller jusqu’à ce qu’ils ne soient complètement réduits et contraints à la disparition », estime-t-il.

Quels avantages pour l’armée ?

Alors qu’elle multiplie les offensives sur le terrain et bénéficie de plus en plus de renseignements précis sur l’organisation, la planification et même les déplacements des différents groupes armées terroristes à travers le pays, l’armée malienne pourrait encore mieux peaufiner sa stratégie et obtenir plus de résultats efficaces dans ses futurs opérations à partir des redditions de ces groupes.

« Avec ces redditions, l’armée fait des prisonniers et peut avoir une idée sur les prochaines actions et la maîtrisé même de ces groupes, de leurs chefs, de comment ils évoluent sur le terrain, entre autres. Cela lui permettra également de pouvoir porter un coup beaucoup plus important à ces groupes. Je pense que cela crée aussi un effet dissuasif, c’est un facteur de démobilisation des autres combattants au niveau de ces groupes », avance Maciré Diop.

Mais, au même moment où elle pourrait tirer des avantages de ces groupes terroristes et des combattants qui déposent les armes, l’armée court aussi le risque d’éventuelles infiltrations terroristes en son sein. Nos tentatives auprès de la Dirpa pour davantage d’informations sur les dispositions prises pour s’assurer de la « bonne foi » des «terroristes repentis » et de leur sort après leur reddition n’ont pas abouti.

Maïs : le Bénin interdit son exportation vers ses voisins

Au Bénin, les prix du maïs connaissent une hausse importante. Une situation qui a conduit les autorités à interdire l’exportation de cette céréale. La mesure vise à assurer un approvisionnement correct du marché et une disponibilité du produit pour les consommateurs. Cette interdiction d’exporter vers les pays voisins pourrait entraîner une tension autour de cette denrée, essentielle à la consommation humaine et animale dans la zone.

L’exportation incontrôlée du produit vers les pays voisins aurait conduit à une rareté et une cherté inédites du produit. Pour stabiliser cette situation et rendre le maïs accessible aux populations, les autorités ont décidé d’interdire la sortie du produit jusqu’à nouvel ordre, selon plusieurs médias. Intervenant en avril dernier sur la question, le ministre béninois de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, avait expliqué les tensions autour du maïs. Selon lui, c’est à la faveur de l’interdiction d’importer des produits carnés, il y a deux ans, que les éleveurs de poulets ont voulu constituer des stocks de maïs pour leurs élevages. Une situation qui a amené les commerçants à entamer des spéculations. La deuxième raison, toujours selon le ministre, est d’ordre exogène. Elle émane de la forte demande de la zone du Sahel, devenue grande consommatrice de cette céréale. Or « le corridor le plus sécurisé est celui du Bénin », a-t-il soutenu. Citant notamment le Nigeria, il a estimé que ce pays avait besoin du maïs béninois, malgré sa grande production, compte tenu de l’importance de ses élevages.

Forte demande du Sahel

« Les sorties massives et frauduleuses vers les pays de l’Interland (Burkina Faso, Mali, Niger) » seraient la cause de cette hausse de prix. Malgré une hausse régulière de sa production, qui est passée de 1 100 000 tonnes environ à 1 800 000 tonnes, avec des besoins autour de 1 000 000 de tonnes, les spéculations et la forte demande ont fait grimper les prix. Cette mesure d’interdiction « jusqu’à nouvel ordre », selon les autorités, est une mesure de précaution, qui vise à protéger le stock national de sécurité.

Estimée à 4,1 millions de tonnes pour la campagne 2023-2024, la production malienne de maïs reste la plus importante, devant le riz (3 millions de tonnes), le mil et le sorgho. Le pays prévoit une hausse d’environ 12% de sa production céréalière pour la campagne 2024-2025. Le deuxième producteur de céréales en Afrique de l’Ouest après le Nigeria avait aussi adopté une mesure d’interdiction d’exporter en 2021 pour éviter une pénurie.

Banque – Assurance : AFG Group dévoile les nouvelles identités visuelles de ses filiales au Mali

Au Mali, AFG est présente à travers la BICIM qui devient AFG Bank et Atlantique Assurances qui sera désormais AFG Assur. La cérémonie de rebranding a été officialisée ce jeudi 9 Mai 2024 à Bamako en présence du ministre de l’Industrie et du Commerce.

Atlantic Financial Group (AFG), la holding bancaire du milliardaire ivoirien Koné Dossongui a procédé au changement de nom et d’identité visuelle de son pôle financier au Mali. Ainsi, ses filiales bancaires et assurancielles seront respectivement identifiées par l’appellation d’AFG Bank et AFG Assur. « Nous avons 7 banques, 5 compagnies d’assurances il était important pour le groupe d’harmoniser et d’affirmer son identité » a expliqué Raoul Yapo, directeur général adjoint chargé des assurances.

Avec à son compteur au moins 13 agences au plan national, la BICIM se taille une place de choix dans le financement de l’économie. Ce rebranding entre dans le cadre du programme de modernisation et de transformation digitale d’Atlantic Financial group. Comme la banque, Atlantique Assurance entend également tisser sa nouvelle toile avec ce changement, pour être encore plus près de sa clientèle. L’objectif de ce changement de nom est une vision de leadership pour les deux secteurs d’activité. Présent à la cérémonie de rebranding, le ministre du commerce a lancé un appel pour le financement des PME et PMI qui sont selon lui le socle de l’économie nationale, représentant 80% de cette économie. D’après le Directeur général d’AFG Bank Mali, la banque a financé à plus de 100 milliards de FCFA les titres d’Etat et à plus de 150 milliards de FCFA contre 60 milliards à la reprise les particuliers.

Holding Financière de Atlantic Group fondée par l’homme d’affaires Ivoirien Koné DOSSONGUI il y a plus de 40 ans, AFG est active dans le secteur bancaire francophone et compte aujourd’hui six (6) filiales bancaires, cinq (5) filiales d’assurances, deux (02) banques d’affaires (AFG Capital CEMAC & Ile Maurice) et une entité technologique (Digital Business Solutions).

FAMa : la dynamique offensive

Depuis plusieurs mois, les Forces armées maliennes (FAMa), engagées dans la sécurisation de l’ensemble du territoire national, multiplient la traque des groupes armés terroristes. Ces opérations, qui ont permis la neutralisation d’importants chefs terroristes ces dernières semaines, s’intensifient dans la zone des trois frontières, où ces groupes armés radicaux semblent de plus en plus acculés.

Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, avait donné le ton le 14 novembre 2023, après la reprise de Kidal par l’armée malienne à la suite d’un raid déclenché quelque jours plus tôt en direction de la ville, contrôlée depuis plusieurs années par les groupes armés rebelles.

« Notre mission n’est pas achevée. Dans les jours qui viennent, nos FAMa poursuivront leurs interventions et bénéficieront de toute la confiance de notre vaillante peuple », avait averti Assimi Goïta, rappelant que cette mission consistait à « recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité ». « Cette opération n’a pas d’autres buts que la lutte contre le terrorisme et la sécurisation de notre pays », avait assuré le Président de la Transition.

Depuis, dans cette lutte contre le terrorisme, les Forces armées maliennes maintiennent une dynamique offensive, avec des résultats significatifs.

Chefs terroristes neutralisés

Au moins cinq importants chefs terroristes ont été neutralisés au cours des deux derniers mois dans les régions du nord et du centre du pays. Le 29 avril 2024, l’armée a annoncé avoir tué Abou Houzeifa, alias Hugo, haut responsable de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), au cours d’une opération de grande envergure dans le Liptako-Gourma. La tête de ce terroriste étranger, « auteur de plusieurs exactions sur les populations civiles innocentes et d’attaques contre les Forces armées des pays de l’AES et des forces étrangères », avait été mise à prix par les États-Unis pour sa responsabilité dans la mort de quatre soldats américains des Forces spéciales au Niger en 2017.

« Sa disparition pourrait être un coup dur pour l’État islamique au Grand Sahara, tant sur le plan moral que logistique, c’est-à-dire la capacité de l’EIGS d’organiser et d’élaborer de nouvelles embuscades contre l’armée », estime l’analyste sécuritaire Dr Ahamadou Touré. Pour ce chercheur en Sciences politiques, paix et sécurité, la neutralisation d’ Abou Houzeifa pourrait également impacter l’architecture militaire de l’EIGS. « Cette architecture pourrait connaitre une déstabilisation temporaire durant le temps de deuil et avant la nomination d’un nouveau chef militaire », analyse-t-il.

Une semaine avant la mort d’Hugo, un autre terroriste, Akalifa Sawri, a été neutralisé entre Douetiré et Acharane, dans la région de Tombouctou. « Ce redoutable criminel impliqué dans toutes les attaques contre les FAMa, y compris des tirs d’obus et des braquages contre les civils le long de la route Tombouctou – Goundam, était vivement recherché », a indiqué dans un communiqué l’État-major général des FAMa le 22 avril.

Dans un autre communiqué, en date du 18 avril 2024, l’armée a annoncé la neutralisation le 12 avril d’Ali Sékou alias Diouraydi, chef terroriste du secteur de Dogo, dans la zone de Youwarou, ainsi que de plusieurs autres terroristes aux environs de Laounia, dans la région de Mopti. À en croire l’État-major général des armées, ce terroriste vivement recherché, qui était l’adjoint d’un autre chef terroriste, Hassane Alias Cheik Oumar, était responsable de plusieurs exactions sur les populations et de pose d’engins explosifs improvisés (EEI) dans le secteur.

La mort d’Ali Sékou alias Diouraydi a été suivie quatre jours plus tard, le 16 avril, de l’interpellation à Niono d’Almahdi Ag Almahmoud, un autre « chef terroriste de renommée ». L’offensive, menée au nord-est de Niono, a également permis la découverte de deux refuges des groupes armés terroristes et la saisie d’un important lot de matériel de guerre, composé entre autres de grenades artisanales, de munitions 12,7mm, de tenues et rangers militaires, de batteries et de détonateurs, a indiqué l’armée.

Un mois plus tôt, le 18 mars, les FAMa neutralisaient un autre chef terroriste, Boura Lobbi, originaire du village de Tana, qui sévissait dans une grande partie de la région de Douentza, particulièrement au nord, jusqu’à Diona. « Il a été tué ainsi que plusieurs de ses gardes au cours d’un accrochage avec les FAMa dans la forêt de Niabi. Ce chef terroriste, auteur de plusieurs exactions sur les populations et d’attaques contre les FAMa dans la région de Douentza et activement recherché, a été formellement identifié parmi les terroristes neutralisés », précise un communiqué de l’armée en date du 8 avril.

En janvier dernier, Aboul Wahab Ould Choghib, l’un des plus grands dirigeants de l’EIGS, ainsi que deux de ses lieutenants avaient été également neutralisés par l’armée malienne. La mort de ce chef terroriste, principal instigateur du massacre de plusieurs centaines de civils dans la région de Ménaka entre 2022 et 2023, ayant occasionné le déplacement de milliers d’autres civils, est intervenue après celles d’autres figures de ce groupe, survenues au début du mois de décembre 2023. Parmi elles, l’émir militaire de l’EIGS Oussama Dallo alias Modallo.

Zone des 3 frontières ciblée

Dans la nouvelle dynamique enclenchée depuis quelques mois par l’armée malienne dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du territoire national, les offensives se multiplient dans la Zone des trois frontières, avec le Burkina Faso et le Niger, dans le cadre des opérations de la Force conjointe de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Si des opérations conjointes, d’une part entre le Mali et le Burkina Faso et de l’autre entre le Mali et le Niger, se menaient déjà ces dernières années, elles se ont intensifiées, avec des résultats plus probants depuis la création de la Force conjointe de l’AES, en mars dernier, même si jusqu’à présent ces opérations ne sont pas menées sous un commandement commun.

En avril, au moins trois grandes opérations coordonnées des trois armées dans cette zone ont conduit à la neutralisation de plusieurs groupes terroristes et à la destruction d’importantes bases logistiques.

Selon les informations de l’État-major général des armées du Mali, le 13 avril 2024 dans le secteur de Douna, à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, une action conjointe impliquant des vecteurs  maliens et burkinabé a permis de démanteler une importante base logistique.

Le même jour, une importante quantité de matériels de guerre a été détruite, ainsi que plusieurs terroristes neutralisés, aux environs du village de Hourara, situé à environ 12 km au nord-ouest de Labbezanga, à la frontière entre le Mali et le Niger.

Trois jours plus tôt, le 10 avril, la coordination entre les armées malienne et nigérienne a permis de procéder à une frappe nigérienne qui a détruit un important lot logistique et neutralisé plusieurs terroristes dans la zone de Amalawlaw, dans le secteur de Labbezanga.

« C’est dans cette partie frontalière que l’on a une présence marquée des hommes de l’État islamique. Donc il faut comprendre que les trois armées veulent réduire de façon drastique les capacités de nuisance de ce groupe terroriste. Jusqu’ici, c’est Al-Qaïda qui a le plus subi de pertes. Les récentes opérations se concentrent davantage sur l’État islamique », expliquait récemment dans nos colonnes Dr Aly Tounkara, Directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S).

Mais si les FAMa enchainent et réussissent des opérations portant des coups durs à l’organisation et à la capacité de nuisance de l’État islamique dans le Liptako-Gourma, elles ne sont en retour pas à l’abri des ripostes, mais aussi d’autres attaques venant du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans ( JNIM) et de la menace des groupes rebelles du CSP-DPA.

Sans actions d’envergure depuis leur défaite à Kidal, ces derniers, désormais tournés de nouveau dans une lutte indépendantiste, préparent activement leur retour au combat contre l’armée malienne et sur tout le territoire malien.

FAMa : les dépenses militaires ont explosé

Selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), dont les données font autorité concernant les dépenses militaires, le Mali a déboursé en 2023 un peu plus de 727 millions de dollars, soit un peu plus de 443 milliards de francs CFA.

Une augmentation de 24,91% par rapport à 2022, durant laquelle les dépenses ont été évaluées à 582 millions de dollars. Outre les achats d’équipements militaires, SIPRI inclut toutes les dépenses publiques pour les forces armées et les activités militaires, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l’administration centrale, le commandement et le soutien.

Depuis ce que les autorités nomment « la rectification » de la Transition, plusieurs équipements militaires ont été achetés, sans que leurs coûts ne soient toutefois communiqués. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a par exemple reçu le 16 mars 2023 des aéronefs militaires de combats et de surveillance L39 et TB2. Cette remise faisait suite de celle d’une autre vingtaine d’aéronefs, livrés le 19 janvier 2023, et le lancement des travaux de construction du camp moderne de dernière génération de Bougouni, dont la pose de la première pierre a eu lieu le 14 mars 2023.

D’après un autre rapport de SIPRI paru en 2023, sur la période 2018 – 2022, la plus forte hausse des importations d’armes au sud du Sahara a été enregistrée au Mali. Plus de 210% en comparaison avec les cinq années précédentes. La Russie a été le principal fournisseur du Mali au cours de cette période. Mais le Mali s’approvisionne aussi auprès d’autres pays, notamment la Turquie, avec des drones TB2 qui font partie des fleurons en la matière. Le gouvernement en a réceptionné une vingtaine le 4 janvier dernier. Ce qui fait aussi le succès de ce drone, outre son utilisation très simple, est son prix. Selon le site spécialisé Fortune.com, il est estimé à 1 million de dollars pièce, soit un peu plus de 618 millions de francs CFA. Même si les dépenses militaires maliennes sont importantes, elles sont loin derrière celles du voisin algérien. Les dépenses militaires de l’Algérie ont augmenté de 76% pour atteindre 18,3 milliards de dollars. Il s’agit du niveau de dépenses le plus élevé jamais enregistré par l’Algérie et cela s’explique en grande partie par une forte augmentation des recettes issues des exportations de gaz vers les pays d’Europe, à mesure que ces derniers se sont éloignés des approvisionnements russes.

Dialogue inter-Maliens : quelles recommandations politiques finales ?

Le Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale en est à sa phase ultime. Après les étapes communale et régionale, les travaux au niveau national, ouverts en début de semaine, vont prendre fin ce vendredi 10 mai 2024. En attendant les conclusions finales, un point sur les recommandations recensées par la commission en charge des questions politiques et institutionnelles.

Le rapport de la commission en charge des questions politiques et institutionnelles, réunie les 6 et le 7 mai pour procéder à la synthèse des différentes recommandations émises au niveau des bases, a été présenté en plénière le 8 mai, en présence des membres du Comité de pilotage et des délégués venus de toutes les régions et de la diaspora. Au total, 64 recommandations ont été retenues. On peut les classer en plusieurs sous-thèmes.

Au plan institutionnel et de la gouvernance, la commission recommande entre autres de « mettre en adéquation la démocratie avec la modernité, nos valeurs traditionnelles, nos us et coutumes », de « dynamiser le cadre existant de concertation entre la société civile, les partis politiques et les autorités de la transition » et de « créer un cadre de concertation entre le pouvoir politique, les partis politiques, la société civile et les légitimités traditionnelles en vue d’un consensus autour de la transition ».

Des recommandations vont aussi dans le sens d’une amélioration de la gouvernance par le respect des textes en vigueur et la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, l’impunité, le népotisme et le tribalisme. La commission met par ailleurs en avant la réduction du train de vie de l’État et la limitation à 25 du nombre des membres du gouvernement.

Questions électorales

Plusieurs autres recommandations sont liées à l’organisation des élections. Les participants proposent notamment d’organiser une révision exceptionnelle des listes électorales pour prendre en charge les réfugiés, les personnes déplacées internes et les nouveaux majeurs, de prendre les dispositions pour organiser des élections libres, transparentes et crédibles dans un « délai raisonnable et réaliste », avec possibilité de candidature pour tous les citoyens pour marquer la fin de la transition, et de développer des stratégies de mobilisation pour une participation massive des citoyens aux élections.

Pour ces joutes électorales, la recommandation est apparue dès la phase communale. Elle est maintenue et figurera très probablement dans les conclusions finales : la candidature du Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle  et la prorogation de  la durée de la transition de 2 à 5 ans, « afin de consolider la reconquête du territoire national et la lutte contre le terrorisme ».

Par ailleurs, une opérationnalisation des coordinations régionales de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) dans les nouvelles régions et l’exigence d’un niveau d’instruction minimum pour les candidats aux fonctions électives sont aussi recommandées.

Partis politiques et associations

L’avenir des partis politiques a été également discuté au cours des débats. Alors que certains seraient pour leur dissolution pure et simple, les recommandations vont plutôt dans le sens de quelques changements notoires, notamment la relecture de  la loi No05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques, le durcissement de leurs conditions de création et de fonctionnement ainsi que la réduction de leur nombre et la suppression du financement public à leur endroit.

Quant aux associations, la commission retient parmi les recommandations de relire la loi No04-038 du 5 août 2004 modifiée relative aux associations, afin de renforcer les dispositions de l’accord-cadre et de moraliser les conditions de leur création et de leur gestion et de dissoudre les associations et regroupements à caractère ethnique, communautaire, régional et culturel.

Elle recommande en outre de former le citoyen malien au respect des symboles de l’État, d’interdire aux chefs religieux et chefs de village, de fractions, de quartiers et aux responsables des organisations de la société civile de s’engager dans le militantisme politique.

Assainir l’administration et accélérer la décentralisation

Parmi les recommandations retenues sur le fonctionnement de l’administration, figurent sa dépolitisation et l’introduction des règles de bonne conduite et un système de choix axé sur l’enquête de moralité des agents de l’État. La commission thématique recommande aussi d’élaborer et d’appliquer un plan de carrière des agents de l’administration, de veiller à une meilleure gestion des ressources humaines et de favoriser l’appel public à candidature pour certains postes de responsabilité.

Quant aux recommandations concernant la décentralisation, elles sont axées entre autres, sur la mise en place des délégations spéciales dans les nouvelles collectivités territoriales, l’accélération de l’opérationnalisation des nouvelles entités territoriales et la diligence dans la gestion des contentieux nés du découpage électoral.

Tchad : un duel Déby – Masra lors de la présidentielle

8 millions de Tchadiens sont appelés aux urnes ce 6 mai pour désigner leur prochain Président. 10 candidats sont en lice, dont le Président de la transition et son Premier ministre.

C’est un duel qui était espéré, Succès Masra étant le principal opposant au Tchad. Ce duel a longtemps été compromis par son exil forcé, puis remis au goût du jour par l’accord de Kinshasa, qui lui a permis de rentrer au pays le 3 novembre dernier. Il a signé ensuite un pacte de réconciliation avec Mahamat Idriss Déby, avant d’être nommé Premier ministre le 1er janvier. Une nomination qui a été mal accueillie par de nombreux Tchadiens, qui l’ont accusé de trahir ses idéaux et de salir la mémoire des manifestants tués le 20 octobre 2022. Pour l’ancien Premier ministre de l’ex Président Idriss Déby Itno, Albert Pahémi Padacké, lui aussi candidat, c’est tout simplement un match amical que les deux chefs de l’Exécutif tentent de jouer, en caporalisant toutes les attentions. Loin de s’en laisser conter, Succès Masra essaye de capitaliser sur son expérience à la Primature. Sur ce point, il estime que durant ces quelques mois à la tête du gouvernement il s’est mis à « mobiliser des ressources financières, à signer des conventions, parmi lesquelles une qui permettra de former un million de Tchadiens dans les meilleures universités aux États-Unis », pour montrer son engagement à la cause de la jeunesse. En meeting le 28 avril à Moundou, bastion de l’opposition, devant une véritable marée humaine, Masra a promis de « mettre les aînés de côté et de transformer le pays ». Face à lui son « Président », Mahamat Idriss Déby, qui dirige le Tchad depuis avril 2021 et la mort de son père Idriss Déby Itno. Sous le slogan « 12 chantiers – 100 actions », il  présente un programme où il fait du renforcement « de la paix, la réconciliation nationale et la sécurité pour tous les Tchadiens », son premier « Chantier ». Celui qui est surnommé également « Déby fils » se présente en position de force, porté par une coalition de 227 partis et plus de 1 000 associations. Certains observateurs estiment qu’il a éliminé l’un de ses plus farouches opposants pour avoir un boulevard devant lui. Yaya Dillo est décédé le 28 février suite à l’assaut par l’armée du siège de son parti à N’Djamena. Le gouvernement l’avait accusé d’une attaque meurtrière contre l’agence de sécurité du pays, accusation qu’il a toujours niée. Outre les deux principaux favoris, les 8 millions d’électeurs pourraient choisir l’un des huit autres candidats, dont Lydie Beassemda, seule femme en lice.

Sécurité : changement de cap pour les groupes armés rebelles ?

Le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), qui regroupait depuis 2021 les ex-rebelles des groupes armés du nord à dominante touareg, est officiellement devenu depuis le 24 avril 2024 le Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA). Un changement de dénomination, avec de nouveaux objectifs, qui semble ouvrir un nouveau chapitre dans la guerre qui a repris depuis quelques mois entre ces groupes et l’armée malienne.

Comme son nom l’indiquait, le désormais ex-CSP-PSD, composé de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme et de certains Mouvements de l’inclusivité, avait été mis en place dans le but de sécuriser les régions du Nord, d’accélérer leur développement et d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en 2015.

Le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), qui le remplace, s’adapte, selon ses initiateurs, au contexte, qui a évolué depuis plusieurs mois. En effet, contrairement à la situation de dialogue entre ces groupes armés et l’État malien pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix qui prévalait à la création du CSP-PSD en 2021, les deux parties sont aujourd’hui de nouveau en guerre et l’Accord qui les liait n’existe plus.

« Les objectifs changent en fonction du contexte du moment. Avec le CSP-DPA, d’autres décisions importantes seront prises », affirme Mohamed Elmaouloud Ramadane, Porte-parole du Cadre.

Retour à la lutte indépendantiste ?

En plus de changer la dénomination du Cadre qui les réunit, les groupes armés rebelles du Nord ont également dissous la CMA et la Plateforme, ou plutôt une tendance du GATIA dirigée par Fahad Ag Almahmoud et qui leur est fidèle. Le CSP-DPA est dirigé par le Chef du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), Bilal Ag Achérif. Ce dernier, qui prend la place d’Alghabass Ag Intalla, qui présidait l’ex CSP-PSD, est connu pour son militantisme poussé pour l’indépendance de l’Azawad.

« C’est peut-être une indication pour les ex-rebelles, pour signifier que désormais leur principale revendication ne sera plus la demande de développement des régions du Nord du Mali ou encore une décentralisation plus poussée, mais carrément plutôt l’indépendance de plusieurs régions de cette partie du pays », estime un analyste.

Officiellement, ce retour à la lutte indépendantiste n’est pas encore acté, d’autant plus que, selon certaines sources, le débat ne serait pas encore tranché au sein du CSP-DPA. En effet, sur cette question et sur bien d’autres, les différents groupes qui composent le Cadre ne seraient pas sur la même longueur d’ondes. Selon nos informations, au moins deux tendances divergentes se sont formées au sein de la nouvelle coalition. D’un côté l’aile la plus dure, incarnée par le MNLA de Bilal Ag Achérif et les soutiens de Fahad Ag Almahmoud qui seraient en Mauritanie, et de l’autre des mouvements comme le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), dont les principaux tenants se trouveraient du côté de l’Algérie.

Mais, que ce soit pour une réplique après sa défaite à Kidal en novembre dernier ou pour des velléités indépendantistes, une reprise des combats contre l’armée malienne était déjà en préparation du côté de l’ex-rébellion touareg depuis plusieurs mois. Début mars dernier, Alghabass Ag Intalla, alors Président du Cadre, avait procédé à la nomination de nouveaux Commandants de zone dans les régions du Nord et le Porte-parole de la coalition affirmait alors que la reprise des combats n’était plus qu’une question de temps. Le 6 avril dernier, la tendance portée par Bilal Ag Achérif et Fahad Ag Almahmoud a tenté une incursion vers Nara, mais l’attaque a été repoussée par les terroristes du … JNIM. Ces derniers leur avaient interdit toute attaque dans cette zone, la considérant comme la leur, injonction respectée par le HCUA mais pas par le MNLA. Selon certaines sources, une dizaine de morts a été enregistrée des deux côtés. Ni les FAMa, ni les autorités n’ont réagi officiellement aux dernières actualités des rebelles du Nord, mais l’armée est aujourd’hui engagée dans une dynamique offensive, notamment dans la Zone des trois frontières, ce qui a permis de neutraliser de nombreux terroristes, dont un important chef de l’État islamique.

Afrique : les crises énergétiques plombent les économies

La grave crise énergétique au Mali n’est pas un cas isolé en Afrique. Plusieurs autres pays du continent traversent une période difficile, avec des conséquences désastreuses sur leurs économies.

L’Afrique du Sud, l’économie la plus industrialisée du continent, connait depuis 2022 une grave crise énergétique. Eskom, la compagnie nationale d’électricité, n’arrive plus à satisfaire la demande. Elle rationne donc l’énergie, ce qui conduit souvent à des délestages de près de 12h. Il a été recensé en 2022 dans le pays 205 jours de coupures continues. Face à la crise et au mécontentement populaire, le chef de l’État sud-africain Cyril Ramaphosa a déclenché en février 2023 l’état de catastrophe nationale et nommé un ministre pour gérer la situation. Deux mois plus tard, après avoir fait le constat d’une amélioration, l’état de catastrophe a été levé, mais les problèmes persistent. Selon les autorités sud-africaines, la crise de l’électricité coûte chaque jour à l’économie quelque 50 millions de dollars en pertes de production et le potentiel économique du pays a été réduit de 20%. Les centrales thermiques du pays sont jugées vieilles et constamment en panne et la société productrice est aussi épinglée dans des scandales de corruption datant de la présidence de Jacob Zuma. A l’occasion de la célébration de la fête du travail, le ministre de l’Électricité sud-africain Paul Mashatile a annoncé que le pays ne rencontrerait bientôt plus de pannes d’électricité. Selon le ministre, l’entreprise publique Eskom, a réalisé un facteur de disponibilité énergétique de 65,5%, ce qui voudrait dire que le pays a dépassé ce que le ministre a appelé les pics de panne.

Le Nigéria, autre géant du continent, subit lui aussi une crise énergétique sans précédent depuis 2022, même si la situation semble s’être un peu stabilisée. Au plus fort de la crise, selon la Banque mondiale, elle coûtait au pays environ 29 milliards de dollars, soit quelque 2% du PIB, alors même que le Nigéria est le premier producteur de pétrole en Afrique. Il produit 1,4 million de barils de brut par jour, mais n’en raffine que très peu et dépend donc des importations de carburant. La libéralisation du secteur, ouvert désormais au privé, en 2013, n’a pas suffi pour endiguer la crise, la demande étant toujours aussi forte. Un autre pays anglophone du continent est également confronté à une crise énergétique et en subit de plein fouet les conséquences. En 2023, le Zimbabwe a connu les pires pannes d’électricité de son histoire, avec des coupures pouvant atteindre jusqu’à 19 heures par jour. Cette situation a été exacerbée par la baisse du niveau d’eau du barrage de Kariba, entravant la production de la principale centrale hydroélectrique du pays. Chaque année, les coupures de courant coûtent au Zimbabwe plus de 6% de son PIB, indique un rapport de la Banque mondiale.

Crise énergétique au Mali : le court-circuit économique

Le bout du tunnel n’est visiblement pas pour demain. Alors que l’on s’attendait ces dernières semaines à des améliorations dans la fourniture de l’énergie, les délestages intempestifs continuent de plus belle pendant de longues heures, voire des journées, à travers le pays, y compris à Bamako. Fortement impactées par la crise énergétique depuis près d’un an, de plus en plus d’entreprises sont à l’arrêt ou contraintes à une baisse de production. Durement éprouvée, l’économie tient. Jusqu’à quand ?

Près de 48h sans électricité durant le mois d’avril dans certains quartiers de Bamako. Certaines pistes de solutions ont été évoquées depuis quelques mois, mais la société Énergie du Mali (EDM SA) n’est toujours pas en mesure d’assurer la fourniture de l’énergie électrique en continu sur l’ensemble du territoire national.

Au-delà des ménages, l’impact de la crise énergétique se fait de plus en plus sentir dans le fonctionnement du tissu économique avec des entreprises de différents secteurs qui sont à bout de résistance. La situation, qui empire jour après jour, les plonge dans d’énormes difficultés et suscite des interrogations sur leur survie à court terme.

Entreprises impactées

« Depuis bientôt un mois, la Société des eaux minérales du Mali (SEMM) traverse une période difficile. En raison des soucis de distribution d’électricité qui sévissent dans le pays, notre production se retrouve malheureusement affectée, malgré les multiples investissements en champs solaires et en groupes électrogènes », a alerté dans un communiqué, le 22 avril 2024, la Société des eaux minérales du Mali, productrice de l’eau Diago. « En effet, nous faisons face à une diminution de la quantité habituelle en cartons d’eau minérale DIAGO que nous mettons à la disposition de notre clientèle », poursuit le communiqué.

Dans la foulée, la grande bouteille d’eau minérale Diago, qui était jusque-là vendue 400 francs CFA, est passé à 500 francs. L’eau minérale Eva, même si la société productrice n’a pas communiqué sur des difficultés, est également difficile à trouver sur le marché depuis un moment.

À l’instar de la SEMM, beaucoup d’autres entreprises et d’activités économiques dans d’autres secteurs sont frappées de plein fouet par la crise énergétique qui secoue le pays. Moussa Doumbia est promoteur de l’entreprise de production de boissons naturelles « Jus Bougouni ». Il affirme qu’à un certain moment, pour tenir face à l’insuffisance en énergie électrique, son entreprise a du revoir sa production à la  baisse, avant de retrouver récemment sa production normale, non sans contraintes.

« Le marché est très lent, parce que la crise touche tous les secteurs et diminue le pouvoir d’achat des consommateurs qui demandent une diminution de prix alors qu’au même moment, au niveau de l’entreprise, nous avons une augmentation des coûts de production. Il y a un déséquilibre et même si nous arrivons à tenir c’est sur des marges très réduites pour ne pas aller à des résultats négatifs », confie-t-il.

Le secteur informel, qui représente une part importante dans la structuration de l’économie malienne, subit également l’impact de la crise énergétique. Plusieurs tailleurs, soudeurs ou encore acteurs de la chaine du froid, dont les métiers dépendent essentiellement de l’énergie électrique, ne sont pas épargnés.

« Notre travail est lié à l’électricité. On paye chaque jour au moins 15 000 francs de carburant pour notre groupe électrogène, qui peine à fonctionner aussi. Cette situation réduit nos revenus et certains de nos clients ne sont pas contents, parce qu’il est difficile de respecter les délais », témoigne sous anonymat un propriétaire de pressing de Bamako.

« Le taux de profit étant très faible dans le secteur informel, vouloir compenser l’indisponibilité de l’énergie par l’achat d’un groupe électrogène ou l’utilisation d’autres méthodes alternatives engendre des coûts supplémentaires, ce qui oblige la plupart des travailleurs à mettre un terme à leurs activités », analyse l’économiste Dr. Abdoul Karim Diamouténé.

L’économie mise à mal

Selon Modibo Mao Makalou, en dehors de la plupart des PME/PMI, les micro entreprises du secteur informel, qui constituent plus de 90% des unités économiques, tournent au ralenti ou sont à l’arrêt, ainsi que les 3/4 des grandes unités industrielles qui ne peuvent pas marcher à partir de groupes électrogènes pendant une durée substantielle.

« Il faut absolument de l’énergie électrique. D’abord, les groupes électrogènes ne sont pas faits pour tourner de longues heures. Or les coupures dépassent très souvent 12h par jour. Ensuite, le carburant et l’entretien de ces groupes électrogènes coûtent excessivement cher et cela ne permet pas à ces unités, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, de rentrer dans leurs coûts. Cela entraine donc une mévente au niveau des produits ou un arrêt de la production », explique l’économiste.

« Et quand il y a arrêt de la production, les salariés sont soit en chômage technique soit définitivement mis au chômage. Il en découle des difficultés économiques, parce que la réduction de la consommation a un impact négatif sur l’économie du pays en général et sur le PIB en particulier, ainsi que sur les revenus de l’ensemble de la population active », poursuit-il.

Dr Abdoul Karim Diamouténé abonde dans le même sens. Pour cet enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG), c’est toute l’économie qui est étouffée par la crise énergétique qui perdure et son impact se ressent à plusieurs niveaux, y compris pour l’État, qui fait face à un manque à gagner considérable.

« Les recettes publiques proviennent des impôts, soit sur la production, soit sur les chiffres d’affaire et autres. Mais lorsque les entreprises subissent des retards ou des baisses dans leurs productions, il est tout à fait à fait normal que cela ait des répercussions sur leurs chiffres d’affaire, ce qui, par conséquent, devrait entrainer la baisse du niveau des recettes fiscales de l’État », souligne-t-il.

Résilience à long terme ?

Alors qu’elle a tenu tant bien que mal jusque-là face à cette crise énergétique sans précédent pour le pays, l’économie malienne pourra-t-elle encore résister pendant longtemps au choc ? Pour M. Diamouténé, le coût de reconversion peut s’avérer difficile pour l’économie, mais c’est surtout le risque social qui est à craindre.

« Tout va dépendre de la situation sociale si les différents ménages arrivent à tenir longtemps le coup sans grogne. Sinon, économiquement, les grandes firmes trouveront les moyens de s’adapter à la situation, même si évidemment cela aura des incidences sur leurs performances et les revenus qu’elles engrangent », soutient l’économiste.

« Les entreprises subissent des coûts énormes liés à cette crise énergétique. Des coûts d’adaptation et de reconversion. Soit elles ne sont pas en mesure de trouver les moyens de continuer et elles abandonnent, soit elles se reconvertissent ou s’adaptent. Quoi qu’il en soit, cela a un impact sur les productions et les revenus », précise-t-il.

Dans un communiqué en date du 30 avril 2024 suite à une mission d’une de ses équipes au Mali du 21 au 26 avril 2024, le Fonds monétaire international (FMI) estime que les perspectives à court terme de l’économie malienne sont « incertaines et sujettes à d’importants risques baissiers ».

« La croissance du PIB réel devrait ralentir à 3,8 % en 2024 en raison de graves pannes d’électricité, des effets négatifs du départ de la MINUSMA sur le secteur tertiaire, d’une baisse dans la production d’or et de l’incertitude entourant le report des élections et la sortie de la CEDEAO, mais devrait revenir à 4,4 % en 2025 », indique le FMI.

« Assurer un approvisionnement en électricité stable et rentable est la priorité numéro un du Mali. La convergence vers le plafond de déficit budgétaire de 3% de l’UEMOA est également importante dans un contexte de conditions de financement serrés et de coûts d’emprunt élevés », préconise l’institution de Breton Woods.

Bandiagara : jusqu’où ira le mécontentement ?

Depuis plusieurs années, la région de Bandiagara fait face à des enlèvements de bus de transport en commun sur l’axe Bandiagara – Bankass de la  RN15. De nouveaux  enlèvements, le 16 avril 2024, sur le même axe ont provoqué l’ire des forces vives de la région, qui ont depuis entamé plusieurs actions dont l’arrêt est conditionné à la satisfaction de plusieurs doléances qu’elles ont soumises aux autorités.

Suite à un mot d’ordre de désobéissance civile, les populations du cercle de Bankass étaient dans les rues le 18 avril 2024, bloquant par la même occasion l’axe Bandiagara – Bankass sur la RN15. Plusieurs véhicules dont des cars, des camions et des minibus se sont ainsi retrouvés bloqués à l’entrée de la ville pendant deux jours, avant la levée du blocus dans la matinée du 20 avril 2024.

« Nous avons décidé de lever le blocus  à la demande d’un grand leader religieux de notre région. Mais les autres décisions que nous avons prises sont maintenues », explique Mamoudou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse du cercle de  Bankass.

En effet, ces jeunes ont décidé de boycotter la phase régionale du Dialogue inter-Maliens et de maintenir le mot d’ordre de désobéissance civile jusqu’à la prise en charge totale de leurs doléances. Même la levée du blocus de la route est temporaire, comme l’explique M. Guindo. « Le blocus est levé juste pour quelques jours. Si nous n’avons pas de réactions des autorités, nous nous réunirons le 24 avril pour nous mettre d’accord sur la conduite à tenir pour la suite ».

L’État interpellé

En plus des actions entamées dans le cercle de Bankass, l’ensemble des forces vives de la région de Bandiagara est monté au créneau dans un communiqué en date du 19 avril 2024, en dénonçant la persistance des attaques terroristes dans la région, les récents enlèvements et prises d’otages de civils au niveau de Parou  Songobia sur la RN15, le nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, « l’inaction » des forces armées et de sécurité dans la région, « malgré la montée en puissance de nos vaillantes armées », et la lenteur dans le processus de dialogue avec les différents groupes armés. « Plusieurs rencontres et dénonciations ont été faites et des promesses ont été tenues par les plus hautes autorités du pays, mais le constat demeure amer », soulignent les forces vives de la région de Bandiagara.

Dans le même communiqué, transmis au Gouverneur de la région, elles demandent aux autorités de la transition d’installer un camp militaire au niveau de Parou Songobia sur la RN15, d’engager une patrouille mixte d’envergure sur tout le territoire de la région de Bandiagara, de libérer la route Koro – Ouahigouya, de diligenter les actions en vue de la libération de tous les otages et d’accélérer le processus de dialogue pour faciliter le retour des déplacés.

Enlèvements récurrents

Selon des sources locales, au moins 110 civils sont retenus en otages par des terroristes présumés suite à l’enlèvement des bus du 16 avril 2024 sur l’axe Bandiagara – Bankass. C’est la 4ème fois depuis 2021 que des enlèvements ont lieu  dans cette zone.

« Le 10 novembre 2021, 3 de nos cars ont été enlevés et jusqu’à présent les otages ne sont pas libérés, parmi lesquels un maire adjoint, un chef de village et le premier Vice-président du Conseil local de la jeunesse », raconte Mamoudou Guindo.

Pour rappel, deux ans plus tard, le 7 novembre 2023, 3 véhicules appartenant à différentes compagnies de transport avaient été également enlevés sur le même axe.  Les assaillants avaient libéré toutes les femmes à bord, avant d’amener avec eux tous les hommes. Un véhicule et ses passagers avaient été par la suite libérés sous caution. Quelques jours plus tard, un autre car avait été à nouveau intercepté au même endroit et ses passagers masculins emmenés vers une destination inconnue.

Zira Capital : un financement adéquat pour les PME

Zira Capital est un fonds d’investissement lancé au Mali en 2022. Destiné à soutenir les PME dans leur croissance, le fonds souhaite aussi attirer les investisseurs locaux pour soutenir les entreprises et promouvoir l’économie.

« Soutenir différemment et efficacement les PME dans leur croissance » en complétant le chaînon manquant pour leur permettre de financer leur cycle de croissance, c’est l’un des objectifs de Zira Capital, selon l’un de ses co-fondateurs, Mohamed Keïta. Permettant aux entreprises de renforcer leurs fonds propres, Zira Capital leur offre ainsi l’occasion d’accéder à des financements dans des conditions idéales. L’initiative a déjà permis à certaines PME d’être financées pour couvrir leurs besoins en fonds de roulement en équipements et en investissement stratégiques.

Zira Capital a annoncé son premier investissement en capital, ce 25 avril 2024, avec l’entreprise Gama Conseil. Depuis une dizaine d’années ce groupe évolue dans l’éducation privée du primaire à l’enseignement supérieur. Avec des investissements entre 50 et 300 millions FCFA par projet, le fonds est soutenu par « des acteurs importants comme la BNDA, la SONAVIE et des chefs d’entreprise aguerris ».

Freinées dans leur développement à cause des difficultés d’accès au financement, le fonds accompagne les PME dans leurs besoins d’assistance technique, de stratégie et de réseau.

Financer le développement

Les PME restent confrontées à des problèmes de financement parce que les investisseurs classiques, sont des institutions « plus habituées au remboursement des prêts », explique un acteur. Zira Capital, en plus de répondre au besoin de capital pour renforcer les fonds propres des entreprises, entend être un fonds d’investissement local avec des partenaires locaux pour « être un maillon de la chaîne qui va aider les entreprises à fonctionner ».

Les entreprises ciblées doivent correspondre aux besoins du marché et « avoir fait leur preuve ». L’agro business, les entreprises qui utilisent les ressources locales et s’engagent dans un processus de formalisation pour fournir des emplois de qualité, sont des cibles du fonds.

Afin que les entreprises soient étudiées par Zira, elles doivent faire leur preuve, montrer la volonté et la capacité que le projet fonctionne. Elles doivent être prêtes à s’installer comme des entreprises fiables et avoir la volonté de s’inscrire dans la lutte pour l’adaptation au changement climatique. La société doit avoir la volonté de grandir, d’avoir une vision, conclut M. Keita.

 

 

 

Coton : comment augmenter les revenus ?

Principale source de devises du pays avec l’or, le coton est très important pour l’économie malienne. Mais la conjoncture internationale ainsi que le manque de transformation interne inquiètent des acteurs qui mènent des réflexions pour tirer le meilleur profit du coton.

La 13ème Conférence ministérielle de l’OMC s’est achevée le 1er mars dernier à Abu Dhabi sans accord sur l’agriculture. Les différentes délégations n’ont pu se mettre d’accord, au grand dam des pays du C4+ (Mali, Burkina Faso, Bénin, Tchad, Côte d’Ivoire). Ces derniers, qui ont longtemps milité pour que la question du coton ne soit pas diluée au sein du package de l’agriculture, n’ont pas été entendus et les subventions des pays puissances économiques mondiales se poursuivent en faveur de leurs agriculteurs. Ces subventions, selon les termes des membres du C4+, créent une distorsion des marchés. En effet, la Chine et les États-Unis, ainsi que des pays européens tels que la Grèce et l’Espagne, allouent des subventions importantes à leurs producteurs. Grâce à ces aides, le coton provenant de ces pays est vendu moins cher sur le marché. Pour tenter de pallier ce problème et aider les pays du C4+, l’OMC et la FIFA ont signé en septembre 2022 un protocole d’accord portant sur une réflexion sur les moyens de faire du football un outil au service de l’inclusion économique et du développement. Le Président de la FIFA a assuré que le football représentait un marché de près de 270 milliards de dollars, dont 70% générés en Europe. Le lundi 22 avril, Harouna Niang, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce du Mali, a présenté au Premier ministre le projet de création d’une unité de transformation du coton en tenues de sport. Selon lui, le projet, soutenu par la FIFA et l’organisation des Nations Unies pour le développement industriel, va permettre la valorisation du coton malien à hauteur de 10%, avec un objectif de 30% à long terme. D’après la CMDT, « le coton contribue à lui seul pour 15% du PIB national et fait vivre directement ou indirectement 4 millions de personnes ». Et, selon les dernières prévisions du Comité de pilotage du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), la plus haute instance sous-régionale de gestion des questions liées à la filière coton, qui tient actuellement une réunion à Bamako, la production du Mali est estimée en 2024 à 690 000 tonnes de coton graine, contre 480 000 pour la campagne précédente. Ces chiffres relèguent le Bénin, avec 553 787 tonnes, en deuxième position derrière le Mali.

Campagne cotonnière 2024 – 2025 : tenir les promesses

Les acteurs des filières coton du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Togo et du Tchad sont réunis à Bamako depuis le 22 avril 2024. C’est à l’occasion de la 16ème réunion bilan du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA). Une rencontre qui se tient à un « moment de défis pour les acteurs », notamment l’invasion de jassides, qui avait fait chuter la production de 50% par endroits. Producteurs, chercheurs et industriels sont donc chargés de trouver ensemble les solutions idoines pour booster les rendements et surtout pérenniser une culture vitale pour plusieurs pays.

Marquée par une forte infestation de jassides dans la plupart des pays producteurs de coton en Afrique, la campagne cotonnière 2022 – 2023 a été caractérisée par une baisse significative de la production. Des « ravageurs de fin de cycle qui sont malheureusement intervenus plus tôt », avec l’émergence d’une nouvelle espèce, plus invasive. Une situation inattendue qui a entraîné des dégâts à tous les stades de développement du cotonnier. Avec des niveaux élevés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et au Togo, l’invasion de jassides a entraîné une baisse de production estimée entre 30 et 50%. Avec des prévisions de production au Mali en 2022 de 780 000 tonnes, au Burkina Faso de 647 800 tonnes et en Côte d’Ivoire de 492 820, les récoltes ont été respectivement de 390 000, 411 970 et 236 190 tonnes.

Par rapport à 2021, la production totale dans la Zone Ouest et Centre de l’Afrique a baissé de 30%, passant de 3 139 068 tonnes à 2 102 801 tonnes. Quant aux rendements, ils ont été en deçà de 800 kg/ha et particulièrement inférieurs aux prévisions dans la plupart des pays les plus touchés, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Burkina Faso. Une situation qui a occasionné l’endettement des producteurs et la mise en place par les États de subventions afin de leur permettre de se maintenir dans l’activité pour la campagne 2023 – 2024.

Maintenir la production

Après les résultats catastrophiques de la campagne cotonnière 2022 – 2023, les acteurs de l’espace ont envisagé des mesures destinées à soutenir les producteurs de la filière. Ainsi, les scientifiques ont identifié les causes et préconisé les mesures pour lutter contre ce phénomène nouveau, qui a compromis les résultats de la campagne et au-delà. Avec de nombreuses plantes hôtes autres que le cotonnier, l’insecte ravageur constitue une véritable menace pour la sécurité alimentaire, avertissent les chercheurs.

Lors de la réunion extraordinaire du PR-PICA à Lomé, au Togo, les acteurs ont recommandé notamment trois nouveaux produits, le traitement des semences avec des doses de produits plus relevées que d’ordinaire, l’obtention de dérogations pour l’utilisation de produits non encore homologués et la modification des programmes de traitement pour intégrer les nouveaux produits. Des mesures fortes qui ont permis aux producteurs de garder espoir.

Estimée à 690 000 tonnes de coton graines pour 2023 – 2024, la production malienne a permis aux acteurs de retrouver l’optimisme après la précédente campagne perturbée par l’invasion des jassides. Ainsi, le Mali retrouve sa place de premier producteur africain. Devant le Bénin, 553 587 tonnes, le Burkina Faso, 407 500 tonnes, la Côte d’Ivoire, 394 631 tonnes et le Cameroun, 350 000 tonnes, selon les données du PR-PICA.

Selon les responsables de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT), cette performance malienne est attribuable au maintien de la subvention et à l’augmentation du prix d’achat du coton graine. La reprise est aussi due aux « stratégies » déployées par la société pour respecter le dispositif de veille mis en place pour prévenir les attaques des jassides grâce aux produits proposés par l’Institut d’économie rurale (IER), en collaboration avec les chercheurs du PR-PICA.

Malgré donc son démarrage dans des conditions d’inquiétude, la campagne, dont les résultats ont été annoncés par la réunion du Comité de pilotage du PR-PICA en décembre 2023, permettra au Mali de reconquérir sa place de leader des producteurs du coton africain.

Même si cette production enregistre un recul de 11% par rapport aux prévisions, elle représente tout de même un rebond de 76% comparé à la précédente campagne.

Perspectives conditionnées

En pleine période de « mise en place », en attendant la fixation des prix du coton et des intrants qui doivent en principe être connus durant ce mois d’avril, les producteurs restent préoccupés par certaines difficultés. « La première inquiétude que nous avons c’est le retard dans le paiement des prix du coton, qui ne dépasse pas 52% dans l’ensemble », témoigne Issa Konaté, producteur de coton dans la région de Sikasso.

Si des dépenses peuvent être engagées sous certaines conditions, il est difficile pour un producteur qui vit de la culture du coton d’entamer une nouvelle saison sans être totalement payé pour la production précédente. L’autre sujet de préoccupation est relatif au prix des intrants, qui peuvent soit réjouir les producteurs soit les « décourager », ajoute M. Konaté. En effet, lorsqu’ils dépassent un certain niveau, cela peut être un facteur déterminant pour la décision.

Encore désorganisée il y a 3 ans environ, la Confédération des producteurs de coton qui est mise en place cette année est un préalable important qui, espère-t-il, continuera d’assurer l’équilibre et la sérénité au sein de ces acteurs primordiaux de la filière. Concernant les attaques des jassides, après les premières et les mesures adoptées elles ont été endiguées et il faut maintenir cette situation en garantissant la disponibilité des produits, suggère M. Konaté.

Évoquée par les responsables de la CMDT lors de l’ouverture de la réunion du PR-PICA le 23 avril 2024 à Bamako, la question des rendements est un défi constant, qui interpelle lui aussi. Pour le producteur, les différentes qualités de semences disponibles ont montré leurs limites et il est essentiel que d’autres variétés, qui seront plus adaptées aux conditions et aux réalités des sols, soient adoptées. Par ce que les « rendements ne sont pas vraiment à hauteur de souhait », déplore M. Konaté. Puisque c’est au rendement qu’est effectué le paiement, il est important que « nous ayons des semences plus performantes en la matière ».

Espérant une hausse du prix au producteur cette année, M. Konaté attend également une baisse du coût des intrants et surtout le paiement des sommes dues au titre de la campagne précédente pour entamer avec plus d’engouement la prochaine, qui doit confirmer les « bons résultats » de 2023 – 2024.

Évoluer face aux défis

Créé au Burkina Faso en 1998, le Projet régional de prévention et de gestion de la résistance de Helicoverpa armigera aux pyréthrinoïdes en Afrique de l’Ouest (PR-PRAO) est devenu en 2005 le Programme régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA) en décidant d’intégrer toutes les disciplines de la production, notamment l’amélioration variétale, il est désormais le Programme régional de production intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA).

Même s’ils affichent des « résultats intéressants dans la gestion de la résistance des ravageurs », ses responsables entament cette session avec d’importants défis. Ils sont relatifs à la faiblesse des rendements, qui sont encore inférieurs à une tonne à l’hectare. « Inacceptable », à l’heure actuelle, compte tenu des nombreux progrès dans le domaine. La variabilité de la pluviométrie et la question centrale de la transformation du coton africain sont aussi des problématiques qui sont à l’ordre du jour du développement du secteur du coton.

Des questions centrales sur lesquelles les chercheurs des huit pays producteurs du PR-PICA, ainsi que leurs partenaires, réunis à Bamako sont donc attendus pour faire des recommandations pertinentes, capables de booster le secteur et surtout d’assurer sa viabilité, compte tenu de son importance dans l’économie des pays producteurs.

Yaya Cissé : ses soutiens plaident pour un nouveau procès

Le 30 mars 2024, Yaya Cissé a célébré ses 12 ans d’emprisonnement en Mauritanie. Ce Malien, résident dans ce pays, a été condamné en 2012 pour le meurtre d’un Mauritanien. Après de longues années de bataille pour « établir » la vérité, ses soutiens sont mobilisés pour la réouverture de son procès. Car, ils en sont convaincus, M. Cissé est victime d’une erreur judiciaire.

« Ça va, Dieu merci. Il a le moral », raconte Madame Cissé, l’épouse de Yaya Cissé. De retour de Nouackchott, où est incarcéré son mari, elle fait la navette entre la capitale mauritanienne et Nouadhibou, où elle vit avec leurs enfants. C’est ainsi depuis 2012 : elle partage son quotidien entre ses enfants et son mari, condamné et emprisonné pour « un crime qu’il n’a pas commis ». Son seul souhait est qu’il « recouvre sa liberté et qu’il nous revienne sain et sauf ». Dans l’attente d’une réponse officielle pour la réouverture de ce dossier judiciaire, pour lequel le collectif pour la défense de Yaya Cissé se mobilise, ce combat est aussi devenu celui de la Commission nationale des droits de l’Homme du Mali (CNDH). Son Président, Aguibou Bouaré, qui s’est personnellement impliqué, espère aussi un autre procès pour Yaya Cissé.

Nouveaux éléments

Dans l’espoir d’un nouveau procès, le collectif pour la défense de Yaya Cissé a adressé une lettre ouverte au Président de la Transition afin de demander son implication personnelle. Il l’a affirmé lors d’un point de presse qu’il a animé à l’occasion du douzième anniversaire de l’incarcération de M. Cissé.

De nouveaux éléments ont été découverts, permettant au moins d’émettre un doute sur les conditions de la condamnation de M. Cissé. Des éléments qui justifient, selon le collectif et les avocats de la défense, l’ouverture d’un nouveau procès qui pourrait le disculper. Outre sa présence en territoire malien le jour du meurtre dont on l’accuse, des témoignages éloquents et des documents de voyage officiels attestent de cette réalité.

Même s’il tient bon pour sa famille, l’état de santé de M. Cissé s’est dégradé au fil du temps et nécessite une prise en charge efficace, selon le collectif « Justice pour Yaya Cissé ». Saluant par ailleurs les efforts des autorités de la Transition, à travers le ministère de la Justice, et de la CNDH, il se dit confiant en la justice mauritanienne pour réparer cette « erreur judiciaire ».

Choguel Kokalla Maïga : dans le viseur du CNT, le Premier ministre va-t-il tomber ?

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est attendu dans les prochains jours au Conseil national de transition (CNT) pour présenter le bilan de l’exécution du Plan d’action gouvernemental. Deux ans après son premier passage devant l’organe législatif de la Transition, Choguel Maïga, très attendu par les membres du CNT, pourrait être contraint à présenter sa démission et celle de son gouvernement.

Le Président du Conseil national de Transition, le Colonel Malick Diaw, a annoncé dans son discours d’ouverture de la session ordinaire d’avril, le 8 avril 2024, le prochain passage du Premier ministre devant l’organe législatif dans le cadre de l’orientation, du contrôle et du suivi-évaluation de la Feuille de route de la Transition.

Le Chef du gouvernement, très attendu par les membres du CNT, devra faire le point de l’avancement dans l’exécution de son Plan d’action gouvernemental sur les deux dernières années et faire face aux multiples interrogations sur différents sujets d’actualité lors de ce passage, dont la date doit être fixée et rendue publique après la prochaine Conférence des présidents du CNT.

Et si cette interpellation annoncée du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était le début d’un processus aboutissant à sa destitution de la tête du gouvernement ?  Pressenti comme étant sur un siège éjectable depuis des mois, le Chef du gouvernement bénéficie toujours de la confiance du Président de la Transition. Mais pourra-t-il conserver celle du Conseil national de transition et obtenir son quitus pour prolonger son séjour à la Primature ?

Motion de censure ?

Lors de son dernier passage devant le CNT, en avril 2022, 9 mois après sa prise de fonction, Choguel Kokalla Maïga avait été déjà vivement critiqué pour la lenteur dans la mise en œuvre du Plan d’action gouvernemental, dont seulement 33,87% des activités avaient été exécutées.

Aujourd’hui, deux ans après, beaucoup de membres du CNT pensent que l’exécution de ce plan et de la Feuille de route de la Transition n’ont guère avancé. Selon nos informations, l’institution, dont la majorité des membres n’est pas très satisfaite de l’action gouvernementale, pourrait adopter une motion de censure contre le Premier ministre et le contraindre à la démission.

À en croire certains analystes, ce scénario n’est pas exclu, d’autant plus que le Premier ministre n’est visiblement pas prêt à rendre le tablier de lui-même et que les militaires auxquels il s’est allié ne veulent pas le débarquer, au risque de se mettre à dos le M5-RFP pour la suite de la Transition, même si le mouvement est aujourd’hui divisé.